lundi 21 janvier 2013

Les gardiens du senti


Que peut-il bien y avoir de commun entre le GDT et la CLASSE ?


Les événements du « printemps érable » nous ont fait connaître le fonctionnement particulier d’une association étudiante, la CLASSE :


La structure disparate [de la CLASSE] va jusqu'à comprendre des « gardiens et des gardiennes du Senti », des gardiens du bon climat lors des congrès et assemblées. Ces gardiens du Senti, dont le rôle ne figure toutefois pas dans les Statuts et règlements de la CLASSE, ont la tâche de « rapporter les malaises, tensions et sentiments généraux de la salle pouvant nuire au débat », peut-on lire dans leur dernier bilan du congrès des 6 et 7 avril derniers. Si certains monopolisent trop le micro, se répètent ou intentent des procès d'intention, ils peuvent être rappelés à l'ordre.
Lisa-Marie Gerbais, « Pas de rencontre sans la CLASSE », Le Devoir, 20 avril 2012


Je ne m’attendais pas à découvrir que le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française faisait lui aussi une place au senti et à l’impressionnisme dans ses travaux. Voici la note de la fiche peinturer (fiche de 2003) :


[…] En langue technique, cependant, dans les années 80 [de quel siècle, les années 1880 ou les années 1980 ?], le verbe peinturer était encore employé, en Europe, pour désigner la présente notion. On ne le retrouve plus que très sporadiquement dans les ouvrages et les textes spécialisés, où il semble dorénavant avoir presque totalement cédé la place au terme peindre. Pourtant, le terme technique peinturage est encore en usage au sens d'« action de peindre ». Au Canada, notamment au Québec, autant chez les spécialistes que dans la langue courante, le verbe peinturer reste encore aujourd'hui d'emploi généralisé pour désigner la notion traitée ici, qui est très proche de la notion d'origine. Le terme peinturer est neutre, alors que peindre est senti comme appartenant à un niveau de langue plus soutenu. En outre, ces deux verbes n'ont pas la même distribution linguistique au Québec : on peint ou on peinture un mur, un immeuble, mais on peint une toile, un tableau. En effet, l'emploi de peinturer en parlant d'une toile ou d'un tableau est, au Québec, plutôt perçu comme une tournure de langue familière, voire enfantine.


J’ai été initié à la lexicologie par mon maître Albert Maniet. Ce dernier donnait le cours de lexicologie latine et il n’était pas question de se laisser guider par sa subjectivité, façon de faire déjà discutable en soi mais qui aurait été encore plus néfaste dans le cas d’une langue morte. Il fallait plutôt étudier les unités lexicales dans leurs contextes et comparer ces emplois pour déterminer les sens et les valeurs. La lexicologie s’occupe des usages réels des unités lexicales, des fonctions qu’elles remplissent, des relations qu’elles entretiennent dans un champ sémantique. Je suis donc de l’école qui croit que la lexicologie (et, à plus forte raison, la terminologie) doit se baser sur des enquêtes linguistiques et sur des corpus plutôt que sur des appréciations subjectives.


C’est le contexte qui doit déterminer le marquage d’un mot comme familier ou soutenu, non le senti.


Il est facile d’affirmer que le verbe peindre est « senti comme appartenant à un niveau de langue plus soutenu ». Mais quand on prend la peine d’étudier le mot dans des contextes réels d’utilisation plutôt que de se fier à ses impressions, on voit bien que peindre est un terme neutre, standard, comme l’attestent de nombreux exemples cités dans le Trésor de la langue française au Québec :

Le défilé des fermes reprit; nombreux et riche, aux bâtiments peints de couleur claires, si différents de ceux en bois nu ou simplement badigeonné du pays de Québec où le bois coûte si peu qu'il vaut mieux renouveler que peindre.
Ringuet, Trente arpents (1938)

Réparer le stucco fendu avant de peindre [titre].
Mécanique populaire, vol. 10 (1960), p. 171

Comme j'ai découvert que j'ai des mites, j'aimerais savoir quoi employer pour peindre ces placards.
André Daveluy, Monsieur bricole, 1968 (nombreux exemples dans ce livre)

Vincent s'affaire à peindre la cuisine tandis que la nouvelle locataire récure à fond la salle de bain.
Marcelyne Claudais, J’espère au moins qu’y va faire beau, 1985

Pour 600 $, incluant les matériaux, il offrit de sabler, d'apprêter et de peindre l'intérieur et l'extérieur des armoires refaites.
Le Journal de Québec, 13 mars 1993, p. 46

Pour enlever de la colle dure sur une surface, « plastrer » avant de peindre, obturer une lézarde, décoller une tuile.
Le Soleil, 10 septembre 1994, p. F2


Quand il signifie « appliquer de la peinture sur une surface, sur un objet », peindre est en concurrence avec peinturer dans l’usage québécois et il n’y a pas de différence de valeur entre les deux verbes :

Vers le milieu de mai, on s'apprêta à déménager au fournil. Pendant que les Beauchemin en peinturaient l'intérieur, Beau-Blanc arriva.
Germaine Guèvremont, Le Survenant, 1945, p.187


En revanche, la différence de valeur apparaît lorsque l’on utilise peinturer à la place de peindre, comme dans peinturer une toile, ou par analogie pour signifier « se maquiller avec excès » :

Voilà ce que c'est que de rester se toiletter et se peinturer la frimousse.
Marie Le Franc, Le fils de la forêt, 1952


Plutôt que d’écrire que « l'emploi de peinturer en parlant d'une toile ou d'un tableau est, au Québec, plutôt perçu comme une tournure de langue familière, voire enfantine », il fallait se limiter à indiquer que, familièrement, peinturer signifie « faire de la mauvaise peinture, peindre maladroitement ». C’est ce qu’on trouve dans le Trésor de la langue française informatisé et dans le Franqus qui tous deux font précéder ce sens de la marque « fam. » (familier).


L’impressionnisme a sa place dans l’histoire de la peinture, pas en terminologie.


vendredi 18 janvier 2013

Les lacunes du Franqus (suite)



Je continue ma liste des lacunes du Franqus (Dictionnaire de la langue française, le français vu du Québec).


Cyberespionnage, cyberespion

Le spécialiste russe de la lutte anti-virus, Kaspersky Lab, a annoncé lundi avoir détecté une campagne de cyberespionnage visant depuis cinq ans des pays d’Europe de l’Est et de l’ex-URSS, avec un programme créé par des russophones.
« L’Europe de l’Est victime de cyberespionnage depuis cinq ans », Le Devoir, 15 janvier 2013

Des cyberespions chinois et russes ont infiltré le réseau électrique américain et installé des programmes qui pourraient être utilisés pour perturber le système et provoquer le chaos aux États-Unis.
« Le réseau électrique des États-Unis victime de cyberespions », Le Devoir, 9 avril 2009


Cyber- est présent dans le Franqus, de même que plusieurs des mots qu’il sert à composer, mais pas cyberespionnage ni cyberespion.


Repartir

« … repartir le Parti libéral… »
Le candidat Martin Cauchon à TVA, 15 janvier 2013


Le Franqus n’a pas enregistré le sens très québécois de « relancer » du verbe repartir.


À l’entrée partir, le Franqus indique que partir une mode, une tendance, un débat, une discussion est un emploi critiqué (venant de l’anglais) mais il n’a pas… partir les patates.


Boson et collisionneur

Simon Schaffer is convinced that the Large Hadron Collider would never have been quite such front-page news if it had simply looked for the Higgs boson rather than the so-called “God particle”. [...] Professor Peter Higgs, after whom the ‘Higgs’ part of the Higgs boson is named (the boson being named after Indian physicist Satyendra Nath Bose) [...]
« The Name Game », CAM (Cambridge Alumni Magazine) 67, Michaelmas 2012, p. 17


Boson et collisionneur, deux mots acceptés par le correcteur intégré dans Word.


Le collisionneur du CERN est en fonction depuis 2008, on parle de collisionneurs depuis au moins les années 1960, pourtant le Franqus n’a pas enregistré le mot (heureusement, hadron figure dans sa nomenclature). Quant au mot boson, il aurait été utilisé pour la première fois en 1947, en anglais d’abord (selon le Webster en ligne) ; il est enregistré dans le Trésor de la langue française informatisé et il figure même dans le Dictionnaire du français plus (Montréal, CEC, 1988). Comment expliquer son absence du Franqus ?


Bagdadi

Les Bagdadis ont accueilli avec suspicion la naissance du Conseil de gouvernement irakien, peu enclins à accorder leur confiance à des représentants venus de l'étranger et soutenus par la Maison-Blanche.
« Des Bagdadis soupçonneux », Le Devoir, 14 juillet 2003


Pour le Franqus, les habitants de Bagdad sont des Bagdadiens. Pourtant, le mot Bagdadi est attesté dans la presse québécoise depuis une bonne dizaine d’années.


Armoire à balais

Tout ça pour avoir déposé un ordinateur dans une armoire à balais du MIT, et ainsi accédé aux documents réservés aux seuls abonnés.
Francine Pelletier, « Mort subite d’un jeune révolutionnaire », Le Devoir, 16 janvier 2013


Armoire à balais est précédé de la marque UQ mais sans aucune indication qu’il pourrait s’agir d’un calque de l’anglais (broom cupboard, broom closet) ni aucune mention de l’équivalent standard placard à balais (cf. Trésor de la langue française informatisé, s.v. placard).


Empreinte carbonique

Et pour les plus méticuleux, songer à notre empreinte carbonique et au nombre d’esclaves ou d’enfants qu’on fait bosser pour nous entoure d’une aura de remords la moindre décision.
Josée Blanchette, « Se compliquer la vie au nom de la liberté », Le Devoir, 18 janvier 2013


Empreinte carbonique, expression absente du Franqus (s.vv. empreinte et carbonique).


Branleux

Tant pis pour vous si vous êtes né sous le signe de la Balance ou du Branleux.
Josée Blanchette, « Se compliquer la vie au nom de la liberté », Le Devoir, 18 janvier 2013


Branleux, déjà signalé dans le Robert québécois, est absent de la nomenclature du Franqus.


Laïciste

Vent de fraîcheur dans le paysage borné des propos des laïcistes intégristes et obsédés, ce texte de Mathieu Sévigny est, en plus, magnifiquement écrit.
Lettre (sous le titre « Remarquable texte ») publiée dans Le Devoir du 18 janvier 2013


Laïciste, absent de la nomenclature du Franqus.


Bon matin !


La formule de souhait bon matin ! (évidemment inspirée de l’anglais good morning !), très fréquente à la radio et à la télévision, est un autre des usages québécois oubliés par le Franqus.


*   *   *

J’approfondirai dans un prochain billet les conclusions que j’ai tirées le 8 janvier de mon analyse du Franqus.


lundi 14 janvier 2013

Les lacunes du Franqus



Dans ce billet, je présente quelques lacunes relevées dans le Franqus à partir de textes lus dans Le Devoir ou de propos entendus à la radio et à la télévision depuis la publication de mon dernier billet. Ces exemples appuient les conclusions que j’y exposais.


Les lacunes relevées sont d’autant plus étonnantes que je n’ai pas fait d’effort particulier pour dénicher des poux dans le Franqus. Les mots dont je signale l’absence sont tout simplement des mots utilisés dans les médias (du 10 au 14 janvier 2013).


Vire-capot

Le gouvernement Marois réserve un traitement-choc à la classe politique en 2013 avec des mesures contre les députés vire-capot et les élus démissionnaires.
Le Devoir, 10 janvier 2013

On peut se demander pourquoi le ministre Drainville, qui entend déposer un projet de loi anti-vire-capot, fait une distinction entre le député qui choisit de devenir indépendant et le vire-capot.
Bernard Descôteaux, « Loi anti-vire-capot – Une mauvaise idée », Le Devoir, 11 janvier 2013


Le Franqus a bien virer son capot de bord (s.v. capot) mais il n’a pas vire-capot pourtant attesté depuis 1911 selon le TLFQ :

Tes cochons aussi ont fini de fouiller les pétaques des autes. Pi toé, t'as fini de te vanter à la porte d'église que t'as récolté des 200 minots d'avoine puis des 300 minots de sarrazin! C'est avec un siau bleu pi pas un demi-minot que tu vas mesurer ta grosse récolte c't'automne. Eh! fendant de couillon que t'es! T'as fini d'ambitionner sû le monde, mon vire-capot!...
Jean de la Glèbe [pseudonyme du frère Liguori], Cas de sorcellerie : le diable est aux vaches, 1911 (cité d’après le Trésor de la langue française au Québec)


On notera aussi l’apparition dans la langue du mot anti-vire-capot.


Gosseux, patenteux

Peuple de gosseux et de patenteux, complexés dans les angles morts, à l’heure de la mondialisation des talents nous nous contentons de peu.
Josée Blanchette, « Le rustique », Le Devoir, 11 janvier 2013.


Le Franqus a bien les verbes UQ (= usage québécois) gosser et patenter mais il n’a pas les noms gosseux et patenteux.


Médiocratie

Jacques œuvre dans le milieu scolaire depuis 30 ans et là aussi il note un nivellement par le bas, un relâchement devant l’effort, la pente de la facilité en guise de muse. « C’est la médiocratie partout, du primaire jusqu’à l’université. On exige de moins en moins des élèves et des profs. La compétence est devenue marginale, réciter des vers de Prévert, suspect. La compétence exige éthique, rigueur, savoir être, une attitude, quoi ! Plus personne ne doute, et c’est là que le bât blesse. »
Josée Blanchette, « Le rustique », Le Devoir, 11 janvier 2013.


Je ne pensais pas faire grief au Franqus de l’absence du mot médiocratie quand je me suis ravisé et ai entrepris des recherches. J’ai découvert dans le Trésor de la langue française informatisé que le mot est attesté depuis au moins 1844 (dans Balzac) :

MÉDIOCRATIE, subst. fém.
A.
Autorité, pouvoir exercé par les classes moyennes. L'audace de détruire le suffrage universel et la liberté de la presse, deux suppressions déclarées impossibles par le bon sens de la médiocratie (GONCOURT, Journal, 1871, p. 758).
B.
Pouvoir des médiocres. Nous avons une chambre qui est la représentation de la médiocratie intellectuelle de la province... car à l'heure qu'il est, Paris est sous le joug de l'obscurantisme des prétendus grands hommes de chefs-lieux (GONCOURT, Journal, 1891, p. 22). […]
[…]  Étymol. et Hist. 1844 «pouvoir qui s'interpose, génie des obstacles» (BALZAC, Paysans, p. 169); 1869 «pouvoir politique aux mains de gens médiocres» (GONCOURT, Journal, p. 527). Dér. de médiocre*, créé plaisamment d'apr. aristocratie*.


La corrélation

Le moins quelqu’un en sait et le moins il est capable de savoir qu’il ne sait pas.
Josée Blanchette, « Le rustique », Le Devoir, 11 janvier 2013.

Au mot moins, le Franqus donne deux exemples de corrélation : « moins elle en entendra, mieux ce sera » et « plus il réfléchit, moins il comprend ». Au mot plus, on trouve trois exemples : « plus j’y pense, plus je crois que c’est une bonne solution », « plus il agira rapidement, mieux ce sera » et « plus on en de fous, plus on rit ».


Aucune mention de la forme de corrélation le plus… le plus (le plus on est de fous, le plus on rit) inspirée de l’anglais (the more, the merrier).


Abat et strike

Le Franqus a l’UQ (usage québécois) abat « au jeu de quilles, fait de renverser toutes les quilles avec la première boule » mais le mot ne renvoie pas à UF (usage de France) strike, pourtant présent dans le dictionnaire qui le classe dans la catégorie des anglicismes critiqués.


Donner son bleu

Lui donner son bleu ?
Titre d’un article de Rémi Tremblay dans L’Écho de Frontenac, 28 avril 2011


Je n’ai pas trouvé l’expression donner son bleu (congédier) dans le Franqus aux mots donner et bleu.


Mitchif

Traditionnellement, la langue parlée par les Métis de l’Ouest était le « michif », un mélange de cri et de français, auquel s’ajouteraient des emprunts à l’assiniboine et à l’ojibwe. Mais on y trouve différents dialectes, selon la région.
Caroline Montpetit, « Métis d’hier et métis d’aujourd’hui », Le Devoir, 12 janvier 2013


Le mot mitchif est absent de la nomenclature du Franqus. Tout comme assiniboine. Ojibwé n’apparaît que dans l’article thématique « Les langues autochtones du Québec ».


Docufiction

Plus tard, dans la saison du Périscope, les drag queens de Changing Room, le docufiction d’Alexandre Fecteau, reviennent se raconter sans faux-fuyants.
Philippe Couture, « Théâtre à Québec – Un hiver en deux teintes », Le Devoir, 12 janvier 2013


Le Franqus a docudrame (et drag-queen), mais pas docufiction.


Déjanté

La visite européenne n’est pas si fréquente en saison régulière à Québec, alors on déroule le tapis rouge pour accueillir à la salle Multi le collectif anglo-allemand Gob Squad, orchestrateurs d’une symbiose déjantée entre cinéma et théâtre avec leur Gob Squad’s Kitchen (You’ve Never Had It So Good).
Philippe Couture, « Théâtre à Québec – Un hiver en deux teintes », Le Devoir, 12 janvier 2013

Déjanté (ou déjanter) est absent de la nomenclature du Franqus


Castelet électronique

À Québec, les marionnettes sont d’ailleurs reines, et ceux qui n’ont pas encore découvert les possibilités du castelet électronique du laboratoire LANTISS de l’Université Laval se précipiteront chez Premier Acte en février pour voir Le voyage de Tchékhov à Sakhaline.
Philippe Couture, « Théâtre à Québec – Un hiver en deux teintes », Le Devoir, 12 janvier 2013


Le mot castelet est absent du Franqus. Sur le site du Laboratoire de robotique de l’Université Laval, on trouve cette précision :

Ce castelet électronique est une maquette, à l'échelle un dixième, d'un espace scénique comprenant plusieurs éléments technologiques du monde du spectacle : éclairage motorisé, projection d'images, réalité augmentée et évidemment une scène déformable. La qualité première de cette maquette technologique est de réunir les différents médias dans le même outil.
Source : http://robot.gmc.ulaval.ca/fr/recherche/theme405.html


Décalé

Le rêve et sa logique décalée sont également au cœur de la démarche de Raphaël Posadas, auteur et metteur en scène de la pièce Le « K » Buster, qui explore différents niveaux de réalité et d’imaginaire à partir de la figure mythique de Buster Keaton.
Philippe Couture, « Théâtre à Québec – Un hiver en deux teintes », Le Devoir, 12 janvier 2013


L’adjectif décalé est absent de la nomenclature du Franqus. Définition du Larousse en ligne : « être sans conformité, sans rapport direct avec quelque chose ou quelqu’un ».


Crochet

Un « crochet », selon une expression vieillotte, c’est une compétition de chant. Au temps fou du cabaret, un machiniste utilisait une sorte de gaffe pour tirer les candidats hués par le public avec un effet de scène assuré. Les Français ont récupéré le terme pour forger le mot « télécrochet », qui désigne donc un concours de chant télévisuel.
Stéphane Baillargeon, « Télévision – Le télécrochet comme manque d’audace », Le Devoir, 12 janvier 2013


Le mot crochet au sens de « compétition de chant » est absent du Franqus. Télécrochet aussi, bien sûr.


Le Trésor de la langue française informatisé donne les renseignements suivants : « Concours radiophonique où se produisent des amateurs qui peuvent être éliminés sur avis de la foule [les spectateurs sifflant ou criant crochet! (cf. Lar. Lang. fr.)] ou d'un jury, le candidat exclu étant attrapé par un crochet. »


Buzzer

Il ne faut ni la clairvoyance ni l’enthousiasme de la Pythie pour prédire que ce concours « buzzer » en main va crocheter des millions de téléspectateurs, constituer un des piliers de la rentrée d’hiver de la télé québécoise.
Stéphane Baillargeon, « Télévision – Le télécrochet comme manque d’audace », Le Devoir, 12 janvier 2013


Buzzer et buzz (faire, créer le buzz « faire l’événement ») sont absents de la nomenclature du Franqus. Mais on trouve poussoir.


Mâche-patates

« Tous (les candidats) se revendiquent du libéralisme, tous proclament leur foi fédéraliste, tous favorisent le développement économique », rappelle le candidat Bachand.
Voici le socle imperturbable sur lequel fleurissent leurs idées.
Les deux pieds dans le béton, autrement dit.
Le haut du corps peut ainsi beaucoup gesticuler et le mâche-patates se faire aller.
Commentaire figurant sur le site du Devoir à la suite de l’article de Robert Dutrisac, « Chefferie du Parti libéral – Une course prête à prendre son envol »


L’expression familière mâche-patates ne figure pas dans le Franqus.


Médias sociaux

Il n’en fallait pas plus pour échauffer les esprits et soulever, à bon escient il me semble, un débat sur le rôle des affiches dans la publicité des spectacles, mais plus largement sur le rôle de la publicité d’aujourd’hui à l’heure de la transparence nécessaire et des médias sociaux – des médias et des internautes avides de polémique et bien prompts à l’encourager en la diffusant largement.
Jean-Jacques Stréliski, « Coup de gueule à l’opéra », Le Devoir, 14 janvier 2013.


Médias sociaux est absent du Franqus (s.vv. média et social). Définition de Wikipédia : « Les médias sociaux sont des médias qui utilisent des techniques de communication hautement accessibles pour faciliter les interactions sociales. »


Maudit

Et vous savez quoi, Marc Hervieux joue sans doute un peu les prima donna (cela aussi relève de la plus pure tradition opératique), mais qu’importe : c’est un maudit bon chanteur !
Jean-Jacques Stréliski, « Coup de gueule à l’opéra », Le Devoir, 14 janvier 2013.


Cet usage de maudit (maudit bon truc, maudit bon point, maudit bon gars, ç’a pas de maudit bon sens : Google donne plus de 80 000 attestations de maudit + bon) ne figure pas dans le Franqus.


Taliban

Qui ne se souvient de l’Afghanistan et de la déroute initiale des talibans, en octobre 2001, au lendemain du 11-Septembre… et du résultat, dix ans plus tard, de cette interminable guerre du bout du monde, ultimement perdue par les Occidentaux ?
François Brousseau, « Un nouveau bourbier ? », Le Devoir, 14 janvier 2013


Taliban, mot absent de la nomenclature du Franqus.


Djihadiste

Quel est le but de l’intervention française aujourd’hui ? Protéger Bamako d’une poursuite immédiate des conquêtes djihadistes vers le sud ?
François Brousseau, « Un nouveau bourbier ? », Le Devoir, 14 janvier 2013


Si le mot djihad apparaît dans la nomenclature du Franqus, djihadiste en est absent.


Poursuite-bâillon

Pour Pierre Lacerte, les procédures engagées par les trois hassidims [sic] ont toutes les allures d’une poursuite-bâillon destinée à le réduire au silence.
Jeanne Corriveau, « Poursuite-bâillon à Outremont ? », Le Devoir, 14 janvier 2013


Poursuite-bâillon (équivalent français de SLAPP) est absent de la nomenclature du Franqus. Définition de Wikipédia : « Une poursuite stratégique contre la mobilisation publique ou poursuite-bâillon est, en Amérique du Nord, une action en justice visant à entraver la participation politique et le militantisme. »




Découvertes étonnantes dans le Franqus


Mitchourien, adjectif dérivé du nom d’Ivan Vladimirovitch Mitchourine, agronome russe.


Micheton : sous –ton, le mot micheton est donné comme exemple, sans définition ; le mot n’apparaît pas ailleurs dans le dictionnaire. Exemple d’incohérence ?