Une page du site du Comité olympique international parle de surf des neiges…
… une autre appelle le même sport snowboard.
Le site officiel de l'Équipe olympique canadienne utilise le mot
snowboard même si l’adresse de sa
page Internet contient l’expression surf
des neiges (https://olympique.ca/sports/surf-des-neiges/) :
Sur la même page Internet de l'Équipe olympique, tout en
bas, dans la section consacrée à l’histoire de ce sport, on revient à l’appellation
utilisée lors des Jeux olympiques précédents :
Surf
des neiges était donc l’appellation officielle depuis les JO de
Nagano en 1998. C’est d’ailleurs le terme qui apparaissait dans le Vocabulaire des loisirs de plein air
publié par l’Office québécois de la langue française en 1993.
Puis, en 2004, l’Office a fait volte-face
pour adopter planche à neige. Et
lorsqu’il s’est vu confier le mandat de produire « les terminologies
françaises se rapportant aux différentes disciplines sportives des Jeux de 2010»
(voir la Francilettre du 18 octobre
2005), c’est ce dernier terme qu’il a tenté, en vain, d’imposer aux JO de
Vancouver.
L’OQLF n’a pas réussi à imposer planche à neige hors du Québec. Surf des neiges maintient ses positions
au Québec, au moins dans les pages Internet de la télévision publique, mais il
a cédé la place à snowboard au
niveau canadien (cf. site de l’Équipe olympique du Canada). Même situation au
niveau international, comme en témoigne cette manchette de Franceinfo :
La tentative d’imposer une création
endogéniste (planche à neige) à la
place d’un terme du français international n’a donc eu pour tout résultat que
de laisser la place au terme anglais.
Pendant que l’Office essayait d’imposer planche à neige, c’est donc snowboard (snow, tout court, dans la langue parlée) qui s’imposait non
seulement dans les compétitions internationales mais aussi au Québec même. Le
site Internet de Radio-Canada continue d’utiliser surf des neiges mais les commentateurs de la télévision publique
ont davantage utilisé le terme anglais dans leurs descriptions des compétitions
(on a entendu tant et plus snowboardcross).
Il est vrai que l’on trouve à l’écrit planche
à neige comme dans un article du journaliste Karl Rettino-Parazelli paru dans
le Devoir du 26 février : « Le
pays a par ailleurs obtenu de meilleurs résultats que par les années passées en
patinage artistique et en planche à
neige, avec 4 médailles dans chaque discipline. » Mais si on regarde
la presse internationale, force est de constater que planche à neige reste confiné au Québec (le terme n’a même pas été
retenu pour les JO de Vancouver !) et que snowboard a détrôné surf des
neiges et est dorénavant confortablement installé dans l’usage.
Voilà donc le résultat du travail
contreproductif de l’Office : surf
des neiges est désormais déclassé au niveau international et on peut penser
qu’il en sera de même au Québec. L’Office a toutefois réussi à introduire planchiste dans l’usage public : j’ai
entendu plusieurs fois le mot dans les reportages télévisés la semaine dernière
et je n’ai jamais entendu son synonyme surfeur
(des neiges). Belle victoire ! Une victoire à la Pyrrhus.
Je me moque bien personnellement qu’on dise
surf des neiges, planche à neige ou snowboard. Je me contente de constater que la mission de l’Office
est d’abord de franciser le Québec et que sa promotion du terme planche à neige a eu pour résultat de
favoriser la diffusion d’un terme anglais au lieu du terme français (surf des neiges) qu’il avait lui-même
contribué à imposer dans les compétitions internationales.
Ce n’est pas la première fois que l’Office
défait le travail qu’il a déjà fait. Pendant des années, il a tenté de
convaincre Canada Dry d’utiliser soda (au) gingembre dans son étiquetage au lieu de l’unilingue ginger ale et, au moment où cette société
finit par changer son étiquetage, il modifie les fiches de son Grand
Dictionnaire terminologique (GDT) pour privilégier le terme boisson gazeuse au gingembre.
Autre exemple : alors que crosses de fougère commençait à s’imposer
pour remplacer têtes de violon
(traduction littérale de fiddleheads),
l’Office a fait marche arrière.
Dernier exemple : seule l’intervention énergique de Marie-Éva
de Villers dans un colloque a permis d’éviter que l’Office n’accepte déductible (au sens de « franchise »)
dans le vocabulaire des assurances.
À quand un changement de garde à l’Office ?