Lionel Meney a mis en ligne
il y a deux semaines un billet de blogue sur l’expression « boîte de vote »,
traduction littérale de ballet box (cliquer ici).
J’ai voulu voir ce qu’en
disaient les dictionnaires payés à même nos impôts.
Le Grand Dictionnaire
terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF) n’a
pas enregistré boîte de vote. Il a une fiche « urne » (de
2022) où le synonyme boîte de scrutin fait partie de la liste des « termes
privilégiés ». Avec la note : « Parfois considéré à tort comme
un calque de l'anglais ballot box, le terme boîte de scrutin est
attesté en français depuis le XVIIIe siècle. » Qui a dit
que boîte de scrutin était un anglicisme ? On aimerait le savoir. Le GDT confond-il boîte
de vote et boîte de scrutin ? On peut par ailleurs se demander
quelle était la fréquence des élections avant la révolution de 1789. Je veux
bien concéder qu’il y avait des élections dans les ordres religieux. Mais l’affirmation
du GDT me paraît curieuse, d’autant plus qu’on ne sait pas sur quelle source
elle s’appuie.
La note du GDT continue :
« C'est vers 1845 que le terme urne, en référence à un des sens
latins de urna, fait son apparition […] ». On notera la maladresse
de l’expression. Il aurait fallu écrire : un des sens du latin
urna.
Le deuxième dictionnaire
payé à même nos impôts, le Trésor de la langue française au Québec
(TLFQ), n’a enregistré ni boîte de vote ni boîte de scrutin. Il
ne peut non plus servir à avaliser la datation du GDT. En consultant son
fichier de données, on découvre que la plus vieille attestation de boîte de
scrutin date de 1884 dans la Gazette de Joliette : « M. Ernest
Myrand, un jeune littérateur de Québec est à Ottawa où il soumet au département
des patentes, une nouvelle boîte de scrutin dont il est l'inventeur ». On
en trouve une seconde en 1897 mais c’est dans une correspondance privée. Et c’est
tout pour le xixe siècle.
Pour Usito, le troisième
dictionnaire payé à même nos impôts, « [l]'emploi de boîte de scrutin
est parfois critiqué comme synonyme non standard de urne ».
On peut se demander si la condamnation
de boîte de scrutin est légitime. On lit en effet dans Littré, s.v. scrutin :
« Manière de recueillir, dans une urne, dans une
boîte, les suffrages par des billets pliés […] ».
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