mercredi 26 octobre 2011

Banderilles / 19


Aujourd’hui, quelques remarques sur la fiche best seller / succès de librairie du Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française. Qu’il soit clair d’entrée de jeu que cela est loin d’être la pire fiche que j’ai examinée jusqu’à présent. Elle est somme toute plutôt bonne. Même si elle présente une lacune de taille.


En effet, elle omet de donner l’équivalent français le plus courant du terme best seller : meilleure vente, comme on peut le constater à la lecture du tableau suivant, qui présente le nombre de pages Google où sont présents les termes proposés dans la fiche du GDT.


Termes
Langue : français ; domaine :.ca
%
Langue : français ; domaine :.fr
%
Succès de librairie
61 600
5,9
251 000
1,1
Livre(s) à succès
41 600
4,0
165 800
0,7
Ouvrage(s) à succès*
1 745
0,2
29 820
0,1
Livre(s) à gros tirage
36
0,0
146
0,0
Best-seller*
643 000
61,9
6 750 000
28,6
Meilleur(s) vendeur(s)*
132 700
12,8
**
0,0
Meilleure(s) vente(s)* (terme non mentionné sur la fiche du GDT)
158 504
15,3
16 399 700
69,5
total
1 039 185
100,0
23 596 466
100,0
Google, résultats le 26 octobre 2011
* Contexte : lorsque les mots livre et librairie sont présents sur la page Internet
** Dès le premier résultat du domaine .fr, on voit que l’expression meilleur vendeur n’a pas le même sens qu’au Québec : « Marc Lévy, toujours le meilleur vendeur de livres ». Les résultats de meilleur vendeur pour la France ne sont donc pas pris en compte.


Je donne trois exemples de l’utilisation du terme meilleure vente : dans une page de la Fnac, une d’Amazon.ca et une d’Archambault.ca.


(Cliquer sur les images pour les agrandir)

Source: Fnac
Source : Amazon.ca
Source : Archambault.ca


Le terme meilleure vente affiche déjà un résultat de 15,3 % dans les pages Internet canadiennes et il serait logique de le préférer à succès de librairie (5,9 %).


Le tableau livre un autre résultat intéressant : contrairement à une opinion qui semble relever du sens commun, ce n’est pas en France que best-seller est le plus courant (28,6 % des attestations dans les pages Internet du domaine .fr) mais au Canada (61,9 % ; rappelons qu’il n’est pas possible actuellement de faire le départ entre les pages québécoises et non québécoises dans le domaine .ca).


À partir du tableau, on jugera à sa valeur l’affirmation du GDT voulant que « succès de librairie est déjà bien implanté dans l'usage ».


La remarque qu' « en français, le nom vendeur désigne une personne, physique ou morale, qui accomplit ou cherche à accomplir une vente » est tout à fait juste mais elle ne m’a pas suffi pour convaincre une librairie de Québec de faire disparaître meilleurs vendeurs de son site Internet.


Enfin, une remarque sur ce qui est la tarte à la crème du GDT : « L'emprunt intégral à l'anglais best-seller est à éviter, puisqu'il est mal adapté au français sur les plans graphique et phonétique. » Comme je l’écrivais dans le billet précédent, quand on veut se débarrasser de son chien, il faut bien trouver une raison pour le noyer. Best-seller, mal adapté au français sur le plan graphique ? Facile à affirmer, difficile à prouver ! Mal adapté sur le plan phonétique ? Il se prononce tout simplement [bεstsεlœ:R] ou [bεstsεlε:R] même si on ne peut évidemment pas exclure au Québec une prononciation plus anglaise [sɛlər], ce qui est vraisemblablement la raison profonde qui dicte le rejet du mot.

Les fiches du GDT
(Cliquer sur les images pour les agrandir)


(Cliquer sur les images pour les agrandir)

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