lundi 25 mai 2015

Le français québécois, une tache propre


Ces jours derniers, on a fait état à quelques reprises, dans les gazettes et autres médias sociaux, du « brillant essai » d’une « savante linguiste » (dixit Louis Cornellier, Le Devoir, 16 mai 2015). Extrait de la quatrième de couverture :

Présenter le français québécois comme du joual, comme du mauvais français ou comme un simple registre populaire, qui contrevient au contenu des sacro-saints ouvrages de référence, c'est entacher l'identité québécoise d'une profonde insécurité. Le présenter comme une variété de langue légitime, dans toute sa complexité, avec toutes ses variations, pour laquelle les locuteurs ont un droit de regard, c'est nettoyer cette tache.

Le chroniqueur du Devoir résume à sa façon la thèse défendue dans le livre :

Les divers registres ont des rôles sociaux distincts : le registre soigné s’applique à des situations officielles et le registre familier aux situations informelles. Une analogie avec le rôle des vêtements sert d’illustration : dans un gala, on ne s’habille pas comme chez soi. Peut-on dire pour autant que les vêtements d’intérieur, moins chics, sont condamnables ?


Variété légitime dans toute sa complexité et avec toutes ses variations, ne pas s’habiller tout le temps avec les mêmes vêtements, c’est déjà ce qu’affirmait mais en usant d’une autre métaphore le phonéticien Laurent Santerre en 1981 :

Une langue vivante dans une société est très complexe à tous ses niveaux, et chaque niveau n'est pas moins cette langue qu'un autre niveau, quoi qu'on en pense parfois. Il serait aberrant de s'interdire par parti pris l'usage du langage soigné ou du langage populaire. On n'a pas à se confiner au grenier ou au sous-sol quand on habite une maison à plusieurs étages (Québec français, mars 1981).


En terminant, notons qu’on peut être professeur de français dans une université et écrire que l’on nettoie une tache. C’est quoi, une tache nettoyée ? Une tache propre ?


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire