La nouvelle version de la politique a fait
l’objet d’une présentation en bonne et due forme, en octobre 2016, au Colloque
du réseau des Organismes francophones de politique et d’aménagement
linguistiques tenu à Québec, au Musée de la civilisation. Ce colloque
international, auquel les médias et le public ont été conviés, regroupait des
spécialistes de divers horizons, des professeurs d’université, des linguistes,
des professionnels de la langue et des personnalités publiques. La présentation
du projet de politique y ayant reçu un accueil favorable, la politique a été
adoptée quelques mois plus tard.
– Monique
Cormier, « L’OQLF tient compte de l’évolution du Québec », Le Devoir, 27 septembre 2017
Dans
sa défense du document Politique de l’emprunt
linguistique de l’Office québécois de la langue française, Monique Cormier
invoque l’accueil favorable lorsque le projet fut présenté à un colloque. Elle
ne dit pas que le texte lui-même de l’énoncé de politique a été soumis à
l’approbation de cet aréopage. Et pour cause : on ne voit pas comment des
spécialistes en linguistique française auraient pu laisser passer des perles
comme l’affirmation que l’expression hockey
sur étang est un calque « non intégrable au système linguistique du
français » (voir mon billet d’hier) ou une tautologie comme « la
dynamique sociolinguistique [est] en évolution constante » (p. 3).
Quand
on consulte le programme du colloque (disponible en ligne, cliquer ici), on
constate que la présentation du « traitement
de l’emprunt linguistique à l’Office québécois de la langue française »
(titre de la communication) n’a occupé qu’une demi-heure en fin d’après-midi le
mardi 18 octobre 2016. Dans les colloques, l’habitude est de consacrer une
vingtaine de minutes à la présentation de la communication et dix minutes à la
discussion. Ces dix minutes auraient-elles suffi pour manifester l’accueil
enthousiaste des auditeurs à un projet dont ils n’avaient pas le texte ?
* * *
Le Devoir
de ce jour publie un texte de Nadine Vincent sur la nouvelle politique de l’emprunt
linguistique de l’OQLF. Extrait :
[…] la nouvelle politique de l’emprunt de l’OQLF étonne. Elle prétend
qu’elle opte maintenant pour une « stratégie d’intervention réaliste », qu’elle va tenir
compte de la « légitimité » des usages et de leur traitement dans des « ouvrages
normatifs ». Or, sur qui se basent les ouvrages normatifs pour accepter ou
critiquer un emploi : bien souvent sur l’OQLF !
Certains prétendent
que ce changement de position s’appuierait sur une évolution du Québec.
Évolution en quel sens ? Le français n’est plus menacé au Québec ?
Les Québécois ne veulent plus défendre le français ? Je demande à voir les
études qui le démontrent. Parce qu’aux dernières nouvelles, le Québec est
toujours constitué d’un îlot d’un peu plus de huit millions d’habitants, seul
territoire de l’Amérique où le français est la seule langue officielle, et
entouré de plus de 350 millions d’anglophones. Et les Québécois ne sont pas
plus satisfaits de la qualité de leur langue aujourd’hui qu’au XIXe siècle,
ainsi que le prouvent les articles répétés sur la trop faible maîtrise de la
langue par les enseignants de français, pour ne donner qu’un exemple.
Alors, que nous
utilisions tous le mot « grilled cheese » parce que « sandwich
au fromage fondant » n’a pas passé la rampe de l’usage n’a aucune
importance dans le débat actuel. Ce qu’il faudrait déterminer collectivement,
c’est si l’Office québécois de la langue française peut changer son mandat et
ne faire que décrire l’usage ou s’il doit continuer à l’orienter ; s’il
doit se contenter de servir de miroir à la langue en usage au Québec ou s’il
doit persévérer à lui proposer des fenêtres sur de nouvelles perspectives.
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