lundi 30 avril 2018

Le terminologue mal chaussé


On connaissait le cordonnier mal chaussé. Voici maintenant l’exemple d’un terminologue mal chaussé.


Je suis récemment tombé sur la fiche suivante du Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF) :




Lisons la définition du mot amphithéâtre : « Salle d'enseignement disposée en gradins ».


Le GDT nous dit que le mot anglais qui correspond à cette définition est… arena. Voyons donc comment le Webster définit le mot arena :

Definition of arena
1: an area in a Roman amphitheater for gladiatorial combats
2a : an enclosed area used for public entertainment
b : a building containing an arena
3a : a sphere of interest, activity, or competition 
the political arena
b : a place or situation for controversy 
in the public arena


Aucune définition anglaise donnée par le Webster ne correspond à la définition française. Pourtant, quand on fait de la recherche terminologique, on veille à ce que les définitions se correspondent d’une langue à l’autre. Mais, voilà, l’OQLF ne sait plus faire de recherche terminologique. Et la preuve, c’est le grand nombre de fiches d’où les définitions anglaises sont absentes. Si on avait respecté la méthodologie de la recherche terminologique, une telle étourderie ne se serait pas produite. Et on aurait donné comme équivalent anglais lecture room ou lecture hall.


mardi 10 avril 2018

Épreuve uniforme de français langue d’enseignement au collégial, évolution des résultats sur deux décennies /9


Avant d’apporter une conclusion aux huit billets mis en ligne depuis le 14 mars et portant sur l’évolution des résultats à l’épreuve uniforme de français du collégial, rappelons que la réussite à l’épreuve uniforme, examen de français et de littérature, est obligatoire pour l'obtention du diplôme d'études collégiales (DEC). Le bilan de la situation linguistique produit en 2008 par l’Office québécois de la langue française décrit ainsi cette épreuve :

L'examen prend la forme d'une dissertation critique de 900 mots rédigé à partir de textes que l'élève lit et qui lui servent à bâtir son argumentation. Le ministère de l'Éducation définit ainsi l'objectif de cet examen : « vérifier que les élèves possèdent, au terme de leur formation générale commune en langue d'enseignement et littérature, les compétences suffisantes en lecture et en écriture pour comprendre des textes et énoncer un point de vue critique pertinent, cohérent, et écrit dans une langue correcte. » 
L'élève dispose de quatre heures trente minutes pour prendre connaissance des textes littéraires, rédiger sa dissertation et la réviser. Il a le droit de consulter au maximum trois ouvrages de référence sur le code linguistique.
La structure de la grille de correction est la suivante :

Grille de correction
1. Compréhension et qualité de l’argumentation
Sous-critères
● Compréhension de l’énoncé
● Qualité de l’argumentation
● Compréhension de textes littéraires
2. Structure du texte de l’élève
Sous-critères
● Introduction et conclusion
● Cohérence du développement
3. Maîtrise de la langue
Sous-critères
● Syntaxe et ponctuation
● Orthographe
● Vocabulaire

L'évaluation générale se fait selon une échelle à six niveaux : A, B, C, D, E et F.
Pour réussir, l'élève doit obtenir une note globale égale ou supérieure à C pour chacune des trois parties. Dès qu'une des trois cotes est égale ou inférieure à D, les correcteurs imposent un verdict d'échec. Notons qu’une note égale ou inférieure à D pour l’un des sous-critères n’entraîne pas un verdict d’échec.
– Rapport sur l’évolution de la situation linguistique, OQLF, 2008, p. 164-164.

*   *   *


Synthèse des résultats


Que conclure des analyses présentées depuis le 14 mars ? Je n’ai pas analysé les résultats aux critères compréhension et qualité de l’argumentation, structure du texte de l’élève, ni, dans le cas du critère maîtrise de la langue, les résultats au sous-critère vocabulaire. La raison en est que ces éléments de la grille d’analyse sont peu éliminatoires (taux de réussite de 95,7 % en compréhension et qualité de l’argumentation, de 99,6 % en structure du texte et de 99,8 % en vocabulaire).

Voici donc mes constats :


• Taux global de réussite à l’épreuve de français du collégial: la tendance des résultats est à la baisse depuis 1997-1998. Deux décennies de baisse. Le point le plus bas a été atteint en 2005-2006 (81,1 %).

Évolution de la réussite à l’épreuve de français du collégial
1997-1998
87,3
1998-1999
88,6
1999-2000
88,1
2000-2001
83,8
2001-2002
84,4
2002-2003
85,9
2003-2004
84,8
2004-2005
84,8
2005-2006
81,1
2006-2007
83,4
2007-2008
83,3
2008-2009
82,8
2009-2010
82,4
2010-2011
84,2
2011-2012
84,3
2012-2013
83,1
2013-2014
83,3
2014-2015
83,8
2015-2016
82,7



• Taux de réussite en maîtrise de la langue (ce critère comprend trois sous-critères : orthographe grammaticale et d’usage ; syntaxe et ponctuation ; vocabulaire) : la tendance générale est à la baisse.


Évolution de la réussite à l'épreuve de français du collégial
Maîtrise
de la langue
Orthographe
Syntaxe
et ponctuation
1997-1998
88,9
76,1
85,7
1998-1999
90
1999-2000
89,5
2000-2001
86,3
2001-2002
86,1
2002-2003
88,2
75
86,6
2003-2004
87
72,9
86,5
2004-2005
87,1
2005-2006
83,7
72,1
82
2006-2007
85,6
2007-2008
86,1
74,2
2008-2009
85
71,3
2009-2010
86,6
70,9
2010-2011
85,9
72,5
83,1
2011-2012
86,2
72,8
84,3
2012-2013
83,1
71
83,6
2013-2014
85,3
72,8
82,4
2014-2015
85,3
74,4
81,9
2015-2016
84,8
73,3
81,1
Le tableau est incomplet parce que je n’ai plus les anciens rapports du ministère de l’Éducation et que ce dernier n’avait en 2014 sur son site Internet que les rapports postérieurs à 2009-2010 et aujourd’hui que ceux postérieurs à 2010-2111. Pour les données jusqu’en 2005-2006, la source est le Rapport sur l’évolution de la situation linguistique au Québec (OQLF, 2008). Pour les résultats en orthographe et en syntaxe, nous faisons l’hypothèse que la cote C est un seuil et que les cotes A, B, C+ et C équivalent à la réussite.



• Taux de réussite en orthographe : depuis l’année scolaire 1997-1998 (taux de réussite de 76,1 %) la tendance est à la baisse. Il y a eu des creux historiques en 2008-2009, 2009-2010 et 2012-2013 : le taux de réussite se situait alors autour de 71 %.


• En orthographe, la proportion des élèves qui obtiennent la cote A est très légèrement à la hausse.


• En orthographe, les cotes E (21 à 30 fautes) et F (plus de 31 fautes) sont à la hausse, tant en proportion qu’en nombres absolus.


• En syntaxe, la tendance est à la baisse.


• En syntaxe, la proportion des élèves qui reçoivent la cote A est remarquablement stable. La moyenne est de 13,1 % pour l’ensemble de la période.