Ainsi, dans État de siège, Michael Wolff dépeint le président se vantant de
ses exploits sexuels. La plupart du temps, avec ses propres employées. Et la
plupart du temps, sans générer de réaction. « Autour de lui, on dit “bah,
c’est juste son parler de vestiaire habituel.”»
Trump repeated his apology but downplayed the seriousness of his
comments. "This was locker-room talk," he said.
– Chris Megerian, Los Angeles Times, 9 octobre 2016
Parler de vestiaire ? On voit tout de
suite que c’est une traduction de locker
room talk. Et on a l’impression que ce n’est pas une expression idiomatique
en français.
Voyons d’abord de que signifie locker room talk en anglais :
Any manner of conversation that polite society dictates be held
privately - with small groups of like-minded, similarly
gendered peers - due to its sexually charged language, situations or innuendos (Urban Dictionary).
L’exemple qui
suit dans l’Urban Dictionary n’est pas sans rappeler les propos du président
des États-Unis dans des contextes similaires : « Through the walls Tom could hear his teenage son and his friends talking
excitedly about who was going to get laid first and he smiled as he remembered
that kind of locker room talk from his own youth ».
Locker rooms have been with us since the middle of the 19th century, when they
referred simply to rooms which had lockers and in which people changed their
clothes. However, the word has also been used, for a considerable length of
time, as an adjective, denoting things (especially talk) of a coarse or
offensive nature.
En français, en pareil contexte, on
parlerait plutôt de propos de corps de
garde ou de langage de corps de garde :
Un « corps de garde » – la
structure bâtie – est assez réduit en surface. Aussi le confort est-il
sommaire. Il y a parfois une zone de vie et une zone de repos, mais souvent il
n’y a pas de différenciation spatiale. […]
[…]
Un « corps de garde »
– la structure bâtie – est assez réduit en surface. Aussi le confort est-il
sommaire. Il y a parfois une zone de vie et une zone de repos, mais souvent il
n’y a pas de différenciation spatiale.
[…]
Durant la Grande Guerre, la vie dans les
tranchées, la promiscuité, la mort possible à tout instant, ont souvent
favorisé chez les poilus un état d’esprit et un langage de « corps de
garde ».
J’ai eu l’idée d’aller voir comment le Grand
Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française
(OQLF) traduisait locker room. Je me
rappelais en effet que, dans les années 2000, une collègue m’avait raconté qu’elle
avait empêché in extremis qu’on le traduise
par « chambre des joueurs ». Son intervention n’aura pas eu d’effet à
long terme. Ce qui est généralement considéré comme un anglicisme est
maintenant accepté par l’OQLF « dans certains contextes », euphémisme
pour dire que l’Office le légitime dans les faits : « Chambre des
joueurs est un terme consacré au Québec
dans le domaine du sport, et plus particulièrement dans le vocabulaire du
hockey sur glace » (fiche de 2017).