Je découvre
le verbe hongrois tankolni « faire le plein d’essence ». Je
soupçonne un emprunt à l’anglais et, n’ayant pas de dictionnaire étymologique
hongrois sous la main, je me rabats sur Internet (Wiktionary). J’apprends
que le mot hongrois tank, dont dérive le verbe tankolni, viendrait
du néerlandais, ultimement d’un mot sanskrit :
Unadapted borrowing from Dutch tank, from English tank,
from Portuguese tanque (“tank, liquid container”), originally from
Indian vernacular for a large artificial water reservoir, cistern, pool, etc.,
for example, Gujarati ટાંકી
(ṭā̃kī) or Marathi टाकी
(ṭākī), from Sanskrit तडग
(taḍaga, “pond”).
L’explication
fournie par le Trésor informatisé de la langue française n’exclut pas une
origine indienne :
Empr. d'abord au port.tanque att. dep. la fin du xves.
(Dalg. t. 2; Mach.3) puis à l'angl. tank att. dep. le déb. du
xviies. (NED) et dont les 1res formes laissent
supposer une infl. du port. L'orig. du terme port. n'est pas clairement
établie, le lien avec estancar corresp. au fr. étancher* n'étant
pas certain. L'hyp. d'une orig. indienne n'est pas à exclure. Dans ce cas, les
formes corresp. relevées en Inde (v. NED et Dalg.t. 2) seraient
autochtones et le terme angl. aurait été directement empr. à une lang. de
l'Inde après avoir d'abord été introduit dans l'usage par l'intermédiaire du
portugais.
Dans
le cas hongrois, le mot serait venu par l’intermédiaire du néerlandais, dans le
cas français par l’intermédiaire du portugais. Les deux explications se
complètent. Les Portugais avaient jusqu’au milieu du XXe siècle
des comptoirs en Inde et les Hollandais administraient les Indes orientales,
aujourd’hui l’Indonésie (le mot existe en malais : tank, tang, teng
et viendrait du néerlandais).
Le verbe québécois tinquer « faire le plein » (< tank) ne figure pas dans Usito. Les deux sens du substantif tank y sont accompagnés d’une mise en garde : « l'emploi de tank est parfois critiqué comme synonyme non standard de citerne », « ce mot, parfois critiqué, est passé dans l’usage standard ». Les articles d’Usito regorgent de telles mises en garde.
Le traitement
de tank pour désigner une citerne est particulièrement cocasse. Alors qu’au
Québec on dit une tinque, Usito présente le mot comme masculin et nous
dit qu’il se prononce [tɑ̃k] ! Elle est où, la
description du français québécois revendiquée par les promoteurs du dictionnaire ?
Usito, qui enregistre le sens familier franco-français de gazer (« ça gaze »), n’a pas le sens québécois de ce verbe dans mâ aller gâzer « je vais aller faire le plein ».
Je suis sans doute le premier à le dire — et je revendique cette priorité : Usito est plus puriste que le dictionnaire de l’Académie. Bien des mots courants au Québec y sont absents, sans doute parce qu’on les considère comme des verrues. Diane Lamonde n’avait pas tout faux quand elle parlait d’un « joual de parade ».
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