Dans
un billet précédent, j’ai cité l’avis de normalisation publié à la Gazette
officielle par l’Office de la langue française le 26 mai 1979 et désofficialisé
le 15 février 2014. L’avis précisait que le terme liqueur « doit être
réservé au produit alcoolisé » et ne pas être utilisé pour désigner des
sodas. Le Grand Dictionnaire terminologique (GDT) réhabilite, dans la fiche « boissons
gazeuses », l’usage du mot liqueur pour désigner un soda « dans
certains contextes » (lesquels ???).
Les tâcherons
du GDT n’hésitent pas à recourir à l’argument d’autorité de l’Académie
française pour revamper nos archaïsmes (on l’a vu aussi dans le cas de vidanges,
« ordures ménagères ») :
Les
termes liqueur et liqueur douce sont employés en langue courante
et dans des situations de discours familier au Québec. Le terme liqueur y
est d'usage très fréquent; il découle, par extension, du sens de « boisson
rafraîchissante non alcoolisée » qui a eu cours en français jusqu'au XIXe siècle
et qui est notamment attesté dans l'édition de 1835 du Dictionnaire de
l'Académie française.
Il y
a toutefois un petit problème. Voyons ce que dit précisément l’Académie dans la
sixième édition de son dictionnaire (le GDT aurait pu tout aussi bien citer la
quatrième édition, celle de 1762) :
Liqueurs
fraîches, Boissons rafraîchissantes, telles que la limonade,
l’eau de groseille, de grenade, etc.
Le mot
liqueur n’est pas employé seul mais dans une expression.
Dans
ce cas précis, à trop vouloir récupérer, le GDT commet une erreur d’interprétation.
Au fait,
invoquer des usages qui datent d’il y a deux siècles, ne serait-ce pas faire
preuve de purisme ? Qui sont les vrais puristes ? Les promoteurs d’une
norme contemporaine ou les terminologues nostalgiques de l’Ancien Régime ?