Déjà il y a une quinzaine d’années, un collègue
qui voyageait beaucoup me faisait remarquer régulièrement que le Grand Dictionnaire terminologique
(GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF) avait à l’étranger la
réputation d’être un dictionnaire de calques. J’ai eu l’occasion à maintes
reprises dans ce blog d’apporter des preuves à l’appui de cette affirmation.
L’autre
jour, j’entends une publicité à la télévision parlant de « changement d’huile ».
Je suis tout de suite allé vérifier ce qu’en disait le GDT avec la certitude qu’il
approuvait ce calque. Et mon intuition s’est avérée, puisque c'est le terme qui est mis en vedette sur la fiche :
Le terme changement d'huile, très répandu au Québec, est parfois
critiqué parce qu'on y voit le calque de l'anglais oil change. Toutefois, le terme est parfaitement conforme au
système du français tant sur les plans sémantique que morphosyntaxique.
Encore une fois, il me faut signaler l’absurdité
de la remarque « le terme est parfaitement conforme au système du français ».
C’est le propre des calques d’être conforme au système linguistique de la
langue emprunteuse. Y a-t-il quelqu’un à l’OQLF capable de comprendre cette
vérité élémentaire ?
Les ouvrages de référence, comme le Multidictionnaire de la langue française,
considèrent le terme changement d’huile
comme un calque de l’anglais. Il en va de même de Termium, la banque de données
terminologiques du gouvernement fédéral, qui précise dans une note : « changement
d'huile n'est pas impropre, mais c'est un calque», formulation
sans doute destinée à ne pas trop froisser l’OQLF. Mais la cerise sur le gâteau,
c’est d’apprendre que vidange d’huile
est le « terme uniformisé par le Comité du projet de lexiques
(Nouveau-Brunswick). »
Comment expliquer les réticences de l’OQLF
à préférer le terme vidange (d’huile) ?
Sans doute parce qu’il s’obstine à vouloir justifier le mot vidanges, au pluriel, pour désigner les
ordures ménagères :
Le terme vidanges est
utilisé comme synonyme de déchets ou
d'ordures ménagères dans la langue courante au Canada français
depuis plus d'un siècle. Même s'il est encore critiqué dans certains ouvrages
correctifs, il est conforme au système du français. Dans son édition de 1762,
le Dictionnaire de l'Académie française atteste l'emploi du mot au pluriel pour
désigner « les immondices, les ordures qu'on ôte d'un lieu qu'on vide, ou
qu'on nettoie ».
Il est vrai que l’Office a légèrement battu
en retraite à la suite de critiques :
La langue administrative s'est normalisée au Québec et au
Canada : ce sont aujourd'hui les termes ordures ménagères et déchets ménagers qui
sont utilisés par les administrations municipales (fiche de 2006).
Comme l’écrivait Marie-Éva de Villers en
2003 :
Dans le domaine
de la protection de l’environnement et de la gestion des déchets, aussi bien en
matière de lois et réglementation que dans la pratique, les termes vidanges et vidangeur
sont désuets et ne sont plus employés. Leur emploi se limite à l’oral dans un
registre nettement familier. Toutes les villes et municipalités ont opté pour
l’expression enlèvement des ordures ainsi que pour le nom éboueur depuis de
nombreuses années.
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