mardi 18 avril 2017

Notion confuse


Au milieu des années 1990, on commence à lire dans les journaux la notion de transport actif, d’abord dans le courrier des lecteurs, puis dans le discours des journalistes et de différents acteurs de la scène publique.
Infolettre Usito, 11 avril 2017

On le savait déjà, on le voit une fois encore : les rédacteurs d’Usito ont des notions pour le moins confuses de la langue française. Dans leur usage singulier on lit des notions. Et dire que ça veut nous apprendre à écrire le français !

Voir aussi : « La langue d’Usito »


dimanche 9 avril 2017

Le premier gréviste de notre histoire

The Story of Us, capture d'écran


La série anglo-radio-canadienne The Story of Us n’arrête pas de faire parler d’elle. Dans l’édition d’aujourd’hui du Soleil, on a demandé à quelques historiens de commenter la tenue malpropre dont les concepteurs de la série ont affublé Samuel de Champlain :


L'un d'entre eux, l'historien de l'Université du Québec à Trois-Rivières, Laurent Turcot, explique en entrevue au Soleil qu'à l'époque, le symbole de la propreté était justement de porter une chemise blanche immaculée. Et que selon les écrits, Samuel de Champlain se faisait un devoir d'être présentable. « On le sait, jamais il ne serait arrivé débrayé à un tel rendez-vous ! » À titre de comparaison, les producteurs de la série Le rêve de Champlain présentée en 2015, et qui met en scène Maxime Le Flaguais, ont bien fait les choses et n'ont pas volontairement sali leur héros, estiment MM.(sic) Laberge et M. Turcot. (Annie Mathieu, « Les premiers colons étaient-ils malpropres? », Le Soleil, 9 avril 2017)


Champlain a débrayé, ce qui en fait notre premier gréviste, autre point qui aura échappé aux auteurs de la série The Story of Us – qui, à mon point de vue, aurait plutôt dû s’appeler Sorry for You.


vendredi 7 avril 2017

La terminologie à bride abattue


Ces jours-ci, la page d’accueil du Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF) met en vedette la fiche « débridage » produite en 2017. Ce terme informatique est défini ainsi par le GDT :

Définition
Modification du système d'exploitation d'un appareil électronique afin d'accéder à des fonctions et à des programmes en théorie inaccessibles à cause de restrictions mises en place par le fabricant.  
Notes
Par exemple, le débridage d'un téléphone intelligent permet d'utiliser des logiciels non validés par le fabricant, d'effacer des applications natives trop intrusives, de personnaliser davantage l'appareil.  


Si on se donne la peine de chercher, on découvre que le GDT a une seconde fiche « débridage », produite sept ans plus tôt par la Commission d’enrichissement de la langue française de France. On remarquera la concision de la définition :

Contourner les protections d'un système pour supprimer les restrictions d'utilisation mises en place par le constructeur.


Pourquoi deux fiches qui disent essentiellement la même chose ? Pourquoi pas une seule fiche ? Pourquoi ne pas indiquer que l’équivalent proposé dans la fiche du GDT reprend une proposition française ?


jeudi 6 avril 2017

Liberté universitaire et liberté académique


Il y a quelques jours une lectrice, Diane Lamonde, m’a fait ce commentaire au sujet de mon billet « De la liberté » (28 mars 2017) : « À propos de liberté académique, il me semblait l'avoir vu quelques fois récemment dans des textes publiés en France, notamment dans Le Monde. J'ai eu ce matin la curiosité de googler l'expression, pour constater qu'elle est en fait couramment employée en Europe. » Peu après, je recevais un courriel émanant de l'unité Veille et Analyses de l'Institut français de l'Éducation (École normale supérieure de Lyon) présentant ainsi un rapport :

Une première partie s’intéresse à l’évolution des missions dévolues aux universités et aux processus de différenciation qui revisitent le modèle humboldtien du XIXe siècle. Une deuxième partie analyse la diversification des modes d’entrée dans la carrière académique et la structure française des emplois scientifiques et pédagogiques. La troisième partie porte sur le travail académique et les asymétries fonctionnelles liées aux tâches de recherche et d’enseignement, et examine les facteurs influençant l’orientation différenciée des activités.



Il ne fait aucun doute que cet emploi du mot académique est en train de s’étendre parallèlement à la généralisation dans les universités européennes du modèle anglo-américain de cursus LMD (licence, master[1], doctorat). Ce sens était d’ailleurs déjà connu en français, mais il résultait d’une influence de l’allemand. C’est ainsi que dans les universités belges, sur le modèle allemand, autrichien et suisse, existe depuis longtemps le quart d’heure académique, c’est-à-dire la possibilité pour un professeur de commencer son cours avec un maximum de quinze minutes de retard.

*   *   *

Le contre-ténor Philippe Jaroussky était en concert hier soir au Palais Montcalm de Québec. Voici la pièce qui terminait le programme officiel (avant les rappels) :







[1] Et non maîtrise… 

mercredi 5 avril 2017

Peu de locaux sur le jury (sic)


Une intervention récente du président-fondateur de l’Association pour le soutien et l’usage de la langue française (ASULF), l’ex-juge Robert Auclair, a attiré mon attention sur ce titre d’un article du Soleil du 20 mars dernier :




Il faut lire le premier paragraphe pour comprendre le sens du titre :

Après des années d'attente, les travaux de 40 millions $ qui changeront complètement la bibliothèque Gabrielle-Roy sont sur les rails. Lundi prochain sera lancé le concours d'architecture dont un jury compte seulement deux membres sur sept originaires de Québec.


Citons le juge Auclair : « Le mot ‘ locaux ’ est utilisé pour désigner des citoyens demeurant à Québec. Il faut le faire. En outre, ils sont sur le jury, c’est-à-dire on the jury. En français, on fait partie du jury, on est dans le jury. »


Ajoutons que le mot locaux, en ce sens, est une traduction littérale de l’anglais. L’Oxford English Dictionary définit ainsi le mot local : ‘An inhabitant of a particular area or neighbourhood’. Et il ajoute l’exemple: ‘the street was full of locals and tourists’. Le Larousse anglais-français propose comme traduction de ‘the locals’: « les habitants du pays ou du coin. »


Six petits mots, deux gros anglicismes. Qui peut faire mieux ?