mercredi 29 février 2012

Claude Hagège



Le vendredi 17 février, je faisais écho dans un billet au dernier livre de Claude Hagège, Contre la pensée unique. Voici Claude Hagège parlant de son livre dans l’émission Musique Matin du 15 février sur France Musique :

Pour voir la vidéo, cliquer sur le lien suivant :http://www.dailymotion.com/video/xoomxt_claude-hagege-invite-de-musique-matin-le-15-02-2012_music

mardi 28 février 2012

Deux principes de sociolinguistique


Au cours de ma carrière, j’ai assisté à de nombreux colloques. Depuis une dizaine d’années en particulier, j’ai assisté à des colloques où il était question de la valorisation de la variation linguistique, où on évoquait la légitimation des variétés non standard ou la reconnaissance des variétés de français et leur « instrumentalisation » (sans doute voulait-on dire instrumentation ; mais pourquoi ne pas plutôt y voir un lapsus freudien ?).


Le raisonnement politico-correct est toujours le même : toutes les langues se valent, toutes les variétés linguistiques sont égales entre elles. Du point de vue théorique, toutes les langues sont égales, bien sûr. Mais cela ne signifie pas qu’elles jouissent d’une égalité de statut ou qu’elles ont la même valeur sur le marché linguistique :


l’analyse des situations linguistiques du monde nous montre que les langues sont profondément inégales. Elles sont d’abord inégales du point de vue statistique : certaines sont très parlées, d’autres le sont peu […]. Elles sont inégales du point de vue social : certaines sont dominées […] tandis que d’autres dominent et assurent des fonctions de type officiel, littéraire, culturel, international, ou véhiculaire.
– Louis-Jean Calvet, Le marché aux langues : les effets linguistiques de la mondialisation, Paris, Plon, 2002, pp. 102-103.


Cette inégalité ne se manifeste pas qu’entre les langues, elle existe aussi entre les variétés d’une même langue.


Je propose d’expliquer le paradoxe de l’égalité et de l’inégalité des langues et des variétés de langue grâce à deux principes inspirés d’auteurs anglais de science-fiction.


Premier principe


Toutes les langues sont égales. Ce qu’une langue permet d’exprimer, une autre permet de l’exprimer tout aussi bien.


Le fait est bien connu et n’a guère besoin de démonstration. La façon d’exprimer le complément du nom en français, le livre de Pierre, n’est pas supérieure à celle du latin, liber Petri, ni à celle du hongrois, Péternek a könyve [= Pierre à + lelivre + suffixe possessif]. Et il en va de même à l’intérieur d’une même langue : la chienne de Jacques dit la même chose (sur le plan de la dénotation) que la chienne à Jacques (je laisse de côté la question de la connotation).


Je propose d’appeler ce premier principe le principe de Huxley, car il n’est pas sans rappeler l’égalité entre les êtres humains telle qu’elle est présentée dans Le meilleur des mondes :


"All men are physico-chemically equal," said Henry sententiously. "Besides, even Epsilons perform indispensable services."
– Aldous Huxley, Brave New World, chap. 5




Au niveau des phonèmes et des morphèmes, toutes les langues et toutes les variétés de langue se valent : All languages are phonetico-morphogically equal. Besides, even substandard varieties perform indispensable services.


Second principe


Mais comme tout un chacun le sait bien, certaines langues sont plus égales que d’autres. Combien y a-t-il de parents à Sept-Îles qui voudraient que l’on enseignât à leurs enfants la langue de leurs voisins montagnais (innus) ? S’il fallait une autre preuve, il n’y aurait qu’à regarder le marché de l’enseignement des langues secondes et étrangères où la valeur de l’anglais surpasse largement celle des autres langues. Cette inégalité se base sur ce que je propose d’appeler le principe d’Orwell :


All animals are equal but some animals are more equal than others.
– George Orwell, Animal Farm



Illustrations du principe d’Orwell


Voyons ce que donne l’application de ce principe en fonction du marché linguistique. Dans le monde des arts, les interprètes savent très bien de quel côté leur pain est beurré et s’ajustent en fonction du public qu’ils ciblent. Prenons l’exemple de deux acteurs de cinéma québécois très populaires ces dernières années : François Arnaud et Marc-André Grondin.


Sur le marché linguistique québécois, François Arnaud utilise le « français standard en usage au Québec » :



Sur le marché linguistique international, François Arnaud fait une brillante carrière en anglais :


Sur le marché linguistique québécois, Marc-André Grondin a tourné en « français standard en usage au Québec » dans C.R.A.Z.Y.



Pour percer le marché linguistique français, Marc-André Grondin a eu recours aux services d’un coach linguistique (et non d’un professeur de diction : dans ce dernier cas, il aurait parlé comme Jean-Louis Roux ou Gérard Poirier). Sur le marché linguistique français, Marc-André Grondin parle comme un Français de sa génération :


vendredi 17 février 2012

Contre la pensée unique



Dans Le Devoir de ce matin, il est question, dans la chronique de Christian Rioux, du livre que vient de faire paraître Claude Hagège, Contre la pensée unique (Paris, Odile Jacob) :


« Claude Hagège l'a mainte fois expliqué. L'anglais et le français ont cette particularité de partager des milliers de mots qui s'écrivent pratiquement de la même façon mais qui ne veulent pas dire la même chose. On n'a qu'à écouter nos députés à Ottawa ou ces sportifs qui baignent quotidiennement dans l'anglais, pour deviner à quel français médiocre nous condamnons ainsi nos enfants.


[…]

Le livre foisonne d'exemples qui montrent qu'une langue est une façon de percevoir le monde et comment, d'anglicismes en calques grossiers, nous finissons par parler un jargon indigent, sans nuances, qui n'a plus que l'apparence du français. Une langue dont l'esprit s'est envolé. »
– Christian Rioux, « Avant le crime », Le Devoir, 17 février 2012


J’ai donné, dans les billets de ce blogue, plusieurs exemples de calques et d’emprunts sémantiques qui se sont infiltrés dans le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française.


Espérons que l’on sera plus réceptif aux propos de Claude Hagège qu’on l'a été au manifeste « Au-delà des mots, les termes » de dix-neuf anciens terminologues de l’OQLF.

dimanche 12 février 2012

Le manifeste des terminologues, un an déjà



Il y a un an paraissait le manifeste de 19 anciens terminologues de l’Office québécois de la langue française dénonçant le changement d’orientation dans les travaux terminologiques de l’Office (cliquez ici pour lire le texte de la lettre ouverte publiée dans Le Devoir et Cyberpresse). Texte appuyé par une centaine de terminologues, traducteurs, réviseurs, langagiers.


Depuis, qu’est-il arrivé ? Nous avons reçu un accusé de réception poli. C’est tout.


L’Office a décidé de ne rien changer à ses méthodes de travail.


Comme j’ai appris qu’on disait que les anciens terminologues ne basaient leurs critiques que sur les quelques cas mentionnés dans leur lettre ouverte, j’ai décidé de prouver, dossiers à l’appui, que l’on avait tort de minimiser la dérive dénoncée par eux. C’est pourquoi j’ai écrit plusieurs dizaines de billets sur le Grand Dictionnaire terminologique. À ce dossier n’oublions pas d’ajouter celui de Lionel Meney (chapitre 21, « Le Grand dictionnaire terminologique ou orientation de l’usage et usagers désorientés », Main basse sur la langue, Montréal, Liber, 2010).


Qu’est-ce que cela a donné ? Du côté de l’Office, pas grand-chose pour l’instant : il s’est contenté de corriger les fautes de français que j’ai relevées. La « période de stagnation » (ce que les historiens russes appellent период застоя) continue mais la surdité et l’aveuglement ne pourront tenir indéfiniment. On peut espérer que le prochain rendez-vous électoral sera le début d’une perestroika.



Du côté de l’opinion publique, les choses ont davantage progressé. On commence à savoir de plus en plus que le GDT doit être utilisé avec précaution.

jeudi 9 février 2012

GDT : la langue courante et la politique de l’emprunt


J’ai déjà écrit ce que je pensais de l’introduction de la notion de langue courante dans le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française. La langue courante n’a pas grand-chose à faire dans les fiches d’un dictionnaire spécialisé, sauf à la rigueur dans les notes. Les termes de la langue courante n’ont pas leur place comme synonymes dans les entrées.


Aujourd’hui, je veux insister sur le fait que l’introduction de la notion de langue courante dans le GDT contredit les bases de l’Énoncé d’une politique relative à l’emprunt de formes linguistiques étrangères. On l’a vu à maintes reprises dans mes billets, le GDT fait intervenir l’ « intégration dans le système linguistique français » ou la non-intégration pour accepter ou refuser les mots étrangers (laissons aujourd’hui de côté les calques et les emprunts sémantiques sur lesquels le GDT est moins regardant).


Or, un grand nombre d’anglicismes lexicaux sont parfaitement intégrés dans la langue courante du Québec, souvent depuis longtemps, tant du point de vue phonétique que du point de vue morphologique ou dérivationnel. Quelques exemples : un coat, disque digital, booster la batterie, laisser un tip à la waitress ; check a donné le verbe checker ; à côté du nom scanner / scanneur on trouve le verbe scanner, etc. Dans la mesure où ils font partie de la langue courante, on devrait les trouver, eux aussi, comme synonymes dans les entrées du GDT.


Il y a une contradiction intrinsèque entre l’introduction de la notion de langue courante dans le GDT et la politique de l’emprunt adoptée par l'OQLF.


Et si la langue courante n'avait pas grand-chose à faire dans un dictionnaire terminologique ?

mardi 7 février 2012

La campagne de promotion de la nette prédominance de l’anglais




L’Office québécois de la langue française a repris en janvier sa campagne de promotion sur la francisation des marques de commerce (pour voir la pub, cliquez ici) :

« Respecter la Charte de la langue française dans l’affichage d’une marque de commerce comme nom d’entreprise, c’est au minimum afficher un descriptif en français. »


Il s’agit donc d’une campagne de francisation a minima (« c’est au minimum… ») : nous en sommes rendus à quémander des miettes de respect.


Et cette campagne est à côté de la plaque. Dès 2000, dans son Avis sur l’affichage du nom d’entreprise, le Conseil (aujourd’hui supérieur) de la langue française expliquait qu’en vertu des conventions internationales les marques de commerce constituent une exception (d’ailleurs reconnue dans le règlement sur la langue du commerce et des affaires) et il recommandait

« QUE l'Office de la langue française exerce davantage son rôle de service et de soutien à la francisation des noms d'entreprises et de l'affichage des établissements commerciaux, en proposant, aux établissements qui s'identifient par une marque de commerce, une série de mesures visant à accroître la présence du français dans leur affichage ».


Il ne recommandait pas que l’Office quémande des miettes de français mais qu’il veille à accroître la présence du français. Avec l’objectif d’en assurer la « nette prédominance », comme le prévoit la Charte de la langue française.


Rappelons les deux premières recommandations du Conseil qui, même si douze ans se sont depuis écoulés, n’ont pas connu le début d’une mise en pratique :


1.    QUE le gouvernement du Québec entreprenne des négociations avec le gouvernement fédéral pour que ce dernier, lorsqu'il enregistre une entreprise dont le siège social est situé au Québec, exige que son nom officiel comprenne une version française dont l'usage serait obligatoire au Québec.

2.    QUE le gouvernement du Québec propose au gouvernement fédéral un mécanisme pour qu'une société fédérale dont le siège social est situé dans une autre province soit tenue d'utiliser une version française de son nom d'entreprise lorsqu'elle fait affaires au Québec.


Et qu’a-t-on fait des sixième et huitième recommandations du Conseil?


6.    QUE les établissements à forte connotation ethnoculturelle puissent bénéficier de services pour concilier leur désir de s'afficher dans une autre langue que le français et la nécessité de répondre aux attentes des consommateurs eu égard à la présence du français; ces services pourraient être offerts par un regroupement dont la création est proposée dans le présent texte ou, à défaut, par l'Office de la langue française.

8.    QUE le gouvernement du Québec et les associations privées en cause mettent en place un comité chargé d'étudier la création d'un regroupement pour l'usage du français dans l'affichage commercial dans le but de contribuer à la promotion du français dans l'affichage des noms d'entreprises, en particulier quand ces noms comportent des marques de commerce.


*   *   *
On me dit, mais je n’ai pu le vérifier, que des associations de marchands de la région de Montréal ont récemment engagé des « agents de francisation ». Contrairement aux conseillers en francisation de l’Office, ces agents de francisation n’attendraient pas de recevoir des plaintes pour réagir mais prendraient l’initiative d’intervenir pour sensibiliser les commerçants. Pour l’heure, ce serait le seul effet positif en lien avec la campagne de promotion de l’Office. C’est en tout cas un signe encourageant. Mais il ne faudrait pas que ce soit un feu de paille : c’est une initiative qui devra s’étendre sur plusieurs années.

lundi 6 février 2012

The Thick Red Line / 2


On pouvait lire dans l’édition électronique du Soleil du 3 février 2012 :


Déclarations de presse: une pratique «normale», dit le ministre Fournier
La composition de « lignes de presse » est une pratique normale pour un gouvernement qui veut porter un discours cohérent, affirme le ministre Jean-Marc Fournier.
La publication, jeudi, par Le Soleil, de la liste des réponses suggérées aux députés et ministres libéraux aux questions anticipées des journalistes a fait réagir sur la colline parlementaire.
[…]
Au Parti québécois (PQ), le député Denis Trottier affirme que chacun reçoit un résumé des sujets d'actualité les plus brûlants. Mais il n'y a pas de « ligne » à tenir, affirme-t-il.


Le titreur a visiblement consulté le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française qui condamne l’expression lignes de presse et propose de la remplacer par déclarations de presse. Seulement, voilà, l’équivalent proposé par le GDT ne tient pas la route : il ne s’agit pas, en effet, de déclarations de presse (qui n’ont pas encore été faites) mais de messages à véhiculer et de réponses toutes prêtes à donner au cas où il faudrait faire une déclaration à la presse : « des réponses suggérées aux députés et ministres libéraux aux questions anticipées des journalistes », comme l’écrit le journaliste. C’est aussi ce qu’illustre l’intervention du député péquiste, qui parle de « ligne à tenir ».


La fiche du GDT date de 2001. Elle est clairement obsolète. Pourtant, le GDT a traité de concepts connexes pour lesquels il propose une désignation appropriée qui aurait pu être reprise pour traduire media line (même si je continue à préférer le terme éléments de langage pour les raisons données dans mon billet précédent), par exemple :

Argumentaire (domaine : commerce, vente personnelle) : « Recueil d'arguments à l'usage du vendeur. » Avec la note très éclairante : « Ce document a une extension plus ou moins grande. Il peut notamment comporter : - les arguments positifs considérés comme le plus persuasifs à l'égard de l'acheteur éventuel : intérêt du produit, rendement, solidité, originalité, mérites techniques...; - les réponses aux objections possibles présentées, soit point par point, soit sous forme synthétique insistant sur les avantages généraux qui contrebalancent certaines faiblesses particulières du produit : - généralement, des éléments de solution à toutes les difficultés qui peuvent être rencontrées : inadaptation de l'attitude du vendeur au caractère de son client, insuffisante organisation de son travail personnel, particularismes régionaux, etc. » (fiche de 1983)

Argumentaire (domaine : généralité) : « Liste des arguments qui viennent à l'appui d'une thèse, d'une opinion, d'un programme politique. » (fiche de 1999)

Argumentaire éclair (domaine : gestion) : « Présentation très concise effectuée en quelques minutes par un entrepreneur pour faire valoir son idée d'entreprise, son modèle d'affaires, sa stratégie de marketing et pour exposer la situation concurrentielle de son entreprise à des investisseurs potentiels. » (fiche de 1999)

jeudi 2 février 2012

The Thick Red Line


Les «lignes de presse» existent. Le Soleil a obtenu celles envoyées hier matin à tous les élus libéraux par le cabinet de la whip en chef du gouvernement de Jean Charest.
Il s'agit d'un document devant permettre aux députés et aux ministres de répondre aux questions des journalistes.
– Le Soleil, 2 février 2012 (site Internet)


Lundi soir, à la télévision, Jean-François Kahn écoutait, hilare, Nadine Morano puis lançait, en brandissant une feuille, qu’elle venait de débiter les éléments de langage élaborés par l’UMP. Cette feuille, distribuée aux responsables du parti majoritaire dès le 5 octobre, constituait un argumentaire en trois points :
« -Une consultation privée, aussi grande soit-elle, ne fait pas une élection. C’est en 2012 que l’élection présidentielle aura lieu, pas en octobre 2011.
-La primaire PS montre bien la difficulté du PS à désigner un candidat. Faire arbitrer les querelles d’ego par les électeurs, cela montre bien le désarroi de cet ancien grand parti devenu parti de chapelles, de clans.
-Le choix d’un candidat ne résout pas le problème du programme, inapplicable parce que déconnecté des réalités économiques de notre pays. Il faudra un président protecteur et volontaire sur le plan international comme l’est Nicolas Sarkozy plutôt qu’un président de conseil général, ou maire d’une grande ville. »
Munis de leur feuille, les ténors de l’UMP se sont donc répandus sur les media.
– Site de Louis-Jean Calvet, 12 octobre 2011


Le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française nous apprend que ligne de presse est un terme à éviter. Fort bien. Et qu’« il entre inutilement en concurrence avec déclaration de presse[1] ». On voit tout de suite que l’affirmation est fausse car on ne peut guère remplacer lignes de presse par déclarations de presse dans la citation du Soleil qui introduit ce billet.


En plus, même l’équivalent anglais que donne le GDT est discutable. En anglais, on dit plutôt « line to take », « a media line to take »:



In policy terms he was nowhere near as inventive as either Mr Brown or Mr Blair. But his conviction as a Labour Party revisionist, his expertise in devising a media "line to take" on any particular issue, his ability to compress it into a soundbite that would lodge in the public mind, and his knowledge of which journalists would be most receptive to which message, were all invaluable assets to his more senior colleagues.
The Independent, « The Mandelson Affair: The Rise To Influence – A political triangle that fell apart », 24 décembre 1998


L'équivalent français de « line to take » est éléments de langage, que le dictionnaire en ligne Reverso définit ainsi : « mots-clés d'un discours, notamment politique, qu'il faut citer pour illustrer un propos. »


Le site toupie.org donne une meilleure définition :


En politique ou en communication, l'expression "éléments de langage" désigne un argumentaire sur un sujet donné, préparé à l'avance, et répété par les membres d'un groupe politique ou les chargés de communication. Ils permettent de s'assurer de la cohérence des discours en invitant les différents intervenants dans les médias à utiliser des éléments d'analyse, des idées, à citer des mots-clés ou à placer des "petites phrases" pour illustrer leurs propos.
Synonymes : réponses toutes faites, questions-réponses, prêt-à-penser, fiches.
http://www.toupie.org/Dictionnaire/Elements_langage.htm


On peut toutefois se demander si les éléments de langage constituent vraiment un argumentaire. Car il n’y a pas vraiment d’argumentation, seulement des messages à transmettre, une opinion publique à manipuler :


Les éléments de langage sont une base de la communication opérationnelle. L’objectif est de faire assimiler à un journaliste des mots et des phrases qui doivent permettre à la Défense de transmettre au public ses doctrines et ses positions. C’est pour s’assurer de cela et pour protéger les militaires (identités, renseignement…) que des officiers spécialisés accompagnent systématiquement les reporters sur le terrain.
Site Actudéfense (L’information des forces armées françaises et étrangères, article « Paris Match, destructeur d’éléments de langage », 17 juin 2010)


*   *   *


Le Bulletin de terminologie 252 du Bureau de la traduction (Ottawa) traduit « media line » par infocapsule : « Bref énoncé ou paragraphe préparé à l'intention des porte-parole de l'organisation pour les aider à répondre aux questions des médias ». Avec la note : « Les infocapsules reflètent ou contiennent les messages clés approuvés par l'organisation ».


L’expression éléments de langage rend mieux compte de la nature profonde du procédé, la manipulation de l’opinion.



[1] Définie ainsi : « Déclaration brève faite aux journalistes, qui exprime la position officielle du gouvernement ou d'un organisme sur un sujet donné. »