samedi 27 septembre 2014

(R)évolution lexicale


Extrait d’un article paru récemment dans Libération :

Rien d’abord de très spectaculaire, en cette évolution (le terme vaut pour le meilleur et pour le pire) que, comme toujours, le vocabulaire allait révéler. Mais lorsque nous ne nous découvrîmes plus que quelques-un-e-s à nous offusquer de la banalisation d’expressions telles que «être en capacité», d’anglicismes du tonneau de «performer», de «challenger», de «cliver» ou d’«impacter» (comme verbes !), de tics de langage sollicitant «l’ADN» de tout et de n’importe quoi, au point de rendre nécessaire un « changement de logiciel », tout ce charabia qu’une novlangue d’inspiration affairiste inspirait, il était trop tard.
Trop tard pour se rendre compte que, depuis des années et sans que nulle «bible» ne l’imposât, il y avait bien plus qu’une mode dans le remplacement somme toute paisible, dans l’espace public, de «patrons» par «chefs d’entreprise», d’«usagers» (des services publics démantelés) par «clients», de «cotisations» par «charges», de «prix du travail» par «coût du travail». 
– Pierre Marcelle, « Révo’ cul’ à ‘Libération’ (épisode 3) », Libération, 18 septembre 2014.


mardi 16 septembre 2014

Couler des infos





Cet emploi du verbe couler dans le titre et le texte d’un article qui vient d’être mis en ligne sur le site du Devoir résulte d’une mauvaise traduction de l’anglais. En français contemporain on dit fuiter. Cliquer ici pour lire mon billet sur le sujet.


P.S. du 17 septembre : dans la version papier et l’édition électronique du lendemain, la faute a été corrigée :



samedi 13 septembre 2014

Épreuve uniforme de français langue d’enseignement au collégial : évolution des résultats sur 16 ans – Conclusion


Avant d’apporter une conclusion aux huit billets mis en ligne depuis le 3 septembre et portant sur l’évolution des résultats à l’épreuve uniforme de français du collégial, rappelons que la réussite à l’épreuve uniforme, examen de français et de littérature, est obligatoire pour l'obtention du diplôme d'études collégiales (DEC). Le bilan de la situation linguistique produit en 2008 par l’Office québécois de la langue française décrit ainsi cette épreuve :

L'examen prend la forme d'une dissertation critique de 900 mots rédigé à partir de textes que l'élève lit et qui lui servent à bâtir son argumentation. Le ministère de l'Éducation définit ainsi l'objectif de cet examen : « vérifier que les élèves possèdent, au terme de leur formation générale commune en langue d'enseignement et littérature, les compétences suffisantes en lecture et en écriture pour comprendre des textes et énoncer un point de vue critique pertinent, cohérent, et écrit dans une langue correcte.1 » L'élève dispose de quatre heures trente minutes pour prendre connaissance des textes littéraires, rédiger sa dissertation et la réviser. Il a le droit de consulter au maximum trois ouvrages de référence sur le code linguistique.
La structure de la grille de correction est la suivante :

Grille de correction
1. Compréhension et qualité de l’argumentation
Sous-critères
● Compréhension de l’énoncé
● Qualité de l’argumentation
● Compréhension de textes littéraires

2. Structure du texte de l’élève
Sous-critères
● Introduction et conclusion
● Cohérence du développement

3. Maîtrise de la langue
Sous-critères
● Syntaxe et ponctuation
● Orthographe
● Vocabulaire

                L'évaluation générale se fait selon une échelle à six niveaux : A, B, C, D, E et F.
                Pour réussir, l'élève doit obtenir une note globale égale ou supérieure à C pour chacune des trois parties. Dès qu'une des trois cotes est égale ou inférieure à D, les correcteurs imposent un verdict d'échec. Notons qu’une note égale ou inférieure à D pour l’un des sous-critères n’entraîne pas un verdict d’échec.
Rapport sur l’évolution de la situation linguistique, OQLF, 2008, p. 164-164.


*   *   *

Que conclure des analyses présentées dans les huit billets précédents ? Je n’ai pas encore analysé (le ferai-je ?) les résultats aux critères compréhension et qualité de l’argumentation, structure du texte de l’élève, ni, dans le cas du critère maîtrise de la langue, les résultats au sous-critère syntaxe et ponctuation et au sous-critère vocabulaire. Je me limiterai donc à cinq constats :

•De l’année scolaire 1997-1998 à l’année scolaire 2012-2013, le taux global de réussite est à la baisse.

•Le taux de réussite au critère maîtrise de la langue est lui aussi en baisse.

•La proportion des candidats qui reçoivent une note égale ou supérieure à C au sous-critère orthographe d’usage et orthographe grammaticale affiche une tendance à la baisse.

•La proportion des candidats qui reçoivent la cote A en orthographe (c’est-à-dire qui font 3 fautes ou moins) est elle aussi à la baisse mais en nombres absolus la situation est stable.

•La proportion des candidats qui reçoivent les cotes D (de 16 à 20 fautes), E (de 21 à 30 fautes) et F (plus de 31 fautes) en orthographe est à la hausse. Il y a aussi une hausse dans les chiffres absolus.


Pour résumer les deux derniers points, il y a autant de collégiens très bons en orthographe qu’il y a une quinzaine d’années mais les candidats en situation d’échec augmentent.

________
1 Les résultats aux épreuves uniformes du collégial. Français et anglais, langue d'enseignement et littérature. Édition 2001-2002, Ministère de l'Éducation du Québec, 2003, p. 10.


vendredi 12 septembre 2014

Épreuve uniforme de français langue d’enseignement au collégial : évolution des résultats sur 16 ans – Les données /7


La sélection des données


Même si le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Science n’a pas mis en ligne les rapports sur les résultats à l’épreuve uniforme de français du collégial antérieurs à l’année scolaire 2009-2010, il offre tout de même à la fin de ses rapports un graphique présentant l’évolution du taux global de réussite depuis l’année scolaire 2000-2001 :






Dans ses graphiques, le Ministère choisit comme début de série pour ses données l’année scolaire 2000-2001 plutôt que la première année d’existence de l’épreuve uniforme de français. En d’autres termes, il a choisi de laisser de côté les trois années où le taux de réussite a été historiquement le plus élevé :




Le taux de réussite a connu son creux historique en 2005-2006 (81 %). Il suffit de le prendre comme point de départ pour montrer que la réussite à l’épreuve de français est franchement à la hausse…

jeudi 11 septembre 2014

Épreuve uniforme de français langue d’enseignement au collégial : évolution des résultats sur 16 ans – Les données /6


Retour sur les cotes D, E et F


Dans le billet précédent consacré à la cote A, j’ai montré que, si la proportion des candidats à l’épreuve uniforme de français recevant la cote A affichait une tendance à la baisse au fil des ans, il n’en allait pas de même si l’on considérait les nombres absolus : dans ce cas, il y avait stabilité.


J’ai voulu vérifier si la même constatation s’appliquait aussi aux cotes D, E et F, toutes trois synonymes d’échec. On a vu dans le billet du 9 septembre que la proportion des candidats recevant ces cotes est à la hausse depuis l’année scolaire 1997-1998 :



Le graphique et le tableau suivants montrent qu’en nombres absolus la tendance est aussi à la hausse.



Évolution des résultats (en N) au sous-critère orthographe d’usage et orthographe grammaticale
Les cotes D, E et F
(collégial, ensemble du Québec), 1998-2013
Année scolaire
D
E
F
1997-1998
5089
3474
1656
2002-2003
5064
3451
2030
2009-2010
5967
4695
2906
2010-2011
5840
4280
2498
2011-2012
5361
3950
2479
2012-2013
5966
4507
2970
Le tableau est incomplet parce que je n’ai plus les anciens rapports du ministère de l’Éducation et que ce dernier n’a sur son site Internet que les rapports postérieurs à 2009-2010. Pour les années précédentes, la source est le Rapport sur l’évolution de la situation linguistique au Québec (OQLF, 2008).


mercredi 10 septembre 2014

Épreuve uniforme de français langue d’enseignement au collégial : évolution des résultats sur 16 ans – Les données /5


Les cotes A

Selon le barème appliqué dans la correction des copies de l’épreuve uniforme de français du collégial, reçoivent la cote A les collégiens qui ont fait au maximum trois fautes.
  
Évolution des résultats au sous-critère orthographe d’usage et orthographe grammaticale
La cote A
(collégial, ensemble du Québec), 1998-2013
Années scolaire
Cote A en %
N
1997-1998
15
6435
2002-2003
14,3
6028
2003-2004
14,1
n.d.
2005-2006
14,9
n.d.
2009-2010
13
6037
2010-2011
13,7
6291
2011-2012
14,5
6319
2012-2013
13,4
6209
Le tableau est incomplet parce que je n’ai plus les anciens rapports du ministère de l’Éducation et que ce dernier n’a sur son site Internet que les rapports postérieurs à 2009-2010. Pour les années précédentes, la source est le Rapport sur l’évolution de la situation linguistique au Québec (OQLF, 2008).


Depuis l’année scolaire 1997-1998, la proportion des collégiens qui obtiennent la cote A tend à décroître, comme le montre le graphique suivant.





En revanche, si l’on considère les nombres absolus, la tendance est à la stabilité, comme on le voit dans le graphique suivant.



mardi 9 septembre 2014

Épreuve uniforme de français langue d’enseignement au collégial : évolution des résultats sur 16 ans – Les données /4


Évolution inquiétante


Dans l’épreuve uniforme de français, l’orthographe grammaticale et l’orthographe d’usage sont évaluées selon le barème suivant :

A = de 0 à 3 fautes
B = de 4 à 7 fautes
C+ = de 8 à 11 fautes
C = de 12 à 15 fautes
D = de 16 à 20 fautes
E = de 21 à 30 fautes
F = plus de 31 fautes


Dans le billet précédent, j’ai présenté les résultats combinés des cotes A, B, C+ et C.


Aujourd’hui, je propose de jeter un coup d’œil à l’évolution de la proportion des collégiens qui se voient attribuer les cotes D, E et F.


La proportion des cégépiens qui ont reçu la cote D est passée de 11,9 % en 1997-1998 à 12,8 % en 2012-2013. La tendance, en apparence légère, est à la hausse (+7,6%).


Sur la même période, les cotes E sont passées de 8,1 % à 9,7 %. Tendance à la hausse, plus marquée que dans le cas précédent (+20 %).


L’évolution la plus négative touche les cotes F : 3,9 % des collégiens ont reçu la cote F en 1997-1998 mais ils étaient 6,4 % en 2012-2013 (une hausse de 64 % !).


Il faudra bien qu’on nous explique pourquoi la proportion des moins bons est en hausse de plus de 60 %.


Évolution des résultats (en %) au sous-critère orthographe d’usage et orthographe grammaticale
Les cotes D, E et F
(collégial, ensemble du Québec), 1998-2013
Année scolaire
D
E
F
1997-1998
11,9
8,1
3,9
2002-2003
12
8,2
4,8
2003-2004
12,7
8,7
5,7
2005-2006
11,9
9,8
6,2
2009-2010
12,8
10,1
6,2
2010-2011
12,7
9,3
5,5
2011-2012
12,3
9,1
5,7
2012-2013
12,8
9,7
6,4
Le tableau est incomplet parce que je n’ai plus les anciens rapports du ministère de l’Éducation et que ce dernier n’a sur son site Internet que les rapports postérieurs à 2009-2010. Pour les années précédentes, la source est le Rapport sur l’évolution de la situation linguistique au Québec (OQLF, 2008).


lundi 8 septembre 2014

Épreuve uniforme de français langue d’enseignement au collégial : évolution des résultats sur 16 ans – Les données /3



Évolution du taux de réussite* au sous-critère orthographe d’usage et orthographe grammaticale
(collégial, ensemble du Québec), 1998-2013
1997-1998
76,1
2002-2003
75
2003-2004
72,9
2005-2006
72,1
2007-2008
74,2
2008-2009
71,3
2009-2010
70,9
2010-2011
72,5
2011-2012
72,8
2012-2013
71
* Hypothèse sur laquelle est basé le tableau : les cotes A, B, C+ et C équivalent à la réussite (15 fautes et moins).
Le tableau est incomplet parce que je n’ai plus les anciens rapports du ministère de l’Éducation et que ce dernier n’a sur son site Internet que les rapports postérieurs à 2009-2010.