lundi 22 février 2021

Commentaire de texte

 

Quelques notes seulement sur l’éditorial du Devoir du 22 février 2021.

« Le socle fondamental sur lequel s’est érigée l’université repose essentiellement sur deux colonnes ». Ce sont les colonnes qui reposent sur le socle, pas l’inverse.

«Le corpus étudiant contemporain est le produit des luttes sociales et de l’évolution des conceptions entourant notamment les questions identitaires et égalitaires.» Qui peut m’expliquer ce que cela veut dire? Et c'est quoi, un corpus étudiant ? Une cohorte ?

 «Dans la réflexion récente qu’il a dirigée sur l’avenir des universités québécoises, le scientifique en chef, Rémi Quirion, et son groupe d’éminences […] » Un groupe d’éminences, ça s’appelle le Sacré Collège.

 

 

Qu’est-ce qu’un Achinabé?

 

M. Perrier est le directeur des travaux publics de Kebaowek, une réserve anichinabée d’environ 300 âmes dans l’extrême ouest du Québec, près de la rivière des Outaouais.

– Alexis Riopel et Michael Wrobel, « Kebaowek se serre la ceinture », Le Devoir, 22 février 2021

 

Si vous cherchez quel peuple désigne le nom achinabé que j’ai lu à quelques reprises ces derniers temps, vous aurez de la difficulté à trouver une réponse… à moins de la connaître d’avance ! On ne trouve pratiquement rien sur Internet. Et le Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française ne vous sera d’aucune utilité. En revanche, si vous vous fiez à votre intuition et que vous cherchez le mot algonquin dans Wikipedia, vous trouverez ceci : « Les Algonquins, ou Anishinaabeg, sont un peuple autochtone algonquien de la nation des Kitchesipirinis et de langue algonquine, de la famille des langues algonquiennes. » Depuis plusieurs années, la mode à l’échelle internationale est à l’usage des « autoethnonymes » et il est curieux qu’elle n’ait guère eu d'influence sur le GDT.

 

La Banque des noms de lieux du Québec du même OQLF vous indiquera que « la réserve indienne de Kebaowek est située sur la rive ouest du lac Kipawa à une dizaine de kilomètres de la ville de Témiscaming ».

 

 

jeudi 18 février 2021

La culture du bâillon

 

Le lynchage posthume de John A. Macdonald participe évidemment de cette « cancel culture » (culture du bannissement, selon l’OQLF), dont la propagation est largement et justement décriée par les défenseurs d’un État de droit où règne la liberté de pensée.

‑ François Thérien, « John A. Macdonald et la culture du bannissement », Le Devoir, 31 août 2020

 

Nous sommes nombreux profondément choqués par les mille interdits qui frappent nos institutions à travers mots et concepts victimes de la culture du bannissement [...]

‑ Odile Tremblay, « La liberté d’expression en otage », Le Devoir, 18 février 2021

 

La proposition mise en vedette sur la fiche « cancel culture » du Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF) semble en voie de s’imposer, du moins au Québec.

 

Extrait de la fiche «cancel culture» du GDT

 

Pour ma part, je trouve que les propositions de l’Office sont des traductions un peu trop serviles qui ne rendent pas compte de la violence du terme anglais. Je leur préfère l’expression culture du bâillon entendue récemment de la bouche d’un chroniqueur de C News.

 

 

mardi 16 février 2021

L’incapacité de rendre compte des québécismes

 

Le 30 décembre 2013 puis le 19 janvier 2016, je notais que le Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF) n’avait pas de fiche sur l’expression lame de neige, pourtant typique de l’hiver québécois et bien attestée dans la presse. En 2021, l’expression est toujours absente du GDT. Il en va de même du dictionnaire en ligne Usito qui ne recense que lame de fond. Et dire que ça se pique de décrire les « usages du français au Québec » quand ce n’est pas le « français standard en usage au Québec ».

 

Le terme a été défini par le ministère des Transports en 2014 (Conditions routières hivernales. Résumé technique, p. 12) :

Une lame de neige désigne une accumulation significative de neige, en bande plus ou moins étroite, qui a été poussée par les vents ou la poudrerie sur une partie d’une voie, ou jusqu’à l’ensemble des voies de circulation. Ces lames de neige constituent généralement des obstacles localisés pour l’usager, mais elles peuvent être présentes simultanément dans toutes les conditions de la chaussée.

 

Pour des exemples de lame de neige tirés de la presse québécoise, cliquer ici et ici.