mardi 18 août 2020

Petit resto entouré d’autos


Trois organismes linguistiques francophones, trois solutions différentes pour traduire food truck.


Le Grand dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF) propose comme traduction privilégiée camion de cuisine de rue. Il ajoute comme synonymes camion-restaurant, camion de nourriture de rue et camion de restauration. La fiche, rédigée en 2017, porte la note suivante : « En France, les termes camion-restaurant et camion de restauration sont recommandés officiellement par la Commission d'enrichissement de la langue française, depuis 2016. » On se demande pourquoi le GDT, venant après, n’a pas préféré choisir l’une des deux propositions de la Commission française : tous les moyens sont bons pour faire une norme à part. Et c’est sans doute pour faciliter son implantation dans l’usage quotidien des Québécois que l’on a choisi la forme la plus longue pour traduire food truck.


La banque terminologique FranceTerme, qui diffuse les travaux de la Commission d'enrichissement de la langue française, privilégie camion de restauration et donne comme synonyme camion restaurant (sans le trait d’union que lui ajoute le GDT).


Quant à l’Académie française, elle préfère camion restaurant. Nul doute que sa préférence est basée sur le fait que le français a déjà voiture-restaurant et wagon-restaurant, sans parler de bar-restaurant, chèque-restaurant, café-restaurant.


Camion de cuisine de rue, camion de restauration, camion(‑)restaurant ont échappé à l’attention des rédacteurs d’Usito, vous savez, le dictionnaire qui est censé d’écrire l’usage du français au Québec.


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La définition du GDT, « camion spécialement équipé dans lequel est préparée et servie, mais non consommée, de la cuisine de rue », invite à aller voir comment est définie cette cuisine de rue : « nourriture préparée et servie, mais non consommée, dans des camions spécialement équipés. » Le GDT passe sous silence que la différence des camions restaurants par rapport aux cantines mobiles est que généralement ils ne servent pas de la malbouffe. Heureusement que FranceTerme est là pour le rappeler : « Camion équipé pour confectionner rapidement des mets, le plus souvent élaborés, à emporter ou à consommer sur place. »

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Il n’est peut-être pas sans intérêt de citer la note de la fiche « camion de cuisine de rue » du GDT : « En contexte, la forme courte camion de rue est parfois employée. » En contexte ! Comme s’il arrivait que l’on parlât hors contexte. Et doit-on comprendre que camion de rue s’emploie par opposition à camion d’avenue, de boulevard, d’autoroute, voire de salon?

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Je ne saurais terminer ce billet sans mentionner la fiche « nourriture de rue » où, une fois de plus, le GDT trouve le moyen le plus stupide qui soit pour justifier son acceptation d’un calque. « Bien que nourriture de rue soit un calque de l'anglais street food, il est acceptable en français puisqu'il s'intègre bien au système linguistique de cette langue. » On n’a pas encore compris que, par définition, les calques s’intègrent automatiquement au système linguistique de la langue emprunteuse. Les seuls problèmes d’intégration qui peuvent se poser à l'occasion relèvent de la sémantique : ainsi, bris d’eau (rupture de canalisation), traduction littérale (calque) de water break, ne veut rien dire en français (comment peut-on briser de l’eau ?).

vendredi 14 août 2020

À couvert du bon sens


J’ai déjà consacré deux billets au terme couvre-visage apparu au printemps. Il m’avait semblé disparaître de l’usage mais le voici qui réapparaît dans cette publicité du gouvernement du Québec (Le Devoir, 13 août 2020) :




Je ne comprends pas pourquoi le Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF) n’a toujours pas corrigé sa fiche « couvre-visage ». Ce terme est tout à fait inutile en français. Dans notre langue, ce qui couvre le visage, en tout ou en partie, s’appelle un masque. Voici ce qu'en dit le Trésor de la langue française informatisé :

I a. Objet recouvrant et représentant parfois tout ou partie du visage, qui est porté dans diverses occasions de la vie sociale selon les peuples et les époques.
b) Pièce d'étoffe recouvrant la totalité ou la partie supérieure du visage que l'on porte pour se dissimuler (portée, autrefois, par les femmes pour se protéger du soleil, du froid, etc.). 


Et voici le premier sens qu’en donne le dictionnaire de l’Académie (9e édition) :

Face de carton, de papier mâché, de cuir, etc., qu'on applique sur son visage pour se déguiser, dissimuler son identité. 


D’ailleurs le GDT, qui n’en est pas à une contradiction près, reconnaît le sens générique de masque dans une note de la fiche « masque chirurgical » : « Le terme masque facial n’est pas retenu, un masque servant pas définition à couvrir le visage. » Et cela après avoir écrit dans la définition que le masque « couvre le nez et la bouche ».

P.S.: j'ai laissé de côté masque de procédure qui figure dans la pub gouvernementale, qui est évidemment un calque à éviter, ce que ne conteste pas le GDT pourtant porté sur l'acceptation des calques.


jeudi 13 août 2020

Idiosyncrasie normative


Le hasard fait qu’en furetant sur Internet je vois une vidéo dans Youtube intitulée « How to Write a Cover Letter in English ». Cela me donne l’idée d’aller vérifier comment le Grand dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF) traduit cover letter. Le terme privilégié est lettre d’accompagnement. Cela m’étonne parce que, pendant toutes les années où j’ai été coordonnateur d’un réseau de chercheurs de l’Agence universitaire de la Francophonie, nous n’utilisions que le terme lettre de motivation. Le GDT donne bien ce terme comme synonyme, avec lettre de candidature. Mais on se demande bien pourquoi il privilégie le terme qui est le moins courant, du moins à en juger par le nombre de pages Internet où il apparaît :

Pages Internet où apparaissent les termes…

Nombre
Pourcentage
lettre de motivation
21 600 000
73,7
lettre d’accompagnement
2 900 000
9,9
lettre de candidature
4 800 000
16,4
En date du 12 août 2020


En apparence les trois termes sont aussi corrects les uns que les autres et on s'interroge sur les motifs du GDT pour ne pas privilégier le plus courant. Mais on peut tout de même se demander si lettre d’accompagnement, mis en évidence par le GDT, n’est pas près d’être un calque. Certes on n’a pas traduit servilement cover letter par lettre de couverture (qu’on entend en français québécois) mais on a choisi la forme qui s’en rapprochait le plus et qui, par ailleurs, correspond le moins à la définition donnée. Sans doute parce que l’anglais utilise motivation(al) letter à côté de cover letter a-t-on essayé d’éviter d’accorder plus d’importance à lettre de motivation, qui aurait pu trop facilement être critiqué comme un calque.


mercredi 12 août 2020

Les Misérables et le joual


Lorsqu’il y a trente-quatre ans le narrateur de cette grave et sombre histoire introduisait au milieu d’un ouvrage écrit dans le même but que celui-ci un voleur parlant argot, il y eut ébahissement et clameur. — Quoi ! comment ! l’argot ? Mais l’argot est affreux ! mais c’est la langue des chiourmes, des bagnes, des prisons, de tout ce que la société a de plus abominable ! etc., etc., etc.
Nous n’avons jamais compris ce genre d’objections.
Depuis, deux puissants romanciers, dont l’un est un profond observateur du cœur humain, l’autre un intrépide ami du peuple, Balzac et Eugène Süe, ayant fait parler des bandits dans leur langue naturelle comme l’avait fait en 1828 l’auteur du Dernier jour d’un condamné [c’est-à-dire Hugo lui-même], les mêmes réclamations se sont élevées. On a répété : — Que nous veulent les écrivains avec ce révoltant patois ? l’argot est odieux ! l’argot fait frémir !
‑ Victor Hugo, Les misérables, Livre septième, chapitre 1


L’autre jour j’entendais Michel Onfray qui disait qu’il venait de lire Les Misérables. Il précisait : et non de relire, comme se plaisent à le dire des prétentieux qui lisent une œuvre pour la première fois. Cela m’a donné l’idée de me plonger dans cette œuvre : oserais-je dire de m'y replonger ? Ce serait un peu exagéré car, dans mes années de collège, je ne l’avais lue que dans la version fortement abrégée des classiques Larousse.


Arrivé au chapitre sur l’argot, je me suis étonné que lors de notre célèbre « querelle du joual » (qui n’est sûrement plus célèbre pour les moins de vingt ans – et même chez les moins de quarante ans) on n’ait pas évoqué les pages que Hugo a consacrées à l’argot. Du moins, si cela a été fait, je n’en ai gardé aucun souvenir. J’extrais quelques citations qui, me semble-t-il, auraient été de nature à apaiser nos débats en montrant que des réactions de ce genre ne sont pas nouvelles. Cela aurait permis de relativiser les critiques adressées au partisans de l’usage du joual en littérature :

Le penseur qui se détournerait de l’argot ressemblerait à un chirurgien qui se détournerait d’un ulcère ou d’une verrue. Ce serait un philologue hésitant à examiner un fait de la langue, un philosophe hésitant à scruter un fait de l’humanité. Car, il faut bien le dire à ceux qui l’ignorent, l’argot est tout ensemble un phénomène littéraire et un résultat social. Qu’est-ce que l’argot proprement dit ? L’argot est la langue de la misère.
[…]
[…] …la misère a inventé une langue de combat qui est l’argot.
[…] …si la langue qu’a parlée une nation ou une province est digne d’intérêt, il est une chose plus digne encore d’attention et d’étude, c’est la langue qu’a parlée une misère.
[…]
On a peine à la reconnaître. Est-ce bien la langue française, la grande langue humaine ? 
[…]
Quand on écoute, du côté des honnêtes gens, à la porte de la société, on surprend le dialogue de ceux qui sont dehors. On distingue des demandes et des réponses. On perçoit, sans le comprendre, un murmure hideux, sonnant presque comme l’accent humain, mais plus voisin du hurlement que de la parole. C’est l’argot. Les mots sont difformes, et empreints d’on ne sait quelle bestialité fantastique. On croit entendre des hydres parler.


lundi 10 août 2020

La synchronie élastique



En feuilletant la biographie qu’Alain Rey a consacrée à Émile Littré, j’ai relu le passage suivant qui m’était complètement sorti de l’esprit : « …le Trésor de la langue française considère comme une ‘synchronie’ – pauvre Saussure ! – la période qui va de la fin du xviiie siècle à 1960 et après. »

Cette remarque apporte un éclairage d’importance sur Usito, Dictionnaire de la langue française – Le français vu du Québec, qui doit beaucoup au Trésor de la langue française tant dans sa nomenclature que dans ses définitions et la structure de ses articles.


On sait que les auteurs d’Usito « ont minimisé leur dette à l’égard du TLF [Trésor de la langue française] en déclarant n’avoir exploité que ‘certaines définitions’ du dictionnaire français (voir, sur le site d’USITO, la rubrique consacrée aux contributeurs à leur dictionnaire). Or, une comparaison des articles fait voir qu’USITO ne livre généralement pas une analyse originale du vocabulaire, surtout dans le cas des mots complexes, mais reprend les structures sémantiques du TLF ou du Petit Robert. » Claude Poirier ajoute plus loin : « Le français québécois a connu une évolution accélérée depuis les années 1960 ». De ce point de vue, le recours au TLF sans actualisation, même pour les mots communs avec le français de France, est un point faible d’Usito.


À la lumière de la citation d’Alain Rey, on comprend pourquoi Usito peine parfois à rendre compte de l’usage contemporain du français non seulement au Québec mais en général. Je m’en étais aperçu dès le début, à l’époque où le dictionnaire était connu sous le nom de Franqus. J’avais étudié quelques termes du vocabulaire religieux et je m’étais rendu compte que le dictionnaire sherbrookois donnait des définitions vieillies, antérieures au concile Vatican ii (1962-1965) : pour ne prendre qu’un exemple, pour Usito le diacre est un « clerc qui a reçu l'ordre du diaconat à titre transitoire (avant la prêtrise) » (ce qui est la définition textuelle du TLF). Le TLF a aussi la définition suivante, « par rapport à l’Église primitive » : « laïque qui exerce le diaconat à titre de fonction permanente ». La fonction de diacre permanent a été réactualisée à la suite de Vatican ii. On trouve dans le TLF, s.v. diaconat (« fonction ministérielle permanente) », cette citation qui aurait dû alerter les rédacteurs d’Usito : « Vatican II a décidé la restauration du diaconat en tant que fonction ». Selon un article de La Presse (20 avril 2014) « les diacres permanents sont apparus il y a à peine 40 ans, mais représentent déjà 20 % du personnel ordonné des diocèses, car le nombre de candidats au diaconat se maintient, alors que les séminaires se vident. Et cette proportion ne cesse d'augmenter ». Dans Usito, ni le syntagme diacre permanent ni le nouveau sens n'ont été enregistrés.


On ne juge pas un dictionnaire à partir d’un seul mot même s’il me semble que l’exemple choisi illustre bien les lacunes que peut entraîner le recours souvent systématique à un « trésor » dont la base documentaire est désormais vieillie. Je vous invite donc à lire mes autres critiques ainsi que celles de Claude Poirier et de Lionel Meney en cliquant ici. Pour un exemple que j'ai donné plus récemment d'ignorance des usages actuels du français québécois (déployer), cliquer ici.


La norme grammaticale du français parlé au Québec


L’étude de Davy Bigot intitulée « De la norme grammaticale du français parlé au Québec », parue dans Identités linguistiques, langues identitaires : à la croisée du prescriptivisme et du patriotisme (Arborescences, revue d’études françaises, Département de français, Université de Toronto, 2011, no 1), avait échappé à mon attention. Je me permets d’en reprendre la conclusion :

Dans un premier temps, nous avons vu que le débat sur la norme du français au Québec a vite opposé deux principales positions : d’un côté les partisans en faveur d’une norme internationale, de l’autre, les partisans en faveur d’une norme qui tient compte des usages réels au Québec. Nous avons également vu que selon Barbaud (1998a, 1998b), le problème venait de la concurrence des formes grammaticales standard et vernaculaires dans le discours des élites québécoises. Il affirmait d’ailleurs que si la norme linguistique du français québécois oral devait être basée sur le parler de l’élite, cela poserait d’énormes problèmes communicationnels avec le reste de la francophonie et qu’il y aurait une diglossie entre l’oral et l’écrit au Québec. Mon étude démontre que cela ne peut pas être le cas, puisque les membres des élites sociale et culturelle du Québec emploient de façon homogène un modèle grammatical oral très proche de celui présenté dans Le bon usage (donc de l’écrit). Dans une étude parue récemment, Maurais souligne que les Québécois «croient que leur variété de langue tend à se rapprocher des autres variétés de français» (Maurais 2008 : 113). Les résultats obtenus à partir de l’examen du corpus Le Point tendent à démontrer que c’est le cas pour ce qui est de leur norme grammaticale orale. Ces mêmes résultats viennent aussi appuyer directement les positions de Corbeil (1993, 2007), de Nemni (1998) et du CLF (2007).
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*On trouvera les références complètes dans l’article de Davy Bigot republié sur le site d’Érudit.


lundi 3 août 2020

Masque ou couvre-visage /2


Dans mon billet du 27 juillet, j’ai remis en cause la fiche « couvre-visage » du Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF). J’ai noté qu’il était impropre d’utiliser le terme couvre-visage pour une pièce de tissu qui ne couvrait pas tout le visage mais seulement le nez et la bouche. Le GDT a une fiche « mask = masque » et une autre « face covering = couvre-visage », sans renvoi d’une fiche à l’autre et sans explication claire de la différence entre les deux. Cette question n’a cessé depuis de me turlupiner et j’ai finalement trouvé l’explication que le GDT n’a pas voulu donner clairement.


Cette explication, je l’ai trouvée en écoutant la BBC, chose que je n’avais pas faite depuis plusieurs semaines. J’ai constaté qu’à la BBC on utilise beaucoup plus fréquemment face covering que mask. J’ai voulu savoir pourquoi. La réponse est très simple : le gouvernement britannique craint une pénurie de masques chirurgicaux pour le personnel médical de première ligne et encourage donc les simples citoyens à utiliser des masques non chirurgicaux. D’où la différence faite entre mask et face covering. Sur le site d’une pharmacie britannique on peut lire : « A “face covering” can be worn by the general public as opposed to face masks worn by healthcare and other at-risk workers ». Cette distinction a été servilement reprise par Termium (bases de données linguistiques du gouvernement fédéral à Ottawa) et par le GDT sans qu’on en montre l’utilité au Canada. Sauf sans doute pour ceux qui prônent le port du niqab, comme le révèle cette réponse du ministère de la Santé du Québec publiée sur le site de la CBC :

Do religious face coverings count as masks? Your COVID-19 questions answered
In an email from Quebec's Ministry of Health and Social Services, spokesperson Marjorie Larouche said that "a person who wears a religious sign made of fitted fabric that covers the nose and mouth does not have to wear an additional mask or face covering."
A niqab is considered a face covering if it covers the nose and mouth, Larouche said. But in the case of a hijab, which doesn't give the same coverage, it "cannot be considered as protection," she said.

Documents

What is the difference between face coverings and face masks?
A face covering simply refers to using any type of fabric or material to cover your face, whereas a face mask, typically, is professionally manufactured, such as the the ones used in healthcare.
Face coverings can be made at home using common household items, such as an old T-shirt or bedding.
The government advise reads: "A cloth face covering should cover your mouth and nose while allowing you to breathe comfortably.
[…]
The government has advised people to use face coverings instead of face masks, to make sure frontline workers still have access to them.
A statement read: "Face coverings are not the same as face masks.
"It is important that people do not use medical-grade PPE masks to ensure these remain available for frontline staff."
Since the COVID-19 outbreak began in Europe, there has been seen an overwhelming surge of international demand for PPE, which in turn has thrown up a number of issues including shortages, or poor-quality equipment failing tests.



What is the difference between a face mask and a face covering?
Approved by our clinical team | Jul 08, 2020
“Face covering” is the term being used by the UK government to describe a piece of material that can be secured around the face to cover the nose and mouth. A “face covering” can be worn by the general public as opposed to face masks worn by healthcare and other at-risk workers. A face covering is not the same as the surgical masks or respirators used by healthcare and other workers as part of personal protective equipment. These should continue to be reserved for those who need them to protect against risks in their workplace, such as health and care workers, and those in industrial settings, like those exposed to dust hazards.
In short, “face covering” is a general term that might apply to any of the following:
·         Scarf
·         Bandana
·         Homemade mask
·         Shop-bought disposable or reusable mask 
A covering will be suitable if it can tie comfortably around your head, cover your nose and mouth, and allow you to breathe easily.


samedi 1 août 2020

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?


Je reviens sur la Politique de l’emprunt linguistique publiée en 2017 par l’Office québécois de la langue française (OQLF) et sur sa définition de calque sémantique, notion absurde. Voyons ce qu’écrit l’OQLF :

Calque sémantique : Unité lexicale préexistante dans une langue emprunteuse, à laquelle on associe un nouveau sens par la traduction d’une unité lexicale d’une autre langue.


Qu’en termes complexes ces choses-là sont dites ! Et encore manque-t-il un élément important dans la définition: la traduction littérale.


Ce que l’OQLF appelle un calque sémantique est, plus simplement, un emprunt sémantique, c’est-à-dire la traduction littérale d’un mot étranger : mouse (informatique) devient souris en français. La première politique de l’emprunt de l’Office (1980) avait une définition beaucoup plus simple : « sens nouveau ajouté à un mot déjà existant dans une langue à partir d’une autre langue ». C’était trop simple.


Dans la première politique de l’Office, la notion de calque sémantique était absente parce qu’elle est en elle-même absurde. Car le calque est nécessairement syntagmatique (il faut la présence d’au moins deux éléments l’un à côté de l’autre). Le calque est la « traduction littérale dans une langue d’une expression d’une autre langue. La notion de calque s’applique également à un mot simple, analysable en éléments que l’on traduit littéralement ».

Exemples d’expressions traduites littéralement : sky-scraper > gratte-ciel, to speak through one’s hat > parler à travers son chapeau.

Exemple d’un mot simple analysable en éléments que l’on traduit littéralement : listing > listage.


L’Académie française, où on sait encore écrire un français simple, s’exprime ainsi sur ces questions :

Aux emprunts proprement dits, il convient d’ajouter les emprunts sémantiques (qui consistent à donner une nouvelle acception, anglaise en l’occurrence, à des mots français existants comme conventionnel ou négocier), les réintroductions de termes anciennement empruntés au français par l’anglais (comme chalenge, coach), et les calques (traductions terme à terme de l’anglais comme guerre froide, cols blancs et cols bleus, homme de la rue...).