mardi 31 octobre 2023

« Le masculin fait le neutre » (sic)


Lundi dernier, à l’occasion de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française, le président Emmanuel Macron a déclaré qu’en français « le masculin fait le neutre. » On se demande qui est le scribouilleur qui a pu lui faire dire une telle absurdité. En français, le neutre n’existe qu’à l’état résiduel (par exemple « ça »).

 

L’idée que le masculin est un neutre est apparue à l’époque où l’Académie française s’est servi des expressions terme marqué (le féminin) et terme non marqué (le masculin) du Cercle linguistique de Prague pour justifier son opposition à la féminisation des titres de fonction. Malheureusement elle a très mal vulgarisé ces notions. On trouvera des explications plus complètes à la fin de mon billet du 8 novembre 2017 en cliquant ici.

Pour des explications plus détaillées (en anglais), cliquer ici.

lundi 23 octobre 2023

À mer haute


Dans la page Facebook « Français de nos régions », je vois cette carte présentant les diverses façons de dire « porter un pantalon trop court » :

 


 

Au Québec, il y a une expression que j’ai entendue dans mon enfance mais dont je n’ai trouvé que deux exemples sur Internet : avoir les culottes à mer haute. Les voici (sans correction) :

 

Rien de plus drôle que de voir circuler cette gente d’acheteurs qui portent généralement des blouses qui ont déjà attrapées plusieurs coups de soleil, de grands chapeaux mous qui sont de grande mode chez les Boers, la culotte à mer haute, et des bottes sauvages faites à la babiche, montées jusqu’aux genoux. (Le Canard, journal humoristique, dimanche 2 mai 1937, p. 10)

 

On n’était pas riche, mais les mères avaient à cœur que leurs enfants ne soient pas «habillés comme la chienne à Jacques». Il demeure que les petits garçons qui grandissaient trop vite se retrouvaient bientôt avec «les culottes à mer haute». On leur demandait en riant : «Y a t-y de l’eau dans la cave chez vous?» (Blog Le grain de sel de Mado [Madeleine Genest Bouillé], 15 mars 2015)

 

Selon les commentaires qui ont été laissés sur la page Facebook « Français de nos régions » par des Québécois, l’expression serait typique de la Côte-du-Sud (d’où je viens), du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. 

 

On trouve une expression similaire en allemand : meine Hose hat Hochwasser, que le Larousse allemand-français traduit par une autre image: j’ai un feu de plancher (hochwasser haben: être en crue). 

 

mercredi 18 octobre 2023

Comment traduire «there is such a thing as»


À au moins trois reprises dans ce blogue j’ai attiré l’attention sur la tournure « il existe une telle chose que », calque de « there is such a thing as » : cliquer ici, ici et ici.

 

Quand on ne pense pas en anglais tout en essayant de parler français, on dit, comme Éric Naulleau ce matin : il y a un truc qui s’appelle. Voilà un équivalent idiomatique.

 

mercredi 4 octobre 2023

L’anglicisme comme tic de langage

 

 

S’adressant à l’alors président haïtien, Michel Martelly, présent, [François] Hollande rappela ce que personne, etc.

Jean-François Lisée, « L’étran-glement français d’Haïti », Le Devoir, 4 octobre 2023.

 

Ce n’est pas la première fois que je note cet anglicisme syntaxique sous la plume de Jean-François Lisée : l’alors président, the then president. J’avais déjà signalé cet usage en 2021 (cliquer ici). Pour l’instant J.-F. Lisée me semble le seul à utiliser cette formulation.