samedi 16 mai 2020

Les anglicismes contagieux/ 4



Le titre de la chronique de Normand Baillargeon dans Le Devoir de ce matin nous offre un bel exemple d’anglicisme (américanisme, plus précisément) dont j’ai traité à quelques reprises dans ce blog : « Science et conversation démocratique ». En français, on préfère parler de débat en pareil cas.


La chronique offre aussi quelques autres exemples d’anglicismes. On voit que l’auteur, à force de s’inspirer de lectures qui semblent bien majoritairement anglaises, finit par recourir à une syntaxe inspirée de l’anglais. À preuve, d'une chronique à l'autre, son recours fréquent à l’antéposition de l’adjectif : « un constant suivi biométrique », « cette complexe équation des politiques publique », « ces dangereuses idées », etc. Ce n’est pas que l’antéposition de l’adjectif n’est pas française, c’est sa surutilisation qui est un indice de l’influence de l’anglais.


Influence que l’on trouve aussi dans l’emploi du mot dénialiste (de l’anglais denial). Et aussi dans cette formulation curieuse: « découvrant […] qu’il existait une telle chose que des revues avec comités de lecture constitués de pairs ». C’est évidemment un calque de l’anglais.

Le chroniqueur écrit plus loin :

En quoi devrait consister cette culture scientifique générale que posséderait le plus grand nombre au terme de la scolarité obligatoire? C’est là une belle et grande question à laquelle j’ai consacré de nombreuses pages.
Je soutiens depuis longtemps qu’avec la culture littéraire, humaniste, la culture scientifique, au même titre que la première, devrait être une composante de la culture générale.


C’est l’occasion de rappeler qu’il est loin d’être le premier à aborder le thème. L’écrivain anglais malheureusement peu connu lord C. P. Snow en a fait un thème récurrent dans son œuvre littéraire (par exemple dans la série de romans Strangers and Brothers) et y a consacré un livre (The Two Cultures and the Scientific Revolution). Ce livre est ainsi résumé dans Wikipedia :

Its thesis was that science and the humanities which represented "the intellectual life of the whole of western society" had become split into "two cultures" and that this division was a major handicap to both in solving the world's problems.


Je préfère pour ma part les deux romans que le baron Snow of Leicester a consacrés à la politique et aux intrigues universitaires de Cambridge, The Masters et The Affair.





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