Le
titre de la chronique de Normand Baillargeon dans Le Devoir de ce matin nous offre un bel exemple d’anglicisme (américanisme, plus précisément) dont j’ai traité à quelques reprises dans ce blog : « Science et conversation
démocratique ». En français, on préfère parler de débat en pareil cas.
La
chronique offre aussi quelques autres exemples d’anglicismes. On voit que l’auteur,
à force de s’inspirer de lectures qui semblent bien majoritairement anglaises,
finit par recourir à une syntaxe inspirée de l’anglais. À preuve, d'une chronique à l'autre, son recours
fréquent à l’antéposition de l’adjectif : « un constant suivi
biométrique », « cette complexe équation des politiques
publique », « ces dangereuses idées », etc. Ce n’est
pas que l’antéposition de l’adjectif n’est pas française, c’est sa
surutilisation qui est un indice de l’influence de l’anglais.
Influence
que l’on trouve aussi dans l’emploi du mot dénialiste
(de l’anglais denial). Et aussi dans
cette formulation curieuse: « découvrant […] qu’il existait une telle
chose que des revues avec comités de lecture constitués de pairs ».
C’est évidemment un calque de l’anglais.
Le
chroniqueur écrit plus loin :
En quoi devrait consister cette culture scientifique générale
que posséderait le plus grand nombre au terme de la scolarité obligatoire ? C’est là une belle et grande question à laquelle j’ai consacré de nombreuses pages.
Je soutiens depuis longtemps qu’avec la culture littéraire,
humaniste, la culture scientifique, au même titre que la première, devrait être
une composante de la culture générale.
C’est
l’occasion de rappeler qu’il est loin d’être le premier à aborder le thème. L’écrivain
anglais malheureusement peu connu lord C. P. Snow en a fait un thème
récurrent dans son œuvre littéraire (par exemple dans la série de romans Strangers and Brothers) et y a consacré
un livre (The Two Cultures and the
Scientific Revolution). Ce
livre est ainsi résumé dans Wikipedia :
Its thesis was that science and the humanities which represented
"the intellectual life of the whole of western society" had become
split into "two cultures" and that this division was a major handicap
to both in solving the world's problems.
Je
préfère pour ma part les deux romans que le baron Snow of Leicester a consacrés
à la politique et aux intrigues universitaires de Cambridge, The Masters et The Affair.
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