lundi 20 septembre 2021

Le masculin générique là où on l’attendrait le moins

En 1984, quand il y a eu en France une première tentative de féminiser les noms de métier et les titres de fonction, l’Académie française a manifesté son opposition, faisant valoir que le masculin devait être considéré comme le genre non marqué. Encore aujourd’hui Hélène Carrère d’Encausse insiste pour qu’on la désigne comme le secrétaire perpétuel de l’Académie.

En anglais, le mouvement d’affirmation féministe a depuis longtemps relégué aux oubliettes un mot comme chairman. On lui a préféré chairperson (ou chair, tout court). Le président Obama parlait de humankind plutôt que de mankind. Toutefois la morphologie de cette langue fait que la question de la féminisation y a beaucoup moins d’importance.

Mais il y a des cas (au moins deux) où le masculin générique résiste en anglais.

J’ai été étonné d’apprendre que la première femme élue au poste de Master (président) de Jesus College (Cambridge), mon collège, se faisait appeler Master. Pourtant, le collège de jeunes filles Girton de Cambridge est dirigé depuis sa fondation en 1869 par une Mistress. Le secrétaire perpétuel a donc une émule outre-Manche.

Dans le dernier rapport annuel de Jesus College, je lis qu’un ancien élève a été « consort » de sa femme pendant l’année qu’elle a été Lord Mayor de Cardiff. L’anglais connaît le mot mayoressa woman who is elected or chosen to lead the group who governs a town or city», Cambridge Dictionary). Mais l’appellation Lady Mayoress ne désigne que la femme d’un Lord Mayor. L’Australie avait déjà connu en 1987 une femme qui avait été Lord Mayor : «We will have to get used to the gender bending novelty of a lord mayor who is a woman and a lady mayoress who is a man» (Herald de Melbourne, 11 août 1987).

 

mardi 7 septembre 2021

Un dictionnaire confusionnaire

Je viens de jeter un coup d’œil sur la liste des avis d’officialisation retirés de l’Office québécois de la langue française (mise à jour du 5 février 2021). Il y aurait bien des commentaires à faire. Je me contenterai aujourd’hui de commenter un seul terme désofficialisé, limonade. La liste renvoie à la fiche « boisson gazeuse au citron » du Grand Dictionnaire terminologique (GDT). En voici un extrait :

 


 

On voit donc que, pour le GDT, soda au citron est synonyme de limonade. Cela ne correspond pas aux sens de ces mots en français standard ni aux définitions normalisées par l’Office le 26 mai 1979.

 

Une image valant mille mots, voici de quoi a l’air un soda au citron :


 

 

En français contemporain standard, la limonade est une boisson gazéifiée transparente parfumée à l'essence de citron. Sur le marché québécois, les exemples les plus connus sont le Seven-Up et le Sprite.

 

Pareille confusion ne doit plus surprendre de la part du GDT. Depuis plusieurs années, sa fiche « chaussure de sport » donne les mots espadrilles, baskets et tennis comme synonymes ! Comme je l’ai écrit en 2012, on se demande à quoi peut bien servir ce dictionnaire terminologique.

 

Sur ce sujet, on peut lire aussi le billet « Chaussure à son pied ».