mardi 30 avril 2013

L’anglicisation typographique (suite)


Dans le billet précédent, j’avais attiré l’attention sur l’orthographe à l’anglaise du nom de l’un des auteurs présumés des attentats de Boston. Depuis, nos médias écrits ont corrigé la situation.


Un ancien collègue m’a écrit à ce sujet. Son courriel apporte un éclairage historique intéressant, en voici un extrait :


Un phénomène semblable mais remontant à une centaine d'années et découlant d'autres causes a touché la toponymie québécoise conçue à partir d'amérindianismes. Un exemple, les missionnaires français écrivaient CHAOUINIGANE. Avec l'arrivée de la société Shawinigan Power and Water qui construisit le barrage, la ville s'appela désormais SHAWINIGAN. Postes Canada a lui aussi normalisé un grand nombre de noms de lieux amérindiens en les écrivant à l'anglaise. [...] l'écriture des amérindianismes, qu'ils servent de toponymes ou non, s'est faite à l'anglaise (tomawak; tomahawk) alors que les missionnaires français ont écrit tomahaque(s). Il y eut aussi tabagane qui est devenu toboggan. Et, phonétiquement o-i-o (Ohio) est devenu O-Aille-O.

lundi 22 avril 2013

L’anglicisation typographique


Dans nos médias (Le Devoir, La Presse, etc.), on peut lire que le prénom de l’un des deux auteurs présumés des attentats de Boston est Dzhokhar. Dans Libération et Le Monde, le prénom est orthographié Djokhar.


Je n’ose pas croire que nos médias iraient jusqu’à écrire Le Docteur Zhivago, à l’anglaise. Mais qui sait ? Chez nos disquaires il faut souvent chercher les œuvres de Chostakovitch sous S : Shostakovich.

lundi 1 avril 2013

Barguignons un peu !



Propriétaires et locataires barguignent pour contribuer au fonds que le gouvernement veut créer pour assurer les défauts de paiement et éviter les expulsions.
Première page de Libération, 1er avril 2013


Le verbe barguigner n’est pas répertorié dans le Franqus ni dans le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française. Pourtant, c’est un verbe ancien en français et attesté dans des sources écrites québécoises depuis au moins 1900 :

On trouve réuni au SYNDICAT DE QUEBEC tout ce que le génie inventif d'artistes dévoués à l'enfance a su produire de neuf et de délicat durant ces derniers mois. [...] Qu'on se rappelle que l'assortiment est immense et que tout doit être vendu sans barguigner d'ici à la fin du mois.
Le Soleil, 2 janvier 1900, p. 7 (cité d’après le TLFQ)


Selon le Trésor de la langue française informatisé (TLFi), auquel a pourtant abondamment puisé le Franqus, le verbe barguigner a deux sens :

A. Vieilli. Marchander plus ou moins longuement.
B. Fam. [P. réf. à la longueur de certains marchandages] Hésiter, ne pas arriver à se décider, mettre du temps à agir.


Le premier sens, marqué comme vieilli, est encore courant au Québec.


Cela s’ajoute aux nombreuses lacunes du Franqus que j’ai signalées jusqu’à présent.


On nous a annoncé il y a quelques jours que le Franqus serait dorénavant connu, et commercialisé, sous le nom d’Usito et qu’il faudrait donc souscrire un abonnement pour y avoir accès en ligne. Notons au passage qu’Usito est déjà le sigle de l’United States Information Technology Office.


Essayons d’éclairer le choix du consommateur.


Selon les renseignements fournis sur le site du dictionnaire, l’abonnement sera de 59,95 $ mais pendant un mois on pourra bénéficier d’un rabais de lancement. Le dictionnaire traite 60 000 mots dans 46 000 articles et offre 36 000 citations.


Le Trésor de la langue française informatisé (TLFi) est, lui, accessible en ligne gratuitement. Il traite 100 000 mots, il offre 270 000 définitions et 430 000 exemples.


La maison Larousse offre la possibilité de consulter en ligne gratuitement plusieurs de ses dictionnaires : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais-monolingue.


On peut souscrire un abonnement au Petit Robert 2013 en ligne pour 19,90 €.


Comparons aussi le prix de l’abonnement au Franqus-Usito au prix des versions papier des petits Larousse et Robert :


Petit Larousse 2013 : 54,95 $, on peut le trouver soldé à 39,97 $
62 000 noms communs, 28 000 noms propres, 5 000 illustrations, 350 cartes en couleurs

Petit Robert 2013 : 72,95 $, on peut le trouver soldé à 49,97 $
60 000 mots, 300 000 sens, 35 000 citations


Parmi les dictionnaires plus spécialisés, le Multidictionnaire se vend 54,95 $ mais je l’ai trouvé soldé sur Internet à 39,97 $ et le Dictionnaire québécois français de Lionel Meney se vend 47,25 $.


Malgré les promesses du Parti québécois, le gouvernement peine à mettre en œuvre une politique favorisant le logiciel libre. La ministre de l’Éducation a assisté au lancement d’Usito le 22 mars. Espérons que cela ne signifie pas que le ministère de l’Éducation a déjà fait le choix d’abonner tous les écoliers du Québec à Usito car il existe d’autres possibilités, moins ou même pas coûteuses. Mais on me rétorquera : ces dictionnaires sont « acculturants » (!), ils ne décrivent pas ou décrivent mal notre réalité ! J’ai déjà répondu à cet argument dans plusieurs de mes billets précédents.