Extrait d’un article paru
récemment dans Libération :
Rien d’abord de très
spectaculaire, en cette évolution (le terme vaut pour
le meilleur et pour le pire) que, comme toujours, le vocabulaire allait
révéler. Mais lorsque nous ne nous découvrîmes plus que quelques-un-e-s à nous
offusquer de la banalisation d’expressions telles que «être en capacité»,
d’anglicismes du tonneau de «performer», de «challenger»,
de «cliver»
ou d’«impacter»
(comme verbes !), de tics de langage sollicitant «l’ADN» de tout et de
n’importe quoi, au point de rendre nécessaire un « changement de logiciel », tout ce charabia qu’une
novlangue d’inspiration affairiste inspirait, il était trop tard.
Trop
tard pour se rendre compte que, depuis des années et sans que nulle «bible» ne
l’imposât, il y avait bien plus qu’une mode dans le remplacement
somme toute paisible, dans l’espace public, de «patrons» par «chefs
d’entreprise», d’«usagers» (des services
publics démantelés) par «clients», de «cotisations»
par «charges»,
de «prix
du travail» par «coût du travail».
– Pierre Marcelle, « Révo’ cul’ à ‘Libération’ (épisode 3) », Libération, 18 septembre 2014.
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