L’Office québécois de la langue française a repris en janvier sa campagne de promotion sur la francisation des marques de commerce (pour voir la pub, cliquez ici) :
« Respecter la Charte de la langue française dans l’affichage d’une marque de commerce comme nom d’entreprise, c’est au minimum afficher un descriptif en français. »
Il s’agit donc d’une campagne de francisation a minima (« c’est au minimum… ») : nous en sommes rendus à quémander des miettes de respect.
Et cette campagne est à côté de la plaque. Dès 2000, dans son Avis sur l’affichage du nom d’entreprise, le Conseil (aujourd’hui supérieur) de la langue française expliquait qu’en vertu des conventions internationales les marques de commerce constituent une exception (d’ailleurs reconnue dans le règlement sur la langue du commerce et des affaires) et il recommandait
« QUE l'Office de la langue française exerce davantage son rôle de service et de soutien à la francisation des noms d'entreprises et de l'affichage des établissements commerciaux, en proposant, aux établissements qui s'identifient par une marque de commerce, une série de mesures visant à accroître la présence du français dans leur affichage ».
Il ne recommandait pas que l’Office quémande des miettes de français mais qu’il veille à accroître la présence du français. Avec l’objectif d’en assurer la « nette prédominance », comme le prévoit la Charte de la langue française.
Rappelons les deux premières recommandations du Conseil qui, même si douze ans se sont depuis écoulés, n’ont pas connu le début d’une mise en pratique :
1. QUE le gouvernement du Québec entreprenne des négociations avec le gouvernement fédéral pour que ce dernier, lorsqu'il enregistre une entreprise dont le siège social est situé au Québec, exige que son nom officiel comprenne une version française dont l'usage serait obligatoire au Québec.
2. QUE le gouvernement du Québec propose au gouvernement fédéral un mécanisme pour qu'une société fédérale dont le siège social est situé dans une autre province soit tenue d'utiliser une version française de son nom d'entreprise lorsqu'elle fait affaires au Québec.
Et qu’a-t-on fait des sixième et huitième recommandations du Conseil?
6. QUE les établissements à forte connotation ethnoculturelle puissent bénéficier de services pour concilier leur désir de s'afficher dans une autre langue que le français et la nécessité de répondre aux attentes des consommateurs eu égard à la présence du français; ces services pourraient être offerts par un regroupement dont la création est proposée dans le présent texte ou, à défaut, par l'Office de la langue française.
8. QUE le gouvernement du Québec et les associations privées en cause mettent en place un comité chargé d'étudier la création d'un regroupement pour l'usage du français dans l'affichage commercial dans le but de contribuer à la promotion du français dans l'affichage des noms d'entreprises, en particulier quand ces noms comportent des marques de commerce.
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On me dit, mais je n’ai pu le vérifier, que des associations de marchands de la région de Montréal ont récemment engagé des « agents de francisation ». Contrairement aux conseillers en francisation de l’Office, ces agents de francisation n’attendraient pas de recevoir des plaintes pour réagir mais prendraient l’initiative d’intervenir pour sensibiliser les commerçants. Pour l’heure, ce serait le seul effet positif en lien avec la campagne de promotion de l’Office. C’est en tout cas un signe encourageant. Mais il ne faudrait pas que ce soit un feu de paille : c’est une initiative qui devra s’étendre sur plusieurs années.
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