Une nouvelle cavité a été découverte à
l’intérieur de la pyramide de Khéops en Égypte grâce à des technologies de la
physique des particules. […]
Dans le but de mieux comprendre la structure de
la pyramide sans toutefois percer des ouvertures, les chercheurs ont fait appel
à différentes techniques de détection des muons […]
– Le Devoir,
3 novembre 2017, p. A4
En
lisant l’article du Devoir dont j’ai
mis un extrait en exergue, je me suis aperçu qu’il contenait un certain nombre
de termes techniques et j’ai voulu voir si le Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office
québécois de la langue française (OQLF) les avait traités.
Première découverte : le GDT n’a pas de
fiche pour pyramide en
architecture ! Il faut donc consulter des dictionnaires généraux comme le
Trésor de la langue française informatisé (TLFi) pour avoir la définition « grand monument à base rectangulaire et à quatre faces
triangulaires se terminant en pointe qui servait de tombeau aux pharaons ».
Voici un tableau de quelques mots techniques figurant dans l’article
du Devoir avec, dans la seconde colonne, l’indication de leur traitement ou non
par le GDT.
Terme
technique
|
Y
a-t-il une fiche du GDT sur ce terme?
|
muon
|
oui (1990)
|
détecteur de muon
|
non
|
accélérateur de particules
|
oui (2007)
|
pellicule à émulsion nucléaire
|
non
|
muographie
|
non
|
scintillateur
|
8 fiches, aucune produite par l’OQLF
|
accélérateur de haute énergie
|
non
|
hodoscope
|
oui (fiche non produite par l’OQLF)
|
détecteur gazeux
|
Le GDT a une fiche « détecteur de
gaz », ce qui n’est pas la même chose que les « détecteurs à
remplissage gazeux » dont parle l’Encyclopædia
Universalis à propos des détecteurs électroniques de particules
élémentaires
|
Le
GDT n’a donc pas de fiche pour 6 des 10 termes (incluant le mot pyramide). Pas fameux comme résultat.
Plutôt que de sans cesse défaire et refaire le travail, « au lieu d’effectuer
un retour en arrière, de détricoter les importants travaux terminologiques
soigneusement élaborés au cours des années 70 », l’OQLF « devrait
s’en tenir à son mandat original et accomplir avec efficacité la mission qui
lui a été confiée par la Charte de la langue française » comme l’affirment
Jean-Claude Corbeil et Marie-Éva de Villers.
* * *
Publicité de CNN: Facts are facts. They aren’t colored by emotion or bias. They are
indisputable. There is no alternative to a fact. Facts explain things.
What they are, how they happened. Facts are not interpretations. Once
facts are established, opinions can be formed. And while opinions matter, they
don’t change the facts. That’s why, at CNN, we start with the facts
first.
On
vient d’apprendre que fake news a été
élu le mot anglais de l’année par l’équipe du dictionnaire Collins (Le Figaro, 2 novembre 2017). J’ai
profité du fait qu’on attirait mon attention sur ce mot pour vérifier quel
traitement lui avait réservé le GDT. Pas de surprise quand on lit la note :
« L'emprunt intégral fake news est déconseillé parce qu'il a été emprunté à l'anglais
depuis peu de temps et qu'il ne s'intègre pas au système linguistique du
français. » On peut s’interroger sur la validité de l’affirmation
que le terme ne s’intègre pas au système linguistique du français quand on sait
que le mot est utilisé quotidiennement par des milliers de francophones. Le terme ne semble guère poser de problèmes d'intégration, au moins à l'oral. Il serait plus juste de dire qu'il s'accorde mal avec le système orthographique du français.
En revanche, le rédacteur
de la fiche a introduit une observation intéressante, malheureusement absente
de la récente Politique de l’emprunt
linguistique de l’OQLF : l’emploi de
fake news « est caractérisé par une certaine réticence linguistique,
notamment à l'écrit, où il est souvent marqué typographiquement, que ce soit
par l'utilisation des guillemets ou de l'italique.» Voilà une raison
beaucoup plus sérieuse pour justifier une attitude réservée par rapport à cet anglicisme que la
prétendue non-intégration au système linguistique.
La fiche du GDT, produite en 2017, aurait pu s’inspirer de
la position de l’Académie française:
Fake news
Le
04 mai 2017
Depuis plusieurs mois l’expression fake
news s’est largement répandue en France. Celle-ci nous vient des États-Unis et
nombre de commentateurs et de journalistes semblent avoir des difficultés pour
lui trouver un équivalent français. Pourtant, ne serait-il pas possible d’user
de termes comme bobard, boniments, contre-vérité, mensonge, ragot, tromperie,
trucage ?
on dit
|
on ne dit
pas
|
La prolifération des
contre-vérités
Alimenter la presse en ragots
|
La prolifération des fake news
Alimenter la presse en fake
news
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire