On apprenait récemment que le groupe Métro Média, qui comprend le journal Métro et une vingtaine d’hebdomadaires locaux à Montréal et à Québec, suspendait immédiatement l’ensemble de ses activités. La décision de la ville de Montréal de mettre fin à la distribution du Publisac en est pour bonne partie la cause. Le président de Métro Média a affirmé au Devoir qu’à cause de cette décision « près de 75 à 80 % » des revenus du groupe allaient disparaître « d’un coup ».
L’idéologie
écologiste à la base de la décision de la ville de bannir le plastique a
totalement mis de côté le fait que les hebdomadaires distribués gratuitement dans
les Publisacs sont souvent la seule lecture en français des immigrants non
francophones. Comme le notait l’Office québécois de la langue française (OQLF)
dans son Rapport sur l’évolution de la situation linguistique (2008), « le
comportement des personnes de langues tierces a connu une évolution importante
au fil des ans, qui représente en fait un renversement de tendance. En 1995,
dans la RMR de Montréal, 53,8 % d’entre elles lisaient des quotidiens en anglais
seulement. En 2005, 51,8 % lisaient des quotidiens en français seulement
(graphique 5.5). Ce phénomène s’explique probablement en partie par l’arrivée
sur le marché de nouveaux quotidiens gratuits en français, dont Métro et
24 heures » (le gras est de moi). Le graphique qui accompagne
cette constatation est on ne peut plus éloquent :
Cliquer sur le graphique pour l'agrandir |
Je n’ai
trouvé aucune mise à jour de ces données dans le rapport produit par l’Office
en avril 2019. Oubli ? Censure ? Je n’ose rien suggérer d’autre.
Un
ancien président de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal, Gilles Rhéaume,
avait suggéré que les décisions politiques à Montréal fassent l’objet d’une
analyse de leurs répercussions sur la situation linguistique. Les écologistes
imposent des études d’impact sur toutes sortes de plantes et de bestioles. On
aurait pu penser à évaluer la répercussion sur la francisation des immigrants
de l’abandon de la distribution gratuite de journaux locaux qui étaient souvent
la seule lecture française de ces personnes.
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