lundi 16 septembre 2024

La fin de l’endogénisme


Wikipedia crédite le linguiste Lionel Meney d’avoir introduit dans le débat linguistique au Québec le terme d’endogénisme. Voici ce qu’en dit cette encyclopédie :

Au Québec, l'endogénisme est une conception linguistique qui consiste à privilégier et à promouvoir une norme linguistique nationale québécoise, le français québécois standard, plutôt qu’une norme linguistique partagée par plusieurs nations francophones, le français standard international. Les partisans de l’endogénisme linguistique, ou endogénistes, considèrent que le français des grammaires et des dictionnaires de référence, comme Le Bon Usage de Maurice Grevisse, le Petit Larousse illustré ou le Nouveau Petit Robert, décrivent un modèle linguistique étranger, une norme exogène, en fait le français de la bourgeoisie parisienne.

L’attention des endogénistes s’est focalisée sur le vocabulaire et en particulier sur la nécessité de publier un dictionnaire propre au français du Québec. Ce qui est une vision réductrice de la langue : une langue, ce n’est pas uniquement ce qui se trouve dans un dictionnaire. Une langue est d’abord parlée. La description des traits de prononciation du français québécois est largement acquise. Déjà en 1969 Jean-Denis Gendron déclarait qu’« il est en train de s'établir ce qui n'avait jamais existé ici, une norme de prononciation[1] ». Mais personne n’a jamais fait l’effort de proposer, en premier lieu aux enseignants, un modèle de prononciation qui facilite l’intercompréhension avec les autres francophones, qui serve de référence, qui devienne leur variété de langue et qui soit la norme que l’on enseigne aux élèves. Mentionnons toutefois le dictionnaire en ligne Usito qui base sa description phonétique sur « la prononciation du français québécois standard telle qu’on peut l’observer dans les manifestations officielles de la parole publique, essentiellement dans les émissions d’information et d’affaires publiques des réseaux publics (non commerciaux) de radio et de télévision ».

De même la grammaire du français québécois n’a guère retenu l’attention des linguistes à l’exception de Jean-Marcel Léard (Grammaire québécoise d’aujourd’hui. Comprendre les québécismes, Montréal, Guérin Universitaire, 1995). C’est ainsi que la manière québécoise d’énoncer une condition en se servant de l’infinitif, surtout celui du verbe savoir (savoir qu’il viendrait…, avoir su qu’elle viendrait…) n’est même pas mentionnée dans Usito alors qu’on la trouve dans des œuvres littéraires.

Puisque la préoccupation première des endogénistes a été le lexique, voyons un peu le résultat de leurs efforts.

 

Dicos sous respirateur

Au début, avant même que naisse l’idéologie endogéniste, il y a eu le Dictionnaire général de la langue française de Louis-Alexandre Bélisle dont la première édition complète et reliée est parue en 1957. L’ouvrage a été vivement critiqué par des linguistes. Mépris de classe ? L’auteur était autodidacte et son œuvre vendue en fascicules dans les supermarchés... Son dictionnaire était « adapté », c’est-à-dire fait à partir d’un dictionnaire publié en France (le Littré).

Signalons le Dictionnaire de la langue québécoise (1980) de Léandre Bergeron, fortement critiqué dès sa parution pour son caractère joualisant et dont la nomenclature ne comprenait guère que des québécismes. Ce n’était donc pas un dictionnaire général.

Dans la lignée des dictionnaires « adaptés » il y eut le Dictionnaire du français Plus à l’usage des francophones d’Amérique (1988), basé sur un dictionnaire Hachette, et le Dictionnaire québécois d’aujourd’hui (1992, 1993), basé sur le Micro-Robert Plus. Ces deux derniers dictionnaires, qui ont connu un « échec commercial » (Lockerbie, 2003 : 146), avaient pris le parti de ne pas identifier les québécismes, mais à l’inverse de signaler par la marque France les emplois propres au français de France. Leurs auteurs se déclaraient résolument en faveur d’une norme québécoise.

Les rédacteurs d’Usito ont voulu prendre le contre-pied des dictionnaires « adaptés » et produire un dictionnaire totalement conçu et rédigé au Québec. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres ainsi que l’ont démontré Claude Poirier, ancien directeur du Trésor de la langue française au Québec, et Lionel Meney. Citons ce dernier :

[…] on peut affirmer qu'Usito est un échec. Contrairement à ce qui avait été prévu et annoncé, ce n'est pas un dictionnaire général et complet du français québécois. Il n'est pas fondé sur la seule base d'un corpus de textes québécois. Il utilise massivement le Trésor de la langue française (TLF), le grand dictionnaire français en 16 volumes (plus supplément) produit à Nancy. Reprenant l'architecture et les termes de ce dictionnaire, tronquant les citations d'auteurs français pour en extraire des syntagmes (groupes de mots, locutions, expressions), il n'a pas réussi à traiter correctement les québécismes. Il plaque artificiellement les uns, considérés comme « corrects », dans le corps des articles recopiés du TLF. Il relègue les autres, considérés comme « incorrects », dans une rubrique spéciale hors article. Plutôt qu'un dictionnaire général du français québécois, Usito est un dictionnaire hybride, produit en France pour la partie français international, au Québec pour la partie québécismes (étonnamment, cette partie est très lacunaire)[2].

Cinq ouvrages se distinguent des précédents.

Le Multidictionnaire de la langue française de Marie-Éva de Villers (Montréal, Québec Amérique, 1re édition, 1988; 7e édition, 2021) est un succès de librairie. Ce dictionnaire de difficultés s’est imposé dans les bureaux et dans l’enseignement.

Le Visuel d’Ariane Archambault et Jean-Claude Corbeil, décliné en plusieurs versions (bilingue, multilingue, junior, mini), est un autre succès de librairie (traduit en 26 langues, plus de six millions d’exemplaires vendus depuis 1982). Il a ceci de particulier qu’il ne comporte aucune définition.

Le Dictionnaire québécois français (Montréal, Guérin, 1999; 2e édition, 2003) de Lionel Meney a la particularité d’être « bivariétal ». Contrairement à ce que faisaient les glossaires, il donne, en situation de communication identique, les équivalents exacts  en français de France de mots québécois.

Le Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF) a été conçu à l’origine comme un outil d’aide à la francisation des entreprises. Il devait s’intéresser aux registres de la langue technique courante ou soutenue. Plutôt que d’orienter l’usage il en est venu, depuis une vingtaine d’années, à décrire et légitimer les emplois de registre familier : les linguistes Jean-Claude Corbeil et Marie-Éva de Villers ont parlé d’« un détournement de la mission de l’OQLF » (Le Devoir, 27 septembre 2017). Cette réorientation est la conséquence de l’arrivée à l’OQLF de personnes qui ont dû quitter le Trésor de la langue française au Québec (TLFQ) par suite d’un manque de subventions après une période de vaches grasses, les années 1970-1990 (cf. Meney, 2017).

Œuvre du TLFQ, le Dictionnaire historique du français québécois (1998) ne porte que sur les québécismes. La première édition ne contenait que 651 articles (ou monographies). À l’origine, on prévoyait la publication d’« une dizaine de tomes échelonnés sur une vingtaine d’années » (Le Soleil, 13 avril 1985). Ce n’est qu’en 2023 qu’une deuxième édition a été mise en ligne. Il est difficile de mesurer l’importance des nouveautés. Un copier-coller dans le le tableur Excel de la liste des entrées donne un total supérieur à 800. Soyons généreux et admettons que la version en ligne compte 200 entrées de plus. Il y a des monographies courtes (cocoa, tv-dinner, zucchini…) et d’autres dont on peut douter qu’elles traitent de québécismes (ketchup, wok…). « Le DHFQ est réalisé grâce à l'appui financier du gouvernement du Québec, par l'intermédiaire du ministère de la Langue française. »

À la suite des échecs commerciaux des dictionnaires généraux prétendant décrire le français au Québec, aucun éditeur ne s’est aventuré à entreprendre la publication d’un dictionnaire « de langue ». Les éditeurs ne sont prêts à investir que dans des créneaux bien spécifiques (Visuel, Multidictionnaire, Dictionnaire québécois français). C’est pourquoi les endogénistes ont sollicité l’aide de l’État. Les dictionnaires endogénistes Usito et DHFQ — auxquels il faut désormais ajouter le GDT — ne subsistent que par l’aide de l’État : ils sont sous perfusion. Dans une société régie par la main invisible d’Adam Smith, ces « produits dictionnairiques » n’existeraient pas.

 

Une base démographique qui s’effrite

Dans les années 1970, beaucoup d’attention a été portée à la description du français populaire de Montréal, en particulier la langue du quartier populaire Centre-Sud. Ces travaux ont été publiés par l’Office de la langue française (La syntaxe comparée du français standard et populaire : approches formelle et fonctionnelle, 1982, 2 tomes). Ce qui a suscité l’ire de l’éditorialiste du Devoir Lise Bissonnette qui a reproché à l’Office de publier une grammaire du joual. Aujourd’hui le Centre-Sud est en pleine gentrification[3]. Des traits propres au parler des classes populaires de Montréal sont en net recul depuis plusieurs années (le r roulé, la prononciation de mots comme garâge…). Mais la nouvelle donne démographique pourrait non seulement continuer de marginaliser le parler des classes populaires, elle pourrait aussi changer le caractère général du français parlé à Montréal (si tant est qu’il réussisse à se maintenir face à l’anglais). Montréal étant la capitale culturelle, en particulier par la concentration des médias, les changements qui s’y produisent finissent tôt ou tard par influencer la langue de tous les Québécois.

Dans le dernier Portrait socioculturel des élèves inscrits dans les écoles publiques de l’île de Montréal on apprend que 56 % de la totalité des élèves sont soit nés à l’étranger, soit nés ici de deux parents étrangers. Dans 38 % des écoles publiques, primaires ou secondaires, plus des deux tiers des élèves sont de ces catégories ; 25 % en accueillent 75 % ou plus ; 10 % en accueillent 85 % ou plus. C’est Jean-François Lisée qui a attiré mon attention sur ces données[4]. On se demande comment les jeunes Québécois « d’ascendance canadienne-française » devenus minoritaires dans les écoles pourront imposer leur façon de parler. Pourront-ils même plus généralement imposer le français ? Ne commencent-ils pas déjà à passer à l’anglais ?

Mais Lisée dépasse le problème de la langue quand il pose la question : « Comment penser qu’une immigration importante provenant de pays où la culture locale est immensément moins tolérante, et fondée sur le dogme religieux, pourrait s’insérer dans notre vision des choses sans qu’on en sente des effets concrets ? »

 

Références

Lockerbie, Ian (2003), « Le Québec au centre et à la périphérie de la francophonie », Globe 6/1, 125-149.

Meney, Lionel (2017), Le Français québécois entre réalité et idéologie. Un autre regard sur la langue, Presses de l’Université Laval.

 


[1] Émission Aujourd’hui l’histoire, « Les enquêtes linguistiques dans les régions du Québec », Radio-Canada, 22 janvier 2024.

[2] https://carnetdunlinguiste.blogspot.com/2019/11/le-dictionnaire-quebecois-usito_69.html

[3] Le GDT dit que ce terme est utilisé « dans certains contextes ». Je m’autorise de mon contexte pour l’utiliser.

[4] Jean-François Lisée, « Le tabou », Le Devoir, 14 septembre 2024.

 

mardi 10 septembre 2024

Anti-tract


Lionel Meney publie ce mois-ci ses critiques du tract des « linguistes atterré·e·s » :

 


Quatrième de couverture :

Une réponse aux linguistes atterrées

La sociolinguistique est-elle une science exacte ou la caution d’une idéologie ? C’est la question qui se pose à la lecture du manifeste des linguistes atterré·e·s, Le français va très bien, merci (Gallimard, collection «Tracts», 2023, 64 pages).

Dans sa réponse, Lionel Meney passe au crible le traitement d’un certain nombre de sujets – norme linguistique, concurrence de l’anglais, langage SMS, féminisation des noms de profession, écriture inclusive… Il démonte la prétention à l’objectivité scientifique affichée par ce collectif d’enseignants-chercheurs. Les nombreuses inexactitudes commises et les non moins nombreux glissements des faits vers les jugements de valeur montrent la nature idéologique de leur point de vue. Ce qu’eux-mêmes finissent par reconnaître, en fin de compte.

 

Dico resté en rade

Je suis en train de lire le dernier opus de l’historien Gaston Deschênes :

 


Je lis à la page 100 : « devenue veuve, sa mère […] va rester à Québec ». Au sens de « demeurer » le verbe rester est un québécisme ou un provincialisme. Il fait partie du français le plus courant au Québec et pour la majorité, comme l’historien cité, il n’aucune connotation particulière. Pour le Québécois moyen, c’est tout simplement du français ordinaire. Mais pas pour le dictionnaire en ligne Usito :

V. tr. indir.   Q/C fam. (avec l’auxil. avoir) rester à, dans, en, etc. ou rester (+ adv. de lieu). Habiter, demeurer (quelque part).

D’où peut bien venir la marque « familier » dont Usito affuble le verbe ? La réponse est simple quand on sait à quel point Usito dépend du Trésor de la langue française de Nancy (voir les analyses de Claude Poirier et Lionel Meney dont on trouvera les titres en cliquant ici).

Dans le Trésor de la langue française informatisé (TLFi), on lit : « Fam. Habiter, demeurer ». Comme pour bien d’autres mots, Usito a copié le TLFi sans adaptation au contexte québécois. Comme l’a déclaré à La Croix une des responsables d’Usito, « Dans les dictionnaires provenant de France, la mise en contexte est européenne. […] C'est acculturant » (5 juillet 2008).

Usito est acculturant. CQFD.

 

lundi 9 septembre 2024

Anglicismes et lutte des classes


« Au Québec, les anglicismes font leur entrée avec les paysans, peu instruits, qui gagnent les villes et sont mis en contact avec l’anglais dans les usines, les manufactures et sur les chantiers de construction. Les anglicismes sont dès le départ associés ‘ à l’ignorance et à la pauvreté du prolétariat urbain ’. »


La citation mise en exergue provient d’une chronique publiée dans Le Devoir le 3 août 2024 et que j’ai brièvement critiquée le 5 août (cliquer ici).

Je trouve abusif qu’on impute aux classes populaires l’anglicisation du Québec. Historiquement, le peuple francisait (ou québécisait) les mots anglais : bécosse < back house, ouaguine < wagon, mitaine < meeting hall. C’était la façon de faire traditionnelle en français : paquebot < packet boat, boulingrin < bowling green, redingote < riding coat, etc. Et une célèbre chanteuse américaine voulait qu’on l’appelât Joséphine Baquère (ce dont n’a pas tenu compte Emmanuel Macron quand il l’a panthéonisée).

Et si la part la plus importante de l’anglicisation n’était pas venue plutôt de l’élite ? Et, pour reprendre un mot de la chroniqueuse, de l’« ignorance » de l’élite ?

Pour appuyer ce point de vue, voici quelques exemples tirés de l’étude de Wallace Schwab Les anglicismes dans le droit positif québécois (Conseil de la langue française, 1984). Certains de ces anglicismes sont disparus, d’autres sont encore courants : agir comme, allouance, application, assemblée spéciale, en autant que, aviseur légal, bureau chef, canceller, cédule, changement de venue, erreur cléricale, compléter une formule, corporation, à date, déductible (nom), département légal, en devoir, à l’effet que, à l’emploi de, item, occupation (emploi, profession), opérer (un commerce, etc.), opinion légale, payeur de taxes, rencontrer ses obligations, sur le comité, etc. Sans compter les latinismes passés par l’anglais comme sub poena ou affidavit.

On pourrait ajouter d’autres exemples à la liste de Schwab et qui ne proviennent clairement pas des milieux populaires : originer, dépendamment, payer une visite, etc. Ni les anglicismes qu’on trouve dans les conventions collectives et que le juge Robert Auclair n’a cessé de corriger : certification (accréditation syndicale), assignation (affectation), augmentation statutaire (avancement d’échelon), etc.

Tous ces anglicismes ont percolé dans les classes populaires, ils n’en montent pas.

Il faut en terminer avec « les paysans peu instruits » et « l’ignorance et la pauvreté du prolétariat urbain » comme source historique de l’anglicisation du Québec.

 

dimanche 1 septembre 2024

Des chiffres et des lettres : les résultats de 5e secondaire


Je salue la publication, dans Le Devoir du 31 août, des résultats aux examens de français de 5e secondaire de 2014 à 2024 (« Des résultats à la baisse aux examens ministériels de français »). Auparavant, ces données n’étaient pas faciles d’accès et je ne serais pas surpris que leur publication résulte d’une décision du ministre lui-même.

Le journaliste résume ainsi les données du tableau suivant : « le taux de réussite à l’épreuve ministérielle d’écriture de 5e secondaire se chiffre à 70,7 % dans l’ensemble de la province, une diminution de quatre points de pourcentage [< percentage point, point, tout court, en français] par rapport à 2023 (74,8 %). »

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La nouvelle transparence du Ministère a toutefois des limites : on ne remonte pas plus haut que 2014. On peut améliorer le tableau en se servant des données publiées dans le Rapport sur l’évolution de la situation linguistique au Québec publié par l’Office québécois de la langue française en 2008. J’en extrais ce graphique présentant les résultats à ce même examen de 1990 à 2004 (il faut regarder la courbe du centre) :


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En 2000, le taux de réussite était de 90 % (sans doute le plus haut de l’histoire, mais je n’ai pas les données de toutes les années). En 2024, il est tombé à 71 % (j’arrondis). Il faut ajouter qu’en 2001, on a assoupli les normes de correction en syntaxe et en ponctuation. Et la pondération entre le fond (qualité de la communication) et la forme (conformité au code linguistique) a varié au fil des ans. Je ne sais pas s’il n’y a pas eu d’autres assouplissements depuis 2001.

Ce que le journaliste ne dit pas, c’est que la note à l’examen de française de la 5e secondaire est établie selon un schéma où le poids de l’élément vraiment discriminant (l’orthographe) est contrebalancé par celui de tous les autres critères et sous-critères comme l’illustre la figure suivante :

 



Comme je ne sais pas s’il y a eu depuis 2008 des modifications dans la façon de corriger les copies de l’examen, je décrirai le mode de correction en reprenant les critères de la grille de 2001 (cf. rapport de l’OQLF, pp. 159-164). Il me semble raisonnable de supposer que, s’il y a eu des changements, ils ont dû consister dans des assouplissements.

La notation comporte deux volets, le fond et la forme. La pondération entre le fond (qualité de la communication) et la forme (conformité au code linguistique) a varié au fil des ans. Ne sachant pas ce qu’il en est aujourd’hui, je décrirai la pondération des critères de la grille de 2001 où fond et forme comptaient chacun pour 50 %.

Le pourcentage de réussite à l’ensemble des critères concernant le fond (qualité de la communication) était à un niveau très élevé de 1990 à 2004. À partir de 1995, il dépassait les 95 %. Il atteignait 98,3 % en 2004. On ne peut donc pas dire qu’il s’agit d’un critère vraiment discriminant.

Venons-en maintenant à la forme (le respect du code linguistique). Le critère le plus discriminant, l’orthographe, compte pour 20 % de la note totale. La syntaxe (incluant la ponctuation) est aussi un critère discriminant mais moins que l’orthographe ; elle compte pour 25 % dans la note finale. Le troisième critère de qualité de la langue, le vocabulaire, n’a pas de valeur discriminatoire : le taux de réussite était de 97,4 % en 1998 et de 95,9 % en 2004.

Voici les résultats globaux de 2004 dans une figure qui permet de voir le jeu des contre-poids:



Il faut relativiser les données pessimistes publiées par le Devoir : un échec à l’examen du Ministère ne signifie pas automatiquement un échec en français. Car la note globale à l’épreuve de 5e secondaire ne compte (ne comptait ?) que pour 25 % de la note finale en français. Les 75 % restants se composent du résultat en écriture donné par l’école (25 %), ainsi que des notes en lecture (40 %) et en communication orale (10 %) attribuées, elles aussi, par l’établissement. En résumé :

50 % = note en écriture (à parts égales, note de l’école « modérée » (processus statistique) + résultat à l’épreuve unique du Ministère);

40 % = note de l’école en lecture;

10 % = note de l’école en communication orale.

En conclusion, pour échouer en français, il faut vraiment se lever de bonne heure.