lundi 17 juin 2013

Un principe de terminologie


Dans mon billet du 28 février 2012, j’ai proposé deux principes de sociolinguistique inspirés d’auteurs anglais de science-fiction : le principe de Huxley et le principe d’Orwell. Je propose aujourd’hui un principe applicable à la terminologie : le principe du mulet du maréchal de Saxe.


Dans la fiche être employé par, qui accepte comme synonyme de plein droit la locution être à l’emploi de, on lit la note suivante : « La locution être à l'emploi de est d'un usage ancien et généralisé au Québec, tant dans le registre spécialisé que dans le registre courant. Elle est notamment utilisée dans plusieurs textes officiels (lois, règlements, codes, etc.), etc. »


Il y a plein d’anglicismes « d’un usage ancien et généralisé au Québec » qui apparaissent depuis plus d’un siècle dans de nombreux « textes officiels (lois, règlements, codes, etc.) ». Pour le vérifier, on n’a qu’à feuilleter le chapitre 2, qui est un répertoire d’anglicismes, de l’ouvrage de Wallace Schwab, Les anglicismes dans le droit positif québécois (Conseil de la langue française, 1984). On y trouvera des anglicismes comme les suivants, tous attestés dans nos lois : aviseur (conseiller), altération (changement, réparation, etc.), bénéficiaires alternatifs (bénéficiaires subrogés), tout tel (any such company = toute telle compagnie, toute compagnie, une compagnie), année de calendrier (année civile), etc.


L'ancienneté ne saurait être en soi un indice de capacité. Le maréchal Bugeaud disait avec raison que le mulet du maréchal de Saxe avait fait la guerre pendant trente ans et était toujours resté un mulet.


Quand il existe un mot équivalent en français standard, un anglicisme peut bien être attesté en français québécois depuis un siècle ou deux, il reste toujours un anglicisme.

Sur cette question, voir aussi mon billet Le purisme pure-laine ou le Grand Bond en arrière.

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