mercredi 26 janvier 2022

Huit ans plus tard

Il y a plus de huit ans, j’écrivais un billet sur « lame de neige », notant que le terme était absent du Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF). J’ai récidivé en 2016 puis en 2021. C’est sans doute ce dernier billet qui a fini par faire bouger le GDT qui a mis en ligne fin 2021 une fiche « lame de neige ». Fidèle à son orientation endogéniste, il la définit comme un « banc de neige »…

vendredi 14 janvier 2022

Durs à cuir

 

Cuir Fig. et fam. Faute de langage consistant à lier les mots de façon vicieuse. Prononcer « quatre mille-z-étudiants », « il va-t-à Paris », c'est faire un cuir .

Académie, 9e éd.

 

C’est ce matin la troisième fois en deux jours que j’entends, de la bouche de trois personnes différentes, la liaison « d’un commun-t-accord ». Et cela à la radio publique, par des journalistes ou des chroniqueurs.

Hier j’ai entendu « cinq-z-enfants ». Et un animateur fait régulièrement la liaison après selon (« selon n-eux »).

On se demande ce que peut bien faire le conseiller linguistique de Radio-Canada. Déjà qu’il n’a pas à s’occuper de la télévision ! Son mandat est en effet réduit à la langue de la radio.

Il y a, me semble-t-il, de plus en plus d’insécurité en ce qui concerne la liaison. On n’a qu’à regarder, ou plutôt à écouter, du côté de la France. À la radio et à la télévision, depuis l’arrivée de l’euro, on évite systématiquement la liaison : deux cents heuros (comme s’il y avait un h aspiré). J’ai même entendu de nombreux universitaires ne pas faire la liaison. Pourtant, il fut une époque en France où le snobisme de certains politiques et universitaires les amenait à pratiquer la liaison sans enchaînement (« j’avaize/ envie »).

 


vendredi 7 janvier 2022

La variation linguistique au temps des variants

Au début de la pandémie actuelle, on a hésité sur le genre du mot Covid en français. Dès qu’elle a été connue en mars 2020, les médias québécois ont suivi la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé de considérer le mot comme féminin. Pour leur part, les médias français ont continué de le considérer comme un mot masculin. Le féminin est peu à peu apparu, sans s’imposer, quand l’Académie française a fait connaître sa préférence pour le féminin. Au Québec, le féminin domine largement dans les médias mais il arrive, rarement, qu’on entende le masculin, essentiellement dans la bouche de personnes interviewées, pas dans celle des présentateurs, des journalistes ou des chroniqueurs. La variation de genre est plus grande en France sur les plateaux télé mais le masculin me semble quand même beaucoup plus fréquent.

 

On trouve la même uniformité au Québec en ce qui concerne la prononciation d’Omicron. La prononciation [ɔmikʀɔ̃] est la seule qu’on entend sur nos ondes. C’est d’ailleurs celle que donne le dictionnaire en ligne Usito. En France, la prononciation n’est pas uniforme. Bien sûr, [ɔmikʀɔn] omicronne domine sur les plateaux télé mais me semble de plus en plus concurrencé par omicron [ɔmikʀɔ̃]. Cette dernière prononciation s’entend aussi bien à l’extrême droite (Jean Messiha) qu’à l’extrême gauche (Jean-Luc Mélanchon). L’autre jour, le chef d’antenne Pascal Praud, vraisemblablement influencé par son interlocuteur, a utilisé les deux prononciations dans la même séquence.

 

Dernier exemple de variation : troisième dose, dose de rappel, rappel, booste(u)r. Mon impression est qu’il n’y a pas vraiment variation au Québec : on emploie presque uniquement troisième dose. En France, booster me semble très populaire, en tout cas plus fréquent que rappel ; j’ai même entendu l’expression « donner un coup de boost » (dans la bouche du premier ministre Jean Castex si ma mémoire est bonne).

 

Ces données impressionnistes, qui devraient être complétées par une enquête statistique, m’amènent à conclure que, dans les trois exemples cités, il y a pas ou peu de variation au Québec.