mercredi 31 août 2022

Plan de contingence

  

En juillet dernier, l’institution qui trône au sommet de la petite colline Yangmingshan, dans un quartier excentré de la capitale taïwanaise, a tenu en effet son tout premier « exercice de préparation à la guerre » en plus de 70 ans d’histoire. Ce plan de contingence visait à préparer la sauvegarde des quelque 700 000 pièces d’art chinois détenues par ce musée qui possède la plus grande collection d’objets artisanaux asiatique du monde, […]

Le Devoir, 27 août 2022

 

J’ai entendu parler du calque « plan de contingence » il y a bien des années, lorsque je travaillais à l’Office (pas encore québécois) de la langue française. Des collègues critiquaient son utilisation par le président de l’époque. On pourrait donc croire qu’il figure dans la nomenclature du Grand Dictionnaire terminologique (GDT). Eh bien, non.

 

Pour connaître le terme français standard, croyez-le ou non, il faut d’abord connaître son équivalent anglais, contigency plan. On obtient alors trois réponses. Aucune de ces fiches n’a été réalisée par un terminologue de l’Office :

 


samedi 27 août 2022

Regietheater = relecture scénique?

 

[…] le Festival de Bayreuth connaissait, à l’occasion de la représentation du Crépuscule des dieux, ce que la presse germanique a qualifié « d’ouragan de huées » et catalogué comme le plus grand scandale de l’histoire de la manifestation. Jusqu’à quel point peut-on réinterpréter une œuvre sans la trahir ou la dénaturer ?

[…]

Jan Brachmann décrit […], dans le réputé quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, le Buh-Orkan (ouragan de huées) saluant le Crépuscule des dieux à Bayreuth début août.

[…]

Cela fait pourtant bien longtemps que les spectateurs européens, surtout allemands, sont habitués aux relectures scéniques appelées « Regietheater ». 

Christophe Huss, « Ce fil ténu entre interprétation et trahison », Le Devoir, 27 août 2022

 

Impassibles sous les huées
Götterdämmerung, Bayreuth 2022

La réception de la nouvelle mise en scène du Crépuscule des dieux m’offre l’occasion de rappeler le billet que j’ai écrit sur le terme Regietheater : cliquer ici.

Il n’est peut-être pas nécessaire de chercher à traduire ce terme technique qui désigne un courant artistique.

 

mardi 23 août 2022

StatCan et la dynamique des langues

  

Mon ancien collègue, le démographe Michel Paillé, a fait paraître ce matin une tribune dans Le Devoir dans laquelle il dénonce la façon dont Statistique Canada traite les données linguistiques du recensement. En voici un extrait :


« 85,5 % de la population québécoise a déclaré parler français à la maison au moins régulièrement » et que « [p] rès de 1 personne sur 5 au Québec (19,2 %) parlait anglais à la maison au moins régulièrement ». Ainsi, avant même de considérer les Québécois parlant au moins régulièrement une langue tierce, nous en sommes déjà à 104,7 % ! L’ajout des langues tierces, soit 15,6 %, porte le total à 120,3 % !

Face à cet étonnant total nettement au-dessus de 100 %, la question qu’il faut se poser s’énonce ainsi : d’abord, d’où vient ce 1,7 million de personnes qui pousse le total au-delà des 8,4 millions dénombrées au Québec en 2021 ; ensuite, que signifient les résultats obtenus ?

[…]

On chercherait en vain dans les manuels de statistiques sociales un justificatif de cette manière de procéder. Rien de mieux qu’un tout petit exemple pour montrer l’inadmissibilité de ces deux façons de faire. Si parmi 1000 propriétaires d’une résidence principale on en trouvait 100 possédant aussi une résidence secondaire, l’addition de ces deux nombres nous ferait passer de 1000 propriétaires à 1100 propriétés. De plus, si la plupart de ces propriétés étaient faites de bois ou de briques, nul ne proposerait de compter deux fois celles dont le revêtement est de bois ET de briques.

 

À la défense de StatCan on peut faire valoir que le nombre de locuteurs bilingues dans une population donnée ne diminue en rien la force numérique de chaque langue en présence. La connaissance des langues n’est pas un jeu à somme nulle. Cela est particulièrement vrai du point de vue synchronique, c’est-à-dire à un instant T de l’histoire.

 

Mais le rôle de StatCan est d’aider à évaluer les effets des politiques publiques, ce que donne une politique linguistique, une démarche qui s’inscrit nécessairement dans le temps, dans la diachronie. Il y aura nécessairement des pertes et des profits. Au fil du temps, l’usage de certaines langues diminuera, l’usage d’autres langues s’accroîtra. C’est alors que la connaissance des langues tend à devenir un jeu à somme nulle. Les enfants et les petits-enfants d’un couple bilingue ou trilingue se poseront la question de savoir s’il faut faire l’effort de maintenir l’usage de deux ou trois langues. Le traitement des données linguistiques par StatCan ne rend pas compte de la dynamique des langues sur le marché linguistique.

 

lundi 22 août 2022

Un pavé dans la cuisine

 

Le hasard d’une recherche m’a amené à la fiche « cobbler » du Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF). Elle date de 2016. On y accepte l’emprunt parce qu’il désigne une spécialité culinaire américaine. Une note ajoute : « Le cobbler aux pêches est un classique. » Pourtant, il n’y a pas de fiche « peach cobbler ».

 

Le Guide de rédaction des menus, publié par l’Office (pas encore québécois) de la langue française en 1980, proposait la traduction pavé avec la note : « Il s’agit d’une sorte de pouding américain. Le terme pavé est déjà utilisé par une compagnie de surgelés. Pavé s’emploie en cuisine pour désigner tout ce qui évoque la forme d’un pavé » (p. 69, s.v. apple cobbler). Le terme a complètement disparu du GDT mais il figure encore dans une fiche de la banque terminologique fédérale Termium.

 


jeudi 18 août 2022

Aptitudes en français des élèves et des enseignants québécois

 

Ce matin, la première chaîne de la radio publique à Québec a diffusé une entrevue avec Suzanne G. Chartand, fille du célèbre syndicaliste et professeure retraitée en sciences de l’éducation de l’Université Laval. Je suis désolé mais pour l'écouter il vous faudra copier le lien dans votre navigateur.

https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/premiere-heure/segments/entrevue/411602/aptitudes-francais-eleves-enseignants-quebecois




 

mercredi 3 août 2022

Les baskets roses de Yannick

  

Ce matin, on voit en première page du Devoir cette photo du maestro (et non de maestro) Yannick Nézet- Séguin :

 


Elle est accompagnée de la légende : « C’est vêtu d’un short et d’un t-shirt noirs d’arbitre de soccer et chaussé d’espadrilles roses que Yannick Nézet-Séguin est venu diriger l’Orchestre Métropolitain au pied du mont Royal […]. » Voyons de plus près de quoi ont l’air ces espadrilles :

 


Ce ne sont donc pas des espadrilles mais des baskets. Depuis dix ans, une fiche du Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF) entretient la confusion en indiquant que basket, tennis et espadrille sont synonymes : pour lire mes billets sur le sujet, cliquer ici et ici.