jeudi 9 février 2017

Recul ou progrès de l'anglicisation ?


Dans Le Devoir de ce jour, la linguiste Louise-Laurence Larivière signe un court texte intitulé « Le français recule-t-il au Québec ? » : 



Oui, il recule. Voici quelques exemples. Autrefois, les artistes partaient en tournée, se produisaient sur une scène et se donnaient la réplique. Maintenant, ces artistes sont sur la route (on the road), sur un stage et oublient parfois leurs lignes (lines). Autrefois, les joueurs de hockey jouaient à l’étranger. Maintenant, eux aussi sont sur la route. Certains titres d’émissions de télévision possèdent un mot français : Star Académie, Star Système, mais la structure inversée n’est pas française, mais anglaise. On devrait dire L’Académie des stars et Vedettariat (non pas le Système des stars). Le titre inversé Fatale-Station est aussi un anglicisme, alors que l’on devrait dire Station fatale. De plus, pourquoi ces germanismes : Oktobierfest (à Sainte-Adèle) et Igloofest (à Montréal) ? Le Festival de la bière et le Festival de la neige ou le Festival d’hiver ne sont pas des titres assez accrocheurs ? Que dire, finalement, de ce cri du cœur de France Beaudoin lors de l’émission En direct de l’univers du Jour de l’An : « Hallelujah de Leonard Cohen est la plus belle chanson québécoise » ? Quand on en est à qualifier une chanson en anglais de « plus belle chanson québécoise » (indépendamment de la qualité de cette chanson), on peut se poser des questions sur l’avenir du français au Québec !

Il n’est pas nécessaire d’aller bien loin pour trouver d’autres exemples. Il y en a déjà beaucoup dans Le Devoir lui-même. Il y a quelques semaines, la chroniqueuse Francine Pelletier parlait d’une « démonstration » au lieu d’une manifestation. La semaine dernière, dans un article sur la fusillade de la mosquée de Québec qui lui a valu une volée de bois vert, elle parlait de loner et de nerd. Dans sa chronique du 25 janvier, elle écrivait : « près de trois millions de personnes ont pris la rue partout sur la planète». Prendre la rue, to take to the street : en français, on descend dans la rue. Radio-Canada n’est pas en reste avec des titres d’émission comme « Médium large » et « La soirée est encore jeune » (the evening is still young). Et dans la vie de tous les jours on peut entendre l’interjection oh my God ! alors qu’il n’y a quand même pas si longtemps on disait mon Dou ! ou mon Dieu !


La question qu’on doit se poser est toujours la même : les Québécois utilisent-ils plus d’anglicismes aujourd’hui que naguère ? Difficile d’y répondre. Car on peut trouver des exemples d’anglicismes disparus ou en voie de disparition. Dans le numéro du Devoir d’aujourd’hui, la journaliste Odile Tremblay parle à propos de livres de meilleures ventes plutôt que de meilleurs vendeurs (best sellers). Et dans la vie de tous les jours (du moins à Québec), rupture de stock semble avoir éliminé back order.

Mais les mauvaises traductions continuent de fleurir :




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