mercredi 3 janvier 2018

Les mots de l’année 2017, complément d’enquête


Lionel Meney, professeur émérite de traduction à l’Université Laval, auteur du Dictionnaire québécois-français, me communique ces observations sur mon billet d'hier :

Antifa : terme courant en France où il existe ce genre de groupuscules (en fait des fascistes d'extrême-gauche en guerre avec les fascistes d'extrême-droite, les deux se nourrissant les uns les autres).
kompromat est un russisme (mot-valise : mot à mot "matériel compromettant") qui se trouve régulièrement dans la presse quand il est question de certaines pratiques de la police russe.
Newsjacking : les termes formés sur jacking courants dans la presse européenne sont nombreux : hijacking, car-jacking, home-jacking ("invasion de domicile" ici est un calque de l'américain).
fake news : la traduction "fausse nouvelle" proposée par le GDT est typique des traductions littérales spécialités de ce dico; dans ce raisonnement : news = nouvelles donc fake news = fausse nouvelle. Or, il faut revenir au sens premier de "nouvelles" pour comprendre que cela ne convient pas. Il s'agit d'une information, pas d'une nouvelle. Un autre équivalent fréquent que je n'ai pas signalé, semble-t-il, est une "intox". Cela dit bien ce que cela veut dire : une info(rmation) volontairement fausse. Je critique "fausse nouvelle" pour lui préférer "fausse information". Cela dit "fausse nouvelle" s'emploie aussi bien en Europe (moins fréquemment) qu'au Québec (plus fréquemment).
gender-fluid : j'ai déjà rencontré quelque chose comme le "fluidité du genre"…



À la lecture de ces remarques, on s’étonne encore plus que le Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF) n’ait traité que deux des 19 néologismes anglais les plus courants de 2017.


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