samedi 2 juillet 2011

Vive la censure !


La littérature russe : deux siècles de censure. Et deux siècles de chefs-d’œuvre. Et, dans les dernières décennies du régime soviétique, invention d’un nouveau mode de diffusion des écrits, le samizdat, dont l’héritier naturel est, de nos jours, le blog. Héritier qui continue de subir les foudres des censeurs.

Sans la censure qui l'obligea à utiliser un subterfuge pour critiquer la société française, Montesquieu n’aurait peut-être pas produit une œuvre aussi achevée et aussi spirituelle que les Lettres persanes, publiées hors de France pour éviter les poursuites.

Et Beaumarchais victime d’une lettre de cachet pour avoir écrit, entre autres : « Il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits. » Et j’aime bien ce passage :
Le Comte: – Avec du caractère et de l’esprit, tu pourrais un jour t’avancer dans les bureaux.
Figaro: – De l’esprit pour s’avancer ? Monseigneur se rit du mien. Médiocre et rampant; et l’on arrive à tout.

Sans l’exil que lui a imposé Napoléon le Petit, Victor Hugo n’aurait pas écrit Les châtiments.
Mais qu'importe ! rien ne nous dompte ;
Nous sommes torturés et nous sommes contents.
Nous remercions Dieu vers qui notre hymne monte
De nous avoir choisis pour souffrir dans ce temps
Où tous ceux qui n'ont pas la souffrance ont la honte.

(« Hymne des transportés »)
Si l’on n’est plus que mille, eh bien, j’en suis! Si même
Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla;
S’il en demeure dix, je serai le dixième;
Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là!
(« Ultima verba »)



Vive donc la censure qui m’obligera à me dépasser stylistiquement !

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