La
petite polémique lancée début janvier dans Le
Devoir sur la forme féminine autrice
n’est pas tout à fait morte. Un article d’opinion publié ce matin dans le même
quotidien apporte une note de gros bon sens dans ce débat en posant une
question toute simple : le
féminin mérite-t-il d’être entendu ? L’auteur se prononce sans
ambages pour la « féminisation ostentatoire ».
Extrait
de l’article du Devoir :
Le mot « autrice » est au banc des
accusés. […]
[…] au-delà des considérations linguistiques,
« autrice » mobilise des considérations sociales et politiques. En
disant « autrice », on estime que les femmes méritent d’être nommées
et reconnues dans nos communications. À l’inverse, en employant
« auteure », on n’entend pas les femmes à l’oral : dites
« auteure » et vous entendrez « auteur » parce que le
masculin est la représentation mentale par défaut (à moins d’exagérer à
outrance le ‑e). On peut donc participer à toute une conversation sur
« l’auteure » sans réaliser que l’on parle de l’œuvre d’une femme.
« Autrice » ne crée pas de telles complications : le mot rend
les femmes audibles.
Ce désir de célébrer les accomplissements
des femmes en les nommant dépasse le mot « autrice ». Il fonde ce que
Suzanne Zaccour et moi avons appelé dans notre Grammaire non sexiste de la langue française (M. éditeur, 2017) la
« féminisation ostentatoire », soit la recherche d’un féminin marqué
à l’oral. L’approche est toute simple : ne pas réduire les femmes à un
tragique ‑e muet.
—
Michaël Lessard, « Le féminin mérite-t-il d’être entendu ? », Le Devoir, 10 février 2020.
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