jeudi 11 avril 2024

À la poubelle!

 

Jean-François Lisée a publié, dans Le Devoir du mercredi 10 avril 2024, une chronique fracassante. Ou plutôt une chronique qui fracasse l’étude Langue de l’espace public au Québec en 2002 de l’Office québécois de la langue française (OQLF).

Il se demande « pourquoi une étude dont le terrain a eu lieu au début 2022 n’est publiée qu’en mars 2024, alors que la situation démographique québécoise change à un rythme jamais enregistré depuis, disons, la Conquête ». En effet, de 2022 à 2024, « la progression du nombre d’immigrants temporaires est passée en deux ans de quelque 290 000 à plus de 560 000. » Lisée croit que l’étude aurait dû être publiée « en précisant que ses insuffisances étaient telles qu’il ne fallait en tirer aucune conclusion sur le présent. Cela aurait évité aux commentateurs peu versés en méthodologie de brandir ces chiffres pour affirmer que la situation est ‘ stable ‘, voire que davantage d’anglophones qu’avant adoptaient la langue de Félix à la ville. Le contraire est indubitablement vrai. ».

Les arguments de Lisée sont dirimants : vous pouvez en prendre connaissance en cliquant ici.

J’ajouterai quelques points aux critiques de Jean-François Lisée.

Il s’agit d’un rapport anonyme. Pas de préface de la présidente de l’OQLF. On ne dit même pas si le rapport a été approuvé par le Comité de suivi de la situation linguistique au Québec.

À la page 4 on peut lire :

Les personnes sondées étaient invitées à répondre au questionnaire en se basant sur l’expérience qu’elles avaient vécue au cours des six mois précédant le sondage. Or, lors de cette période de référence, étant donné la pandémie de COVID-19, des mesures sanitaires étaient en vigueur, dont la fermeture des salles à manger des restaurants et l’obligation de présenter un passeport vaccinal pour fréquenter certains commerces. Les interactions au sein de l’espace public, c’est-à-dire les interactions à l’extérieur de la maison avec des personnes autres que les parents ou amis, étaient ainsi moins nombreuses et moins variées.

On veut étudier la langue des interactions dans l’espace public dans une période où on admet qu’elles étaient moins nombreuses et moins variées. Et on ose en plus comparer les résultats à ceux de 2016, une période « normale ». On marche sur la tête !

Enfin, il y a une innovation méthodologique : la notion d’échantillon « assez représentatif » (p. 43)! Avant, un échantillon était représentatif ou pas.

Ma conclusion est dans le titre de ce billet.

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