mardi 23 avril 2024

Progrès, stabilité ou recul : allez savoir!

 

L’Office québécois de la langue française (OQLF) vient de publier une étude sur la langue d’accueil et de service dans les commerces. Déjà en 1988, le Conseil de la langue française (aujourd’hui disparu) avait fait une enquête sur ce thème à Montréal, enquête reprise en 1995. Cette fois-ci, les enquêteurs ont aussi visité des commerces de localités autres que Montréal.

On peut non seulement regretter mais déplorer que, dans la constitution de son échantillon de commerces montréalais en 2023, l’OQLF n’ait pas eu la présence d’esprit, ou tout simplement l’intelligence, de faire des sous-échantillons qui auraient permis de faire des comparaisons fiables avec les résultats de 1988 et de 1995. On aurait pu voir l’évolution sur 35 ans ! Il y a à l’OQLF un Comité de suivi qui ne semble plus comprendre que le suivi qu’il a à faire doit s’inscrire dans la longue durée.

Je ne peux donc que faire quelques comparaisons bancales à partir des résultats de la dernière enquête.

De 1988 à 1995, l’accueil en français dans les commerces sur rue du boulevard Saint-Laurent passait de 72 % à 86 %. En 2023, il est de 74,2 % dans le centre de Montréal (zone évidemment plus vaste). Les échantillons ne sont pas comparables mais rien n’interdit de s’interroger sur le recul du français comme langue d’accueil dans le centre-ville.

Regardons maintenant l’ouest de l’île. Voici un tableau qui résume les résultats ; la comparaison est statistiquement valable pour 1988 et 1995 mais non pour 2023 :

Langue d’accueil dans les commerces à Montréal

(en % des commerces sur rue)

 

1998

1995

2023

Centre-ville ouest

59

66

Zone ouest

49

Côte-des-Neiges-Snowdon

60

53

 

On peut se demander s’il n’y aurait pas eu une baisse dans l’accueil en français dans l’ouest de l’île de Montréal depuis 35 ans. Mais on ne peut l’affirmer.

Le rapport de l’OQLF conclut toutefois à un recul du français comme langue d’accueil de 2010 à 2023 :

Entre 2010 et 2023, le taux d’accueil en français a diminué de 13 points de pourcentage, passant de 84 % à 71 %.

Entre 2017 et 2023, dans les zones est et nord, le taux d’accueil en français a diminué de plus de 5 points de pourcentage (de 96 % à 91 % dans la zone est et de 83 % à 78 % dans la zone nord).

Dans la zone ouest, cette diminution a été de 3 points de pourcentage (de 52 % à 49 %). Le taux d’accueil en français dans la zone centre est demeuré semblable à celui de 2017, s’établissant à 74 %.

[Points de pourcentage = percentage point. En français correct : point, tout court.]

On peut se demander si ce recul n’aurait pas été plus grand si on avait pu faire la comparaison avec les enquêtes de 1988 et de 1995.

Rappelons que l’OQLF, dans sa dernière enquête sur l’affichage, n’avait pas non plus jugé bon d’utiliser une méthodologie qui aurait permis la comparaison avec les enquêtes antérieures : cliquer ici pour lire mes commentaires.

*   *   *

L’enquête de 1995 avait vérifié s’il y avait une différence dans la langue de l’accueil quand le client faisait partie d’une minorité. Boulevard Saint-Laurent, l’accueil en français passait dans ce cas de 86 % à 72 %. On ne sait pas si l’on a pris en compte cette variable dans l’enquête de 2023.

 

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