Dans
mon dernier billet de 2018, je me permets de reprendre le texte du président d’impératif
français. M. Jean-Paul Perreault, paru dans Le Devoir de ce matin. À la suite de la dernière déclaration de la
ministre responsable de la question linguistique, on peut espérer un sérieux
coup de barre dans la promotion du français en 2019 et, pourquoi pas, aussi un
bon coup de balai là où ça s’impose.
Oui, il faut beaucoup, beaucoup plus en matière de
langue!
Impératif
français offre son appui à la ministre de la Culture, Nathalie Roy, quant à son
intention de faire respecter et de faire appliquer la Charte de la langue
française, ou ce qu’il en reste, pour endiguer la défrancisation de l’affichage
à Montréal et, nous l’espérons, aussi ailleurs au Québec. Mais il faut
plus ! Beaucoup plus !
Au premier chef, le français
langue de travail donne plutôt l’impression d’être une langue seconde. À peine
21,2 % des Montréalais travaillent uniquement en français. Au Québec, un
travailleur sur huit est unilingue anglais, et de nombreux commerces de Montréal
et de l’Outaouais, malgré la loi, persistent à imposer l’anglais en n’apprenant
pas eux-mêmes le français ou en embauchant du personnel incapable de parler
français, ou si peu.
Dès l’énoncé de ce premier
problème, tout citoyen peut s’apercevoir que des changements profonds et
pressants s’imposent dans la vision organisationnelle et la culture de cadres
anglicisantes de l’OQLF. Pour bonifier sans plus attendre la Charte, il faut
d’abord réinstaurer l’autonomie de cet organisme, notamment en révisant le
mécanisme de nomination à sa présidence et en revalorisant l’outil citoyen de
francisation, le recours aux plaintes. C’est ce dernier qui permet l’expression
des revendications des citoyens. Il importe d’y faire disparaître sans attendre
les insignifiances libérales du genre « lorsque la plainte relève de
l’intérêt collectif et général, le plaignant n’est pas informé des actions
posées par l’Office ».
Offre culturelle en français
La démarche globale de
francisation exige que le nouveau gouvernement intervienne activement pour
accroître la création et la diffusion culturelle en français. Voir et écouter
les programmations de nos médias télévisuels et radiophoniques suffit à convaincre
tout observateur objectif de l’avancement de l’anglicisation quand ce n’est pas
l’américanisation des ondes. Certaines sociétés et boîtes de communication en
sont rendues à produire et diffuser leurs messages publicitaires dans un
environnement musical américain, montrant ainsi leur désintérêt pour nos
artistes et notre culture. C’est blessant ! Pourtant, le Québec culturel
regorge de talents. Nous invitons Mme Roy, qui est également ministre de
la Culture et des Communications, à agir sur la colonisation des cerveaux et
des préférences culturelles.
Maisons d’enseignement
Devons-nous encore rappeler que
nos établissements d’enseignement postsecondaire participent eux-mêmes
allègrement à l’anglicisation de la relève en imposant aux étudiants de plus en
plus de parcours scolaires en anglais ? Nos établissements postsecondaires
de « langue française » le sont de moins en moins. Ils ont pourtant
toujours pour mission essentielle de former des diplômés qui, demain, au sein
des entreprises privées ou ailleurs, auront à faire du français — et non de
l’anglais — la langue normale et habituelle de travail.
Et puisque le français, en plus
d’être langue nationale, est la langue de travail et la langue commune d’usage
public au Québec, nous croyons qu’une politique efficace de francisation doit
aussi repenser les programmes d’enseignement des écoles, cégeps et universités
de langue anglaise. De sorte que tous les élèves et étudiants puissent y
acquérir la maîtrise du français, ce qui leur permettra ainsi de leur ouvrir l’avenir,
entre autres, de la Francophonie. Et non, faute d’avoir appris le français, de
les voir réclamer l’anglicisation des services publics et privés pour
accommoder leur unilinguisme ou, pire, quitter le Québec après avoir profité de
nos impôts au cours de leur instruction.
Le gouvernement pourrait
considérer sérieusement d’augmenter l’offre et la fréquentation des programmes
d’immersion ou, mieux encore, d’encourager les parents anglophones à inscrire
leurs enfants dans le réseau scolaire ou de garderies de langue française.
Rappelons un cas délirant
d’anglomanie : le gouvernement du Québec va offrir, en 2020 en Outaouais,
une région massivement francophone, une formation en médecine qui relèvera de
l’université de langue anglaise McGill. Pis encore, celle-ci s’est empressée de
délocaliser une partie du programme d’études de ce cursus en médecine obligeant
les étudiants des Outaouais à suivre leur année préparatoire… en anglais, à
McGill University.
De tels exemples scandaleux
témoignent d’une aliénation politique totale. Or ils foisonnent au
Québec ! Rappelons la déclaration de l’OQLF cautionnant l’intention
d’Hydro-Québec de facturer en anglais « les clients » qui en font la
demande ! Ces décisions gouvernementales soulèvent clairement des
questions sur le rôle anglicisant de l’État national, et sur le rôle
anglicisant de ses créatures publiques et parapubliques de tous les
niveaux !
Mandat de l’OQLF
Nous voyons d’un bon oeil
l’intention du gouvernement de repenser la vision gouvernementale sur l’immigration, laquelle représente nettement un
enrichissement collectif dans la mesure où son intégration au Québec français
est primordiale et réussie. Or nous sommes actuellement en face d’un échec
lamentable, comme le confirmait le Rapport annuel 2017 de la vérificatrice
générale.
Nous déplorons actuellement que
l’OQLF n’ait toujours pas rempli son mandat, alors que l’article 160 de la
Charte de la langue française l’exige pourtant clairement. Nous déplorons tout
particulièrement qu’il n’ait pas produit un bilan quinquennal ayant
« trait à l’usage et au statut de la langue française ainsi qu’aux
comportements et attitudes des différents groupes linguistiques ». Dans
l’hypothèse d’une intervention appropriée, il faut un bilan objectif de la
situation !
Oui, Mme Roy, Impératif français est entièrement
d’accord avec l’application de la Charte, mais il faut beaucoup, beaucoup plus,
car il n’y a pas que l’affichage ou les raisons sociales qui sont en cause. Une
politique linguistique « nationale » et surtout
« transversale » s’impose impérativement après quinze ans de
dérive libérale.