jeudi 30 novembre 2023

C’est fort de liqueur!


Dans un billet précédent, j’ai cité l’avis de normalisation publié à la Gazette officielle par l’Office de la langue française le 26 mai 1979 et désofficialisé le 15 février 2014. L’avis précisait que le terme liqueur « doit être réservé au produit alcoolisé » et ne pas être utilisé pour désigner des sodas. Le Grand Dictionnaire terminologique (GDT) réhabilite, dans la fiche « boissons gazeuses », l’usage du mot liqueur pour désigner un soda « dans certains contextes » (lesquels ???).

Les tâcherons du GDT n’hésitent pas à recourir à l’argument d’autorité de l’Académie française pour revamper nos archaïsmes (on l’a vu aussi dans le cas de vidanges, « ordures ménagères ») :

Les termes liqueur et liqueur douce sont employés en langue courante et dans des situations de discours familier au Québec. Le terme liqueur y est d'usage très fréquent; il découle, par extension, du sens de « boisson rafraîchissante non alcoolisée » qui a eu cours en français jusqu'au XIXe siècle et qui est notamment attesté dans l'édition de 1835 du Dictionnaire de l'Académie française.

Il y a toutefois un petit problème. Voyons ce que dit précisément l’Académie dans la sixième édition de son dictionnaire (le GDT aurait pu tout aussi bien citer la quatrième édition, celle de 1762) :

Liqueurs fraîches, Boissons rafraîchissantes, telles que la limonade, l’eau de groseille, de grenade, etc.

Le mot liqueur n’est pas employé seul mais dans une expression.

Dans ce cas précis, à trop vouloir récupérer, le GDT commet une erreur d’interprétation.

Au fait, invoquer des usages qui datent d’il y a deux siècles, ne serait-ce pas faire preuve de purisme ? Qui sont les vrais puristes ? Les promoteurs d’une norme contemporaine ou les terminologues nostalgiques de l’Ancien Régime ?

 

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