lundi 24 mars 2025

Cinquantième anniversaire


C’est aujourd’hui le cinquantième anniversaire du déclenchement de la grève (illégale) des occasionnels[1] de la Régie de la langue française[2].

L’arrêt spontané de travail avait été provoqué par le renvoi de cinq représentants élus par les employés occasionnels du bureau de Québec. Le conflit me semble avoir été couvert principalement par le Journal de Québec dont les archives, apparemment, ne sont pas dans le site BAnQ. Je n'ai guère trouvé que cet article du Devoir du 27 mars 1975 :

Le problème est particulièrement aigu à la Régie de la langue française, qui a succédé au défunt Office de la langue française, où pas moins de 70% des employés sont des occasionnels même s’ils œuvrent au même emploi[3] depuis deux, trois, quatre et même cinq ans.

Une association vient d’être formée par les occasionnels de la Régie et la direction a rétorqué en signifiant le non-renouvellement de contrat des cinq leaders de cette association. [Partiellement FAUX : il y avait un sixième représentant travaillant sous Jean-Claude Corbeil et qui, lui, n’a pas été mis à la porte.]

Rappelons que lors de la création de la Régie les employés permanents avaient été désyndiqués au prétexte que la Régie relevait du Conseil exécutif. Ce qui explique que, pour eux, la solidarité était difficile. L'essayiste Gilles Leclerc et une bibliothécaire ont été les deux seuls employés permanents à refuser de franchir sous escorte policière la ligne de piquetage.

Un ancien collègue, Donald Belley, m'a envoyé copie d'un article du Journal de Québec de début avril 1975 qui montre que le climat a parfois été tendu sur la ligne de piquetage :

 

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Pendant toute la durée de la grève il y a eu dans la rue près des bureaux de la Régie une voiture tellement sale qu’on n’avait pas besoin de voir les deux personnes dans l’habitacle pour savoir qu’il s’agissait d’une voiture banalisée. Il est vrai que le lieu de réunion des grévistes était le local du Parti communiste. Je me rappelle qu’on y voyait sur une étagère les œuvres complètes de Lénine.

Le directeur de l’époque, Jean-Claude Corbeil, a négocié la sortie de crise avec le ministre Oswald Parent (connu pour être intransigeant) et, seul, sans aucun accompagnateur, il est venu la présenter aux grévistes assemblés au Pavillon technique du cégep de Limoilou, boulevard Langelier. Je n’ai pas connu de patron plus courageux.

Après cette grève, le climat de travail a été pourri pendant des années au bureau de Québec. En 1980 j’ai été heureux de pouvoir m’en aller au Conseil de la langue française.



[1] Employés occasionnels = employés en c.d.d.

[2] La Loi sur la langue officielle (loi 22) avait ainsi nommé l’Office de la langue française. La Charte de la langue française a repris l’ancienne appellation.

[3] « Ils œuvrent au même emploi » : quel style !

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