C’est aujourd’hui le
cinquantième anniversaire du déclenchement de la grève (illégale) des
occasionnels[1]
de la Régie de la langue française[2].
L’arrêt spontané de travail
avait été provoqué par le renvoi de cinq représentants élus par les employés
occasionnels du bureau de Québec. Le conflit me semble avoir été couvert
principalement par le Journal de Québec dont les archives, apparemment,
ne sont pas dans le site BAnQ. Je n'ai guère trouvé que cet article du Devoir
du 27 mars 1975 :
Le
problème est particulièrement aigu à la Régie de la langue française, qui a
succédé au défunt Office de la langue française, où pas moins de 70% des
employés sont des occasionnels même s’ils œuvrent au même emploi[3]
depuis deux, trois, quatre et même cinq ans.
Une
association vient d’être formée par les occasionnels de la Régie et la
direction a rétorqué en signifiant le non-renouvellement de contrat des cinq
leaders de cette association. [Partiellement FAUX : il y avait un sixième
représentant travaillant sous Jean-Claude Corbeil et qui, lui, n’a pas été mis
à la porte.]
Rappelons que lors de la création de la Régie les employés permanents avaient été désyndiqués au prétexte que la Régie relevait du Conseil exécutif. Ce qui explique que, pour eux, la solidarité était difficile. L'essayiste Gilles Leclerc et une bibliothécaire ont été les deux seuls employés permanents à refuser de franchir sous escorte policière la ligne de piquetage.
Un ancien collègue, Donald
Belley, m'a envoyé copie d'un article du Journal de Québec de début
avril 1975 qui montre que le climat a parfois été tendu sur la ligne de
piquetage :
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Pendant toute la durée de la
grève il y a eu dans la rue près des bureaux de la Régie une voiture tellement sale
qu’on n’avait pas besoin de voir les deux personnes dans l’habitacle pour savoir
qu’il s’agissait d’une voiture banalisée. Il est vrai que le lieu de réunion
des grévistes était le local du Parti communiste. Je me rappelle qu’on y voyait
sur une étagère les œuvres complètes de Lénine.
Le directeur de l’époque,
Jean-Claude Corbeil, a négocié la sortie de crise avec le ministre Oswald
Parent (connu pour être intransigeant) et, seul, sans aucun accompagnateur, il est
venu la présenter aux grévistes assemblés au Pavillon technique du cégep de
Limoilou, boulevard Langelier. Je n’ai pas connu de patron plus courageux.
Après cette grève, le climat
de travail a été pourri pendant des années au bureau de Québec. En 1980 j’ai
été heureux de pouvoir m’en aller au Conseil de la langue française.
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