mardi 3 janvier 2012

La charrue devant la congère

Source : La Tribune, 10 janvier 2009


Q. Quel est le terme français désignant une gratte ou une charrue ?
R. Une déneigeuse (Le chasse-neige et la souffleuse sont des types de déneigeuses)

Bazzo.tv, quiz du 5 février 2009


En lisant Bury Your Dead de Louise Penny, dont l’action se situe à Québec, je tombe sur ce passage :


He dipped an orange biscotti into his café au lait and looking through the frosty window he could see the snow, falling gently but steadily. Benny William had been by once with the plow, but the snow had already filled in behind him. (p. 90)


Et je me rends compte que, dans mon billet « Mettre la charrue devant les bœufs ou la congère ? » (Banderilles / 15), j’ai oublié de mentionner que le sens de « déneigeuse » donné au terme charrue (à neige) venait selon toute vraisemblance de l’anglais snowplow (snowplough). Origine que le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue français se garde bien évidemment d’évoquer. Origine manifeste dans les données que l’on peut trouver dans le Trésor de la langue française au Québec puisque le sens de dispositif de déneigement est attesté assez tardivement.


Selon le TLFQ, la première mention de charrue pour désigner un dispositif permettant de déneiger les voies ferrées date de 1880 (« charrue du CNR »). Pour désigner le dispositif servant à déneiger les chemins, le terme charrue à neige apparaît pour la première fois dans la documentation en 1912 :


Les charrues à neige sont faciles à faire. Il y en a de bien des genres. Une planche traînée sur le cant, à angle droit au chemin; deux planches clouées ensemble sur le cant, en forme d'A, etc., font des charrues peu dispendieuses, qui font à peu près l'office du traînoir. Elles remplissent les ornières; abattent la neige qu'il peut y avoir entre les traces des voitures et celles des chevaux; remplissent les pentes, etc. Tout le monde sait comment arranger un chemin d'hiver; ce qu'il faut c'est de convaincre les gens de l'importance de tenir les chemins en bon ordre. Il ne suffit pas qu'une voie soit passable et qu'à la rigueur les voitures puissent circuler, mais qu'elle soit belle.
Raoul RINFRET, Les bons chemins à la campagne, Montréal, Librairie Beauchemin Limitée, 1912


Je ne peux que reprendre la conclusion de mon billet « Mettre la charrue devant les bœufs ou la congère ? » : les terminocrates du GDT ne font en fait que consacrer et légitimer la diglossie québécoise.

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