samedi 8 octobre 2011

Banderilles / 15


Mettre la charrue devant les bœufs ou devant les congères ?
La fiche chasse-neige du Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois  de  la  langue  française  offre  trois « quasi-synonymes » pour ce mot : gratte, charrue et charrue à neige, tous trois accompagnés de la mention « [langue courante] ». J’ai déjà eu l’occasion de faire remarquer que cette marque est trompeuse dans la mesure où on pourrait croire qu’elle signifie que le mot ainsi marqué est courant en français général alors qu’elle désigne plutôt un mot d’usage courant au Québec. Il faudrait donc la remplacer par la formule « couramment au Québec ».

Extrait de la fiche chasse-neige du GDT


Il ne semble pas être venu à l’esprit des rédacteurs des fiches portant la marque « [langue courante] » que leur dérive dialectologique et endogéniste sert en fait à officialiser la diglossie. Ils se trouvent à légitimer l'utilisation de formes vernaculaires, créant ainsi une confusion dans l'esprit des usagers croyant avoir affaire à un dictionnaire terminologique plutôt qu’à un dictionnaire de l’usage courant.


Rappelons que l’on appelle diglossie une situation où deux variétés d'une même langue coexistent dans une même communauté de façon relativement stable, une variété dite haute et l’autre dite basse ; la variété haute sert de véhicule à un corpus écrit abondant, elle est codifiée, et c’est celle que l’on enseigne.

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Dans la version en ligne du dictionnaire Franqus, charrue n’a pas le sens de chasse-neige que lui donne le GDT. Mais, sous l’entrée gratte, on trouve le sens de chasse-neige.


Ce n’est pas la première fois que je constate que le Franqus ne reprend pas les éléments les plus « folklo » du GDT, ce qui ne laisse pas de paraître paradoxal dans la mesure où on s’attendrait à trouver ces termes vernaculaires dans un dictionnaire général (comme le Franqus) plutôt que dans un dictionnaire terminologique.

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