dimanche 9 mars 2014

La limonade endogéniste / 3


Je continue ma critique de la fiche « limonade = lemonade » du Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF). Elle illustre parfaitement la dérive qu’entraîne l’abandon des principes de la recherche terminologique qui ont contribué à une époque à la renommée de l’Office. Autres temps, autres mœurs.


On ne trouve presque plus de définitions anglaises dans les fiches du GDT rédigées depuis une quinzaine d’années. Si le rédacteur de la fiche « limonade = lemonade » était parti de la définition anglaise de lemonade et, condition tout aussi importante, s’il n’avait pas été aveuglé par l’idéologie endogéniste, il aurait abouti à des conclusions différentes.


Prenons les définitions de lemonade dans le Webster :

1) a drink made usually of lemon juice, sugar, and water
2) a sweet lemon-flavored drink that contains many bubbles : a lemon soda


La première correspond à celle de citronnade: « Boisson rafraîchissante à base d'eau sucrée additionnée de jus ou de sirop de citron » (Trésor de la langue française informatisé).


La seconde correspond à celle de limonade : « Boisson rafraîchissante faite d'eau saturée d'acide carbonique, légèrement sucrée, parfumée avec du sirop ou de l'essence de citron » (Trésor de la langue française informatisé). C’est, pour l’essentiel, la définition normalisée par l’Office lui-même (voir le billet précédent).


Le tome 8 de l’Encyclopédie méthodique, Médecine (Enclyclopédie Panckoucke), paru… en 1808, nous apprend que le mot limonade, au sens de « boisson faite de jus de limon ou de citron, d'eau et de sucre », était déjà vieilli à l’époque. On y lit en effet : « Les limonades étaient destinées à activer les fonctions digestives ou à servir de boisson aux malades, à la façon des tisanes » (cité dans le TLFi).


Il serait peut-être temps que, sur ce point précis, le GDT prenne acte de deux siècles d’évolution de la langue française.


Mais, on le sait, les endogénistes se comportent en chauffeurs d’autobus québécois : Avancez en arrière, nous disent-ils (voir mon billet « Le purisme pure-laine ou le Grand Bond en arrière »).

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