Le 27 avril dernier, je notais dans ce blog
que l’Office québécois de la langue française avait rétrogradé le mot soda qui n’apparaît plus en vedette dans
ses fiches au profit de boisson gazeuse.
Je donnais deux fiches en exemple, l’une de 2001 (soda au gingembre), l’autre de 2014 (boisson gazeuse au gingembre) (cliquer sur les fiches pour les agrandir) :
La situation est d’autant plus curieuse que
la compagnie Canada Dry vient de lancer une campagne de publicité où elle
utilise le terme soda gingembre
(plutôt que boisson gazeuse au gingembre,
premier terme maintenant donné dans le Grand Dictionnaire terminologique) :
Je me demande encore quelle nécessité il y
avait de perdre du temps à changer des dizaines de fiches pour y mettre en
premier lieu boisson gazeuse plutôt
que soda. D’autant plus que l’Office
admet, dans ses fiches, que c’est le terme soda
qui est « surtout employé dans la langue du commerce, en particulier dans
l’étiquetage ». L’Office, conformément à son mandat, devrait s’occuper en
priorité de la francisation de la langue du commerce et des affaires :
alors, pourquoi ne pas mettre en tête de ses fiches le mot soda ?
La volte-face de l’Office, qui donne
aujourd’hui priorité au terme boisson
gazeuse, peut paraître paradoxale quand on lit dans la liste des sources, à
la fin de l’article soda du Trésor de
la langue française de Nancy, cette référence aux travaux de l’ancienne
Commission de terminologie de l’Office de la langue française :
DUBUC (R.). Décisions de la
Commission de terminol. de l'OLF. Meta. 1979, t. 24,
no 3, pp. 414-415; n o 4, p. 493.
Comme
je l’écrivais le 27 avril : à l’heure où l’Office ne parvient pas à faire du français la langue de
travail sur le chantier du mégahôpital francophone de Montréal, on peut se demander s’il ne serait
pas plus judicieux de réaffecter des ressources humaines à la francisation des
entreprises plutôt que d’encourager des terminologues à continuer de jouer les
Pénélope qui défont aujourd’hui ce qui a été fait hier.