L’Agence universitaire de
la francophonie a organisé en 2001 un colloque avec l’Université du Saint-Esprit
de Saslik au Liban. Je n’ai pu m’y rendre mais j’ai transmis le texte « Diversité
culturelle et linguistique : quelles normes pour le français? ».
Dans
le document de présentation du colloque « Diversité linguistique et
culturelle : quelles normes pour le français? », on nous invite à
intervenir sur deux « perspectives
thématiques convergentes » :
– « réfléchir à une meilleure appréhension des
rapports entre français et langues partenaires (…) »
– « mieux préparer, dans les esprits, mais
aussi dans les faits, l’avènement d’une langue française aux normes plurielles,
à géométrie variable, sans que cette prise en compte par les États francophones
de leur (ou parfois « leurs ») français conduise pour autant à un
appauvrissement. »
Mon
intervention concernera surtout le second point, mais j’aurai l’occasion de
faire une remarque concernant la première perspective thématique. Pour éviter
de possibles malentendus, je tiens à préciser que je m’exprime ici à titre
personnel.
La question de l’avènement
d’une langue française aux normes plurielles doit être abordée avec précaution.
D’une part, il ne faudrait pas lâcher la proie pour l’ombre en provoquant ou en
hâtant la fragmentation d’une langue qui permet l’intercompréhension au plan
international. Je soulève ici la crainte de ce que certains appellent la babélisation, dont on parle non
seulement pour le français mais aussi pour l’anglais. Dans le domaine anglais,
Gillian Brown, directrice du Centre for English and Applied Linguistics de
Cambridge, croit que l’anglais prendra de plus en plus des teintes locales et
Samuel P. Huntington, dans Le choc des
civilisations, déplore le fait qu’il n’y a déjà plus intercompréhension
entre certaines variétés de l’anglais. Dans le domaine francophone, Suzanne
Lafage est, elle aussi, sensible à la possibilité d’un éclatement du
français :
Pour maintenir intercompréhension et cohésion à
travers la francophonie, il faudrait qu'un enseignement de qualité répande une
variété de français commun, à la fois vivant et adapté à la communication
quotidienne tant écrite qu'orale, afin de corriger les fortes tendances en
cours à la différenciation et à l'éclatement. Car, plus le français devient une
langue parlée en Afrique, plus la variation s'accroît dans tous les domaines
linguistiques : prononciation, prosodie, morphologie, syntaxe, lexique et
sémantique (Lafage, 1999 : 168).
Rappelons que des craintes
semblables sont régulièrement exprimées au Québec. Ajoutons, a contrario, l'exemple du
portugais : «le pluricentrisme du portugais constitue […] un bel exemple
de la diversification de la norme sans que cela entraîne nécessairement une
'babélisation', tant il est vrai que l'intercompréhension entre Portugais et
Brésiliens est totale au niveau soutenu.»
En
tout état de cause, quand on parle d'une langue française aux normes
plurielles, il faudrait savoir si l'on recherche une véritable pluralité de
normes ou tout simplement une langue monocentrique ouverte aux régionalismes,
une norme alimentée par le pluricentrisme.
Je disais
donc que, d’une part, il faut être prudent de ne pas brader un héritage qui
assure l’intercompréhension. D’autre part, il me semble primordial, lorsque
l’on discute de l’avènement possible d’une langue française aux normes
plurielles, de prendre en compte l’opinion des locuteurs sur la question car,
comme le dit Bernhard Pöll, «les variétés nationales […] sont en premier lieu
le produit de représentations […]».
Pierre Bouchard et moi avons effectué une enquête qui, me semble-t-il, apporte
un éclairage pertinent et essentiel. Je souligne la forte représentativité des
opinions exprimées lors de cette enquête parce que cette dernière a été
effectuée auprès d’un échantillon aléatoire de 1591 francophones âgés de 18 ans
et plus, représentant l’ensemble de la population francophone du Québec; nous
avons dans certains cas repris des questions d’une enquête plus ancienne faite
en 1983 auprès d’un échantillon représentatif de 700 personnes des villes de
Montréal et de Québec. Voici quelques résultats utiles pour nos
discussions :
1. « Les francophones du
Québec devraient être capables de parler également un français international. »
De 1983 à 1998, cet énoncé
continue de faire consensus, près de 9 Québécois sur 10 manifestant leur
accord. Nous n’avons constaté aucune évolution sur cette question.
2. « Les mots d’ici
constituent une richesse qu’il faut absolument conserver. »
La proportion de la
population qui dit être d’accord avec cet énoncé a crû de 14,7 points sur une
période de 15 ans, passant de près de trois personnes sur quatre (73,2 %)
à près de neuf sur dix (87,9 %), et cette hausse est significative du
point de vue statistique.
3. « Pour les termes
techniques spécialisés, les Français et les Québécois devraient utiliser les
mêmes mots. »
La question n’avait pas été
posée en 1983. En 1998, elle recueille 89,2 % d’adhésion.
4. « Beaucoup de mots que
nous utilisons au Québec nous empêchent de communiquer avec les francophones
des autres pays. »
En 1983, près de trois
Québécois sur quatre (73,2 %) se disaient en accord avec cette énoncé.
Quatre ans plus tard, ils étaient moins de un sur deux (42,1 %).
Les personnes qui ont voyagé
dans les autres pays francophones sont celles qui ont le plus abandonné cette
opinion. En effet, il y a une baisse de 46,1 points sur quinze ans parmi les
personnes qui ont visité des pays francophones, comparativement à une baisse de
24,5 points chez celles qui ont voyagé dans des pays non francophones.
5. « Les francophones
d’ici devraient mieux connaître les mots typiques des autres régions de la
francophonie. »
Tant en 1983 qu’en 1998, un
peu plus d’un Québécois sur deux appuie cet énoncé (54,4 % en 1983, 53,8 %
en 1998). Sur ce point, il n’y a pas eu d’évolution en 15 ans.
6. « Tous les francophones
du monde devraient employer partout les mêmes mots. »
En 1983, les répondants se
partageaient également entre ceux qui étaient pour et ceux qui étaient contre
cet énoncé (50 % exactement). Sur 15 ans, l’accord avec cette opinion a
connu une chute de près de 15 points, passant de 50 % à 35,2 %. La
baisse la plus marquée s’est manifestée chez les personnes les plus
scolarisées : chez celles qui ont 13 ans et plus de scolarité, la baisse
est de 14,2 points, alors qu’elle est de 6,9 points chez celles ayant moins de
13 ans de scolarité.
Voici, à mon avis, les
conclusions qui se dégagent de ces données :
1. Le refus du séparatisme
linguistique : les Québécoises et les Québécois estiment qu’ils devraient
être en mesure de parler aussi un français d’audience internationale; ils
croient, de plus, que les termes techniques devraient être les mêmes en France
et au Québec. Ces opinions rejoignent la position que le Conseil de la langue
française défendait en 1990 lorsqu’il affirmait que les Québécois « ne
veulent pas se couper du français international » (Conseil de la langue
française, 1990 : 51). Ces opinions rejoignent aussi la pratique de
l’Office de la langue française, qui est de proposer, dans la mesure du
possible, l’emploi au Québec des mêmes termes techniques qu’en France.
2. Les mots propres au Québec
sont sentis comme faisant partie du patrimoine national. Ce sentiment s’est
même accru sur une période de 15 ans.
Par ailleurs, des analyses
statistiques plus poussées que je ne vous détaillerai pas ici montrent que la
population du Québec est partagée entre plusieurs modèles linguistiques,
l’importance de chacun de ces modèles variant en fonction du degré
d’urbanisation. Je simplifierai outrageusement en disant que le partage se fait
entre un modèle de type international et un modèle plus québécois. Dans les
milieux fortement urbanisés, les plus importants du point de vue de la
dynamique sociolinguistique, c’est le modèle plus québécois qui prévaut, avec
une ouverture sur les autres régions de la francophonie mais en marquant un
désaccord avec l’harmonisation de la terminologie d’un pays francophone à
l’autre. Dans les milieux semi-urbains et ruraux, le modèle qui prévaut est de
type plus international puisque la norme de référence qui est favorisée est
celle des présentateurs de la chaîne nationale de radio et de télévision,
traditionnellement perçus comme parlant une langue d’audience internationale.
Notre
enquête de 1998 fournit aussi des renseignements sur l'autocatégorisation
linguistique des Québécois. À la question «de façon générale, avez-vous
l'impression de parler français ou de parler québécois?», 51 % répondent
français et 49 % québécois. Nous avons aussi posé la question :
«Diriez-vous que vous parlez tout à fait à la manière française, plutôt à la
manière française, plutôt à la manière québécoise ou tout à fait à la manière
québécoise?». 84 % des enquêtés affirment parler à la manière québécoise
(61 % plutôt à la manière québécoise et 23 % tout à fait à la manière
québécoise) contre 16 % qui disent parler à la manière française.
Ces
réflexions m’amènent naturellement à aborder la question des rapports
linguistiques entre la France et le Québec. Je considérerai brièvement trois
questions : la féminisation des titres de fonction, le fonctionnement des
commissions de terminologie et l’enseignement du français à l’étranger.
Sur le thème de la
féminisation, certains responsables français ont émis des opinions pour le
moins condescendantes à l’égard des Québécois (et aussi des Belges). Lors de la discussion, à l'Assemblée nationale de
France, du projet de loi réformant la Cour d'assises, des critiques se sont
élevées contre la formulation du serment des jurés, selon laquelle même une
femme doit s'engager à faire preuve de «l'impartialité et de la fermeté qui
conviennent à un homme probe et libre». À ceux qui demandaient de remplacer le
mot «homme» par «personne», Jacques Toubon, alors garde des Sceaux, a
répondu : «C'est du canadien, du québécois, du langage des Nations Unies,
du 'politiquement correct', mais ce n'est pas du français[5]». Je
citerai aussi cet extrait d'une lettre de Maurice Druon :
Libre
à nos amies québécoises, qui n'en sont pas à une naïveté près en ce domaine, de
vouloir se dire une auteure, une professeure ou une écrivaine; on ne voit pas
que ces vocables aient une grande chance d'acclimatation en France et dans le
monde francophone.
Libre aussi aux
autorités culturelles de la Communauté française de Belgique, en mal de
démagogie féministe, d'avoir publié un édit d'où il ressort qu'une femme
entraîneur d'une équipe sportive s'appellerait désormais une entraîneuse, ou
qu'une femme appartenant aux équipes de lutte contre les incendies deviendrait
une pompière (La Presse du 26 juillet
1997, p. B-3; à l'origine, la lettre a été publiée dans Le Figaro).
La
position de l’Académie française en matière de féminisation l’a sinon
discréditée au Québec, du moins lui a fait perdre quelques plumes.
En ce qui concerne les
commissions de terminologie en France, on sait qu’elles doivent en dernier
ressort soumettre leurs conclusions à l’Académie pour approbation et la
Commission générale de terminologie ne peut approuver définitivement que des
termes qui ont reçu l’accord de l’Académie française. Il s’agit d’un processus
assez long, de l’aveu même de Gabriel de Broglie (propos tenus sur la chaîne
culturelle de Radio-Canada). En principe, la Commission générale de
terminologie est informée des positions québécoises lorsque le Québec a une
positions à faire valoir sur une question mais elle ne tient pas souvent compte
de l’opinion de l’Office de la langue française du Québec. Je prendrai ici
seulement l’exemple de mél., m-é-l avec un point, dont la
prononciation est contraire au système phonologique du français. De l’avis de
Gabriel de Broglie, « Ce n’est pas une abréviation exactement, c’est
plutôt un symbole qu’un mot. Et le mél. veut dire messagerie électronique. Et
il est formé sur le même mode que tél., qui est l’abréviation de téléphone.»
Lorsque les autorités françaises ont décidé de forger le terme “mél.”, il
existait depuis plus d’un an un terme concurrent dans les milieux de
l’informatique, le mot “courriel”. Contrairement au mot “mél.”, qui veut dire
uniquement adresse électronique, le mot “courriel” désigne aussi bien l’adresse
que le contenu du message. On peut donc envoyer un courriel, mais pas un mél.,
du moins si l’on se fie à la définition officielle. Pour conclure ce point de
la collaboration francophone en matière de terminologie, je citerai ici les
deux leçons que tire Daniel Raunet dans sa série sur l’histoire du français
diffusée à la chaîne culturelle de Radio-Canada :
Première leçon importante : ce n’est pas pour
répondre aux besoins concrets des usagers que la France déploie ses efforts de
terminologie. La raison d’être du processus, c’est la raison d’État. Dès leur
publication au Journal Officiel, les nouveaux termes deviennent obligatoires
pour l’administration et pour les entreprises dans toute leur production
écrite, contrats, correspondance, règlements, etc… Deuxième leçon : cet acte de
pouvoir, l’adoption de nouveaux mots, est un privilège du noyau central de
l’État. C’est à Paris, et nulle part ailleurs, que se définit ce qu’est la
langue française. Autant dire que dans tout cela, le reste de la Francophonie
ne pèse pas lourd dans la balance (transcription aimablement fournie par Daniel
Raunet).
On peut ajouter une troisième leçon,
la lenteur du processus qui ne permet pas de fournir assez tôt des équivalents
français, ce qui laisse libre cours aux anglicismes pour s’implanter dans
l’usage.
Le troisième point que je
veux ici aborder concerne l’enseignement du français à l’étranger, soit comme
langue seconde, soit comme langue étrangère (ce point se situe dans la
perspective des relations entre le français et les langues partenaires). Sur ce
thème, je me contenterai de citer les constats parus dans le Modern Language Journal cette année (MLJ 85, spéc. pp. 20-21).. Les
auteurs James P. Lantolf et Gretchen Sunderman ont relu les articles publiés
dans cette revue au cours de huit décennies. Un élément m’a frappé dans leur
analyse, c’est que les enseignants de français aux États-Unis ont eu tendance à
enseigner la France au moins autant que le français — quand ils ne se sentaient
pas investis de la mission d'être les ambassadeurs de la France. La perspective
d’une langue française aux normes plurielles devrait entraîner un changement
profond d’attitude dans l'enseignement du français langue étrangère. On assiste
déjà à une certaine évolution, la revue Le
français dans le monde, par exemple, fait une certaine place aux pays
francophones autres que la France mais on admettra sans peine qu’il faut aller
plus loin que ce début prometteur.
Dans
la dernière partie de ma communication, je voudrais vous présenter les
résultats préliminaires de mon étude de la langue des courriels. Cette étude se
fonde sur un corpus de quelque 4 000 courriels envoyés, sur une période de
deux ans, à une émission de télévision regardée par des personnes plus
scolarisées que la moyenne. Je tiens à préciser qu’il s’agit de courriels
publics, les messages ayant été publiés sur le site de l’émission et ayant été
accessibles à tous les utilisateurs d’Internet pendant chacune des deux saisons
de diffusion. Les auteurs des messages savaient qu’ils pouvaient être lus par
un bon nombre de personnes et plusieurs d’ailleurs demandent d’être indulgents
envers leurs fautes de français.
Le
premier tableau (qu'on trouvera en fin d'article) présente les résultats d’ensemble par grandes catégories. On
constatera que les fautes de ponctuation constituent plus du tiers de
l’ensemble des fautes (la virgule étant vraiment la championne toutes
catégories). Dans les commentaires qui suivront, je ne tiendrai pas compte de
la catégorie ponctuation.
La
grille de correction qui fut utilisée était très détaillée puisqu’elle
comportait une soixantaine de catégories. Le deuxième tableau présente des
résultats plus détaillés. J’ai omis les résultats de la catégorie qui vient en
tête, les fautes portant sur les accents, la cédille et le tréma, étant donné
que certains ordinateurs ou certains logiciels présentent des problèmes; même
quand l’appareil ou le logiciel permet d’utiliser les diacritiques, leur place
sur le clavier peut varier quand on passe d’un programme à l’autre, surtout
dans les cas, comme le mien, où le programme de clavier français a été installé
en dernier lieu plutôt qu’en premier. J’ai aussi regroupé tous les cas
d’homophonie.
Les
fautes provenant de cas d’homophonie occupent le premier rang, comptant pour
près de 8 % de l’ensemble des fautes. Notez aussi l’importance des fautes
concernant des éléments de base : l’orthographe des voyelles et des
consonnes, les majuscules et les minuscules, les règles de base d’accord des
verbes, le mode du verbe, l’accord de l’adjectif, etc.
Ce
tableau m'amène à faire deux commentaires.
Le
premier, ne le cachons pas, c’est qu’il y a, au Québec, un problème assez
généralisé dans la maîtrise du code de la langue. Les pouvoirs publics ont été
sensibilisés à cette question au cours des dernières années et particulièrement
lors des audiences des états généraux sur la situation de la langue française,
dont le rapport, qui vient d’être publié, fait une large place au problème de
l’enseignement du français. À ce sujet, la Commission des états généraux a été
très claire en écrivant qu'elle ne pouvait «taire ni éviter de reprendre à son
compte l'exaspération exprimée tout au cours de ses travaux à l'égard d'un
système d'enseignement qui tolère encore une maîtrise insuffisante du français».
Mentionnons simplement que les derniers résultats (2000) des élèves de 5e
secondaire montrent, pour le critère du fonctionnement de la langue, un taux
d'échec de 42 %. Le ministère de l’Éducation avait d'ailleurs, dès avant
la publication de ce rapport, adopté une série de mesures destinées à corriger
la situation. Un nouveau programme d'études est en voie d'implantation.
Toutefois, il faudra aussi penser à augmenter le contenu linguistique dans la
formation des maîtres, ainsi que le recommandent les états généraux : à
l'heure actuelle, sur les 120 crédits (ou unités) exigés pour l'obtention d'un
diplôme d'enseignement au préscolaire ou au primaire, de 6 à 12 crédits,
seulement, sont consacrés au français; pour le diplôme d'enseignement du
français au secondaire (option majeure), 30 crédits sur 120 sont consacrés à la
langue, le reste va à la psychopédagogie. On en vient ainsi à former des
experts en enseignement qui ne connaissent pas la matière qu'ils doivent
enseigner. La phagocytation des matières dites «disciplinaires» par la
psychopédagogie, où les méthodes prennent plus d'importance que la transmission
du savoir, n'est pas un phénomène propre au Québec, deux universitaires
français ont publié il y a une dizaine d'années un volume intitulé La pédagogie du vide dans lequel ils
dénoncent la même situation.
Le
second commentaire que m'inspirent les résultats préliminaires de mon enquête
sur la langue des courriels est le suivant : il faut se rendre à
l’évidence que le système graphique du français pose problème, ainsi que
l’illustre le fait que la catégorie la plus importante des fautes est celle des
homophones; on notera aussi que les problèmes orthographiques causés par les
voyelles et les consonnes occupent le cinquième rang. On aura beau décrier les
lacunes du système d’enseignement, je crois bien que l’on devra se rendre à
l’évidence que la codification orthographique actuelle crée de sérieuses
difficultés aux francophones de langue maternelle et n’est sûrement pas de
nature à faciliter la diffusion du français dans le monde. Il faudrait évaluer
sous cet éclairage la réforme orthographique faite il y a une dizaine d’années.
Il faudrait même se demander s’il ne serait pas souhaitable de procéder à une
simplification des règles de grammaire, à commencer, évidemment, par les règles
d’accord du participe passé (que l’on pourrait rendre invariable dans tous les
cas, même avec l’auxiliaire être).
Mais c'est là un thème à débattre à l'occasion d'un autre colloque.
1. « Les francophones du Québec
devraient être capables de parler également un français international. »
O.L.F. 1998
|
C.L.F. 1983
|
D’accord
88,2 %
|
D’accord 85,3 %
|
En désaccord
11,8 %
|
En désaccord
14,7 %
|
2. « Les mots d’ici
constituent une richesse qu’il faut absolument conserver. »
O.L.F. 1998
|
C.L.F. 1983
|
D’accord
87,9 %*
|
D’accord 73,2 %*
|
En désaccord
12,1 %*
|
En désaccord
26,8 %*
|
*Différences significatives
3. « Pour les termes
techniques spécialisés, les Français et les Québécois devraient utiliser les
mêmes mots. »
O.L.F. 1998
|
D’accord 89,2 %
|
En désaccord 10,8 %
|
4. « Beaucoup de mots que nous utilisons au
Québec nous empêchent de communiquer avec les francophones des autres
pays. »
O.L.F. 1998
|
C.L.F. 1983
|
D’accord
42,1 %*
|
D’accord 73,2 %*
|
En désaccord
57,9 %*
|
En désaccord
26,8 %*
|
*Différences significatives
4 (a) « Beaucoup de mots que nous utilisons au
Québec nous empêchent de communiquer avec les francophones des autres
pays. »
Pourcentage de répondants qui se disent d’accord
avec cet énoncé selon qu’ils ont ou non voyagé dans d’autres pays francophones
|
C.L.F. 1983
|
O.L.F. 1998
|
Ont voyagé dans des pays francophones
|
79,4 %*
|
33,3 %*
|
N’ont pas voyagé dans des pays francophones
|
68,7 %*
|
44,2 %*
|
*Différences significatives
5. « Les francophones
d’ici devraient mieux connaître les mots typiques des autres régions de la
francophonie. »
O.L.F. 1998
|
C.L.F. 1983
|
D’accord
53,8 %
|
D’accord 54,4 %
|
En désaccord
46,2 %
|
En désaccord
45,6 %
|
6. « Tous les francophones
du monde devraient employer partout les mêmes mots. »
O.L.F. 1998
|
C.L.F. 1983
|
D’accord
35,2 %*
|
D’accord 50 %*
|
En désaccord
64,8 %*
|
En désaccord
50 %*
|
*Différences significatives
6(a) « Tous les francophones du monde devraient
employer partout les mêmes mots. »
Pourcentage de répondants qui se disent en accord
avec cet énoncé, selon le nombre d’années de scolarité
Scolarité
|
C.L.F. 1983
|
O.L.F. 1998
|
Moins de 13 ans
|
55,7 %*
|
48,8 %*
|
Plus de 13 ans
|
39,8 %*
|
25,6 %*
|
*Différences significatives
Analyse d'un corpus de 4000 courriels
(405 714
mots)
Catégories de fautes
|
Nombre de fautes
|
Pourcentage
|
Coquilles
|
1270
|
3.2
|
Orthographe lexicale
|
6929
|
17.6
|
Orthographe grammaticale
|
6602
|
16.8
|
Syntaxe
|
5310
|
13.5
|
Ponctuation
|
14267
|
36.3
|
Vocabulaire
|
2370
|
6.0
|
Style
|
1756
|
4.5
|
Cohésion textuelle
|
798
|
2.0
|
Total
|
39302
|
100
|
(résultats détaillés sans les catégories accents et ponctuation)
Catégorie de fautes
|
Nombre
|
%
|
% cumulatif
|
Homophones
|
|
1748
|
7,64
|
7,64
|
|
OGB
|
nombre du nom
|
1528
|
6,68
|
14,31
|
|
ST.A
|
niveau de langue
|
1446
|
6,32
|
20,63
|
|
Coquilles
|
|
1270
|
5,55
|
26,18
|
|
OLB
|
orth. voy. ou cons.
|
1252
|
5,47
|
31,65
|
|
OLD
|
majuscules/minusc.
|
1113
|
4,86
|
36,51
|
|
OGA5.1
|
accord verbe règles gén.
|
1002
|
4,38
|
40,89
|
|
SYA45
|
choix prép.
|
924
|
4,04
|
44,93
|
|
OLE
|
trait d'union
|
921
|
4,02
|
48,95
|
|
VOA1
|
sens d'un mot
|
901
|
3,94
|
52,89
|
|
SYA3.1
|
mode du verbe
|
900
|
3,93
|
56,82
|
|
OGA1
|
accord de l'adj.
|
795
|
3,47
|
60,29
|
|
CT.A
|
réf. anaphoriques
|
743
|
3,25
|
63,54
|
|
VOB3.1
|
anglicismes lexicaux
|
448
|
1,96
|
65,50
|
|
OLH
|
noms propres/mots étrangers
|
417
|
1,82
|
67,32
|
|
OLF
|
abréviations
|
391
|
1,71
|
69,03
|
|
OGA63
|
part. passé + avoir
|
339
|
1,48
|
70,51
|
|
OGA62
|
part. passé + être
|
313
|
1,37
|
71,88
|
|
ST.B
|
maladresses
|
310
|
1,35
|
73,23
|
|
OGD1
|
conjugaison
|
297
|
1,30
|
74,53
|
|
OGA2
|
accord du déterminant
|
294
|
1,28
|
75,81
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|