Trois
organismes linguistiques francophones, trois solutions différentes pour
traduire food truck.
Le
Grand dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue
française (OQLF) propose comme traduction privilégiée camion de cuisine de rue. Il ajoute comme synonymes camion-restaurant, camion de nourriture de rue et camion
de restauration. La fiche, rédigée en 2017, porte la note suivante : « En France, les termes camion-restaurant
et camion de restauration sont
recommandés officiellement par la Commission d'enrichissement de la langue
française, depuis 2016. » On se demande pourquoi le GDT, venant
après, n’a pas préféré choisir l’une des deux propositions de la Commission
française : tous les moyens sont bons pour faire une norme à part. Et c’est
sans doute pour faciliter son implantation dans l’usage quotidien des Québécois
que l’on a choisi la forme la plus longue pour traduire food truck.
La banque terminologique FranceTerme, qui diffuse les travaux de
la Commission d'enrichissement de la langue française, privilégie camion de restauration et donne comme
synonyme camion restaurant (sans le trait
d’union que lui ajoute le GDT).
Quant à l’Académie française, elle préfère camion restaurant. Nul doute que sa préférence est basée sur le
fait que le français a déjà voiture-restaurant
et wagon-restaurant, sans parler de bar-restaurant, chèque-restaurant, café-restaurant.
Camion de cuisine de rue, camion de restauration, camion(‑)restaurant ont échappé à l’attention
des rédacteurs d’Usito, vous savez, le dictionnaire qui est censé d’écrire l’usage
du français au Québec.
La définition du GDT, « camion spécialement équipé dans lequel est préparée et servie, mais non consommée, de la cuisine de rue », invite à aller voir comment est définie cette cuisine de rue : « nourriture préparée et servie, mais non consommée, dans des camions spécialement équipés. » Le GDT passe sous silence que la différence des camions restaurants par rapport aux cantines mobiles est que généralement ils ne servent pas de la malbouffe. Heureusement que FranceTerme est là pour le rappeler : « Camion équipé pour confectionner rapidement des mets, le plus souvent élaborés, à emporter ou à consommer sur place. »
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La définition du GDT, « camion spécialement équipé dans lequel est préparée et servie, mais non consommée, de la cuisine de rue », invite à aller voir comment est définie cette cuisine de rue : « nourriture préparée et servie, mais non consommée, dans des camions spécialement équipés. » Le GDT passe sous silence que la différence des camions restaurants par rapport aux cantines mobiles est que généralement ils ne servent pas de la malbouffe. Heureusement que FranceTerme est là pour le rappeler : « Camion équipé pour confectionner rapidement des mets, le plus souvent élaborés, à emporter ou à consommer sur place. »
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Il
n’est peut-être pas sans intérêt de citer la note de la fiche « camion de
cuisine de rue » du GDT : « En
contexte, la forme courte camion de rue
est parfois employée. » En
contexte ! Comme s’il arrivait que l’on parlât hors contexte. Et doit-on
comprendre que camion de rue s’emploie
par opposition à camion d’avenue, de boulevard, d’autoroute, voire de
salon?
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Je
ne saurais terminer ce billet sans mentionner la fiche « nourriture de rue »
où, une fois de plus, le GDT trouve le moyen le plus stupide qui soit pour
justifier son acceptation d’un calque. « Bien
que nourriture de rue soit un calque
de l'anglais street food, il est
acceptable en français puisqu'il s'intègre bien au système linguistique de
cette langue. » On n’a pas encore compris que, par définition, les calques
s’intègrent automatiquement au système linguistique de la langue emprunteuse.
Les seuls problèmes d’intégration qui peuvent se poser à l'occasion relèvent de la sémantique :
ainsi, bris d’eau (rupture de canalisation), traduction
littérale (calque) de water break, ne
veut rien dire en français (comment peut-on briser de l’eau ?).