Parmi
les fiches que le Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois
de la langue française (OQLF) vient de mettre en vedette sur sa page d’accueil,
il y a « tephrochronologie ». Une note apporte la précision
étymologique suivante :
Le terme tephrochronologie
est formé à partir des éléments grecs tephra,
qui signifie « cendre », khrônos,
« temps » et logia, « étude ».
Le
problème, c’est qu’en grec ancien λογία ne signifie pas « étude ». Le
mot n’est d’ailleurs attesté que depuis l’époque du Nouveau Testament (et chez
Hésychius, un grammairien tardif) et il n’a pas ce sens, comme l’indique Bailly :
Le
Liddell & Scott ne dit pas autre chose :
D’ailleurs,
quand on consulte un dictionnaire français-grec comme celui de Louis Feuillet,
le mot λογία ne figure pas parmi les traductions possibles d’étude :
La
confusion sur l’origine du suffixe –logie
est déjà présente dans la version française du Wiktionnaire, source possible de
la note du GDT : « via le latin -logia, du grec ancien ‑λογία, ‑logia ».
Mais cette erreur est absente de la version espagnole (del griego antiguo λόγος). La version allemande du Wiktionnaire est la
plus complète :
Zusammensetzung aus ‑log- (von altgriechisch λόγος (lógos) (Rede, Wort, Vernunft, Überlegung,
philosophischer Lehrsatz, (philosophische) Lehre)) und –ie (entlehnt
aus altgriechisch ‑ία).
En
d’autres termes, le suffixe ‑logie est un calque de λόγος et du suffixe grec ‑ία, dont l’équivalent allemand est
le suffixe ‑ie, comme en français.
Les
auteurs de la fiche du GDT auraient été mieux avisés de nous expliquer comment,
à partir du mot grec τέφρα, ας (dont le thème se termine en –a), on aboutit au
composé tephrochronologie avec un o au lieu d’un a. Évidemment, l’erreur de composition a été faite en anglais.