vendredi 14 octobre 2016

Pourquoi angliciser les noms étrangers ?


[…] avant le poète Lafontaine, il y a eu Archilochus, durant l’Antiquité. Un Grec. Poète, lui aussi. Archilochus a dit : « Le renard connaît beaucoup de choses, mais le hérisson connaît une grande chose. »
– Fabrice Vil, « Éducation : pensons hérisson », Le Devoir, 14 octobre 2016


Pourquoi écrire à l’anglaise le nom du poète grec ? Je sais bien que c’est aussi la façon dont le nom s’écrit en latin, mais tant qu’à vouloir remonter aux sources, et pour faire moins colonisé, aussi bien l’écrire à la grecque : Arkhilokhos (ρχίλοχος). Constatons que le journaliste, qui voulait peut-être faire prétentieux, fait plutôt montre de son inculture.


Dans le même ordre d’idée, je suis en train de lire un livre mal traduit (dont je soupçonne d’ailleurs qu’il est mal rédigé dans sa langue d’origine) où le traducteur n’a pas fait l’effort de trouver comment s’appelait en français Diodorus Siculus (Διόδωρος Σικελιώτης) : Diodore de Sicile. Bel exemple d’incompétence dans une édition savante (Erich H. Cline, 1177 avant J.-C., le jour où la civilisation s’effondra, Paris, La Découverte, 2015).


Les noms à l’anglaise, est-ce la nouvelle tendance ? L’actuel duc de Cambridge n’est connu dans les médias de langue française que sous le prénom de William alors que ses prédécesseurs dans les dictionnaires français s’appellent Guillaume. Passera-t-on directement de Guillaume IV à William V ? Il est vrai qu’on n’a pas traduit non plus le nom du nouveau roi d’Espagne : on l’appelle Felipe en français tout comme on appelle son père Juan Carlos et non Jean-Charles.


L’anglicisation des noms propres est depuis longtemps présente chez les disquaires (de moins en moins nombreux, il est vrai). Le plus souvent, on ne trouve pas les disques de Chostakovitch sous la lettre C mais sous S : Shostakovich.


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