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continuant à me parler du passé, sans doute pour bien me montrer qu’il n’avait
pas perdu la mémoire, il l’évoquait d’une façon funèbre, mais sans tristesse.
Il ne cessait d’énumérer tous les gens de sa famille ou de son monde qui
n’étaient plus […]. C’est avec une dureté presque triomphale qu’il répétait sur
un ton uniforme, légèrement bégayant et aux sourdes résonances sépulcrales :
« Hannibal de Bréauté, mort ! Antoine de Mouchy, mort ! Charles
Swann, mort ! Adalbert de Montmorency, mort ! Baron de Talleyrand,
mort ! Sosthène de Doudeauville, mort ! » Et chaque fois, ce mot
« mort » semblait tomber sur ces défunts comme une pelletée de terre
plus lourde, lancée par un fossoyeur qui tenait à les river plus profondément à
la tombe.
– Marcel Proust, Le temps retrouvé
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Aujourd’hui,
dernier jour des funérailles bouddhistes de Jean Marcel. Je n’ai pu retrouver
la pièce chorale de Francis Poulenc que j’avais pensé vous proposer. Mais dans
mes recherches je suis tombé sur une autre œuvre chorale de Poulenc dont les premiers mots s’accordent
avec la photo de Jean Marcel en train de biner dans la vigne d’Árpád Vigh en Hongrie : vinea mea electa,
ego te plantavi,... et lapides elegi ex te, ma vigne choisie, c’est moi qui t’ai plantée... et j'ai ôté les pierres qui te pouvaient nuire (leçons de
ténèbres du Vendredi saint).
Interprète: l'ensemble Versus de Brno, République tchèque
La
crémation a eu lieu aujourd’hui à 15 heures, heure de Bangkok.
Il faudrait former un groupe d'amis de Jean Marcel. J'ai lu quelques romans et Le Joual... que je relis à l'occasion. Une amie, Françoise Deslauriers, bibliothécaire à la Délégation du Québec à Paris appréciait beaucoup l'homme et ses écrits.
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