Dans
un billet récent (cliquer ici), je me suis élevé contre ceux qui imputent aux
classes populaires l’anglicisation du Québec. J’ai rappelé qu’historiquement le
peuple francisait (ou québécisait) les mots anglais. Je viens d’en trouver un
nouvel exemple dans le livre Les gens de ma paroisse —
Saint-Jean-Port-Joly (Septentrion, 2024) de l’historien Gaston
Deschênes. Il s’agit du mot charcotte (short cut) pour désigner
un raccourci. Il existe à Québec, dans l’arrondissement de Sillery, une charcotte :
« le sentier avait été tracé originellement entre le bas et le haut de
Sillery, il y a plus de 150 ans, à force de bras et de pieds par ces
travailleurs des anciens chantiers de bois qu’on retrouvait[1]
le long du fleuve » (Le Soleil, 12 mars 2021). Elle est maintenant
intégrée au sentier des Grands-Domaines. La Charcotte est aussi le nom
de la revue de la Société d’histoire de Sillery.
La
toponymie de Québec nous offre au moins deux autres exemples de cette sorte de
québécisation.
Dans
le Vieux-Québec, il y avait une rue Collin (prononcé à la française). À la
suite d’une conflagration en 1982, on a redécouvert que le nom d’origine était
Collins : « la rue Collins réunissait la rue Charlevoix à la rue
Saint-Jean. John Collins, arpenteur-général du Canada de 1776 à 1780, fit
lui-même l'ouverture de la rue qui portait son nom. En 1996, elle a été
renommée Rue de l'Hôtel-Dieu » (site de la Commission de toponymie).
Pendant un bref moment après l’incendie elle avait retrouvé son nom anglais.
Le
second exemple est la prononciation du nom de l’avenue Maguire à Sillery. Ce nom
de famille irlandais est prononcé [magwɑᴚ] ou, populairement, [magwεᴚ], la dernière voyelle plus ou moins
diphtonguée.
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