jeudi 26 septembre 2024

La québécisation des anglicismes

 

Dans un billet récent (cliquer ici), je me suis élevé contre ceux qui imputent aux classes populaires l’anglicisation du Québec. J’ai rappelé qu’historiquement le peuple francisait (ou québécisait) les mots anglais. Je viens d’en trouver un nouvel exemple dans le livre Les gens de ma paroisse — Saint-Jean-Port-Joly (Septentrion, 2024)  de l’historien Gaston Deschênes. Il s’agit du mot charcotte (short cut) pour désigner un raccourci. Il existe à Québec, dans l’arrondissement de Sillery, une charcotte : « le sentier avait été tracé originellement entre le bas et le haut de Sillery, il y a plus de 150 ans, à force de bras et de pieds par ces travailleurs des anciens chantiers de bois qu’on retrouvait[1] le long du fleuve » (Le Soleil, 12 mars 2021). Elle est maintenant intégrée au sentier des Grands-Domaines. La Charcotte est aussi le nom de la revue de la Société d’histoire de Sillery.

La toponymie de Québec nous offre au moins deux autres exemples de cette sorte de québécisation.

Dans le Vieux-Québec, il y avait une rue Collin (prononcé à la française). À la suite d’une conflagration en 1982, on a redécouvert que le nom d’origine était Collins : « la rue Collins réunissait la rue Charlevoix à la rue Saint-Jean. John Collins, arpenteur-général du Canada de 1776 à 1780, fit lui-même l'ouverture de la rue qui portait son nom. En 1996, elle a été renommée Rue de l'Hôtel-Dieu » (site de la Commission de toponymie). Pendant un bref moment après l’incendie elle avait retrouvé son nom anglais.

Le second exemple est la prononciation du nom de l’avenue Maguire à Sillery. Ce nom de famille irlandais est prononcé [magwɑᴚ] ou, populairement, [magwε], la dernière voyelle plus ou moins diphtonguée.



[1] Qu’on retrouvait : les avait-on perdus ?

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