mardi 10 septembre 2024

Dico resté en rade

Je suis en train de lire le dernier opus de l’historien Gaston Deschênes :

 


Je lis à la page 100 : « devenue veuve, sa mère […] va rester à Québec ». Au sens de « demeurer » le verbe rester est un québécisme ou un provincialisme. Il fait partie du français le plus courant au Québec et pour la majorité, comme l’historien cité, il n’aucune connotation particulière. Pour le Québécois moyen, c’est tout simplement du français ordinaire. Mais pas pour le dictionnaire en ligne Usito :

V. tr. indir.   Q/C fam. (avec l’auxil. avoir) rester à, dans, en, etc. ou rester (+ adv. de lieu). Habiter, demeurer (quelque part).

D’où peut bien venir la marque « familier » dont Usito affuble le verbe ? La réponse est simple quand on sait à quel point Usito dépend du Trésor de la langue française de Nancy (voir les analyses de Claude Poirier et Lionel Meney dont on trouvera les titres en cliquant ici).

Dans le Trésor de la langue française informatisé (TLFi), on lit : « Fam. Habiter, demeurer ». Comme pour bien d’autres mots, Usito a copié le TLFi sans adaptation au contexte québécois. Comme l’a déclaré à La Croix une des responsables d’Usito, « Dans les dictionnaires provenant de France, la mise en contexte est européenne. […] C'est acculturant » (5 juillet 2008).

Usito est acculturant. CQFD.

 

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