Je republie aujourd’hui une partie de la
conclusion de mon étude des courriels publiés sur le site Internet de l’émission
animée par Daniel Pinard.
Plusieurs auteurs de courriels font montre d’une virtuosité impressionnante, comme on aura pu le constater à la lecture des exemples qui illustrent le billet précédent. Je ne peux résister au plaisir de citer les trouvailles stylistiques suivantes :
Toutefois étant une maman, je regarde
quelquefois sur le pouce....il serait donc souhaitable de pouvoir retrouver
ces charmantes recettes sur le site internet. (1-438)
Je me fout pas mal de votre sortie
du garde-manger (vous avez tout à fait raison, ça ne nous regarde pas),
toutefois, je voudrais vous remercier d'avoir fait la démonstration que
l'intelligence savait gardé sa dignité devant la stupidité. (60-178)
Le verbe de Monsieur Pinard titille autant
mes oreilles que ses préparations, mes papilles. (1-441)
Comme nous tous, pour avoir droit à l'assiette au
beurre, il vous faut baratter un peu. (62-159)
D’autres correspondants font
montre d’un humour subtil :
Voyez‑vous je ne suis pas le seul a être
sourd mon épouse aussi mais elle ne le sait pas encore. (12-31)
je ne suis pas etonne une miette(restons un
peu ds la bouffe)que vous, M.Pinard, vous vous soyez lever... (61-49)
Mon épouse et moi sommes à planifier la
rénovation de notre cuisine. Nous voulons l'agrandir et la rendre plus
fonctionnelle. Mon épouse y passe beaucoup de temps, non par obligation mais
par passion. (Mon tour de taille pourrait en témoigner.) (57-23)
Évidemment, le
désir de faire montre de virtuosité peut donner à l’occasion des résultats
discutables, au goût pour le moins douteux :
[…] mais, puisque vous nous demandez des
commentaires... la miss couscous gesticulante fardée au curcuma dont nous avons
rapidement oublié le nom... le moins souvent possible por flavor... (1-138)
Non pas que je suis un amateur de ce (faux)
"PArmesan" sentant a l'exces la botte de "jobber"
surchaufee […] (54-138)
Plusieurs
textes sont émaillés de références littéraires, telle cette allusion au Petit Prince : «... et l'essentiel n'était plus
invisible à nos yeux!» (6-41). Certains citent le philosophe Thomas de
Koninck, le romancier J. Gaarder, La Bruyère, le Talmud et même les frères
Goncourt:
"Ce qui entend le plus de bêtises dans
le monde, est peut-être un tableau de musée." Les frères Goncourt n'ont
pas tort mais avouons que la palme peut être aussi attribuée à un
télespectateur devant son écran où Bratwaite et compagnie sont capables du
pire. (62-33)
Un autre correspondant émet un jugement qui n’est pas sans faire penser au
style de Saint-Simon – fait de raccourcis fulgurants et de sévérité
implacable, recourant parfois même au «terme bas» (et dont l’orthographe et la
syntaxe n’étaient pas non plus toujours impeccables) :
Il y a longtemps que le vomi de Mr.
Brathwaite m'excède (l'example de la plongeuse Mlle Pelletier me vient à
l'esprit). Dès ces débuts, je l'ai toujours trouvé ordinaire, en ce sens que
bien qu'il fut "pas mal" dans bien des domaines artistiques
(animation, jeu, etc.) il n'excellait dans rien. (60-179)
Comme le lecteur peut déjà le supposer, l’analyse de ce volumineux corpus
de courriels n’a pas été qu’un travail fastidieux, cela a souvent été un
plaisir.
* * *
J’ai publié il y a quelques
années deux autres billets basés sur mon étude des courriels envoyés à Daniel
Pinard :
· Un billet méthodologique sur l’utilisation des pronoms pour déterminer l’âge
des auteurs de ces courriels : cliquer ici.
· Un billet polémique en réponse à deux hurluberlus qui, après la
présentation de ma recherche lors d’un colloque, avaient fait valoir que les
fautes de français n’existaient pas : cliquer ici.
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