J’ai reçu un commentaire intéressant concernant mon texte sur la burqa. Comme ce commentaire a été mis en ligne trois jours après la publication
de mon billet et qu’il risque de passer inaperçu, je me permets de le
reproduire ici.
Intéressant la translittération, mais les objectifs de la
recherche terminologique ne sont pas les mêmes.
La translittération a pour but de permettre la « lecture » (le
décodage) des mots étrangers en leur donnant une forme écrite approximative
dans la langue d’arrivée. Elle est parfois arbitraire (la lettre v = f en
russe; le v = u en latin ; etc.). La graphie rendue ne peut
qu’accidentellement donner une équivalence lexicale correspondant à
l’orthographe et à la morphologie de la langue réceptrice. Ex : burqa =
translittération.
Ayant pour but l’enrichissement lexical, la recherche
terminologique (la raison d’être du GDT) relève d’une méthode linguistique
établie qui, appliquée, va plus loin que la simple translittération en
cherchant à fournir un équivalent au terme étranger qui soit le plus
parfaitement intégré au nouveau système linguistique (la langue réceptrice). À
partir d’une recherche sur la forme et le sens, la terminologie permet d’en
arriver à la proposition d’un terme équivalent au mot étranger, soit à partir
d’un terme déjà existant, soit par l’adaptation de la forme étrangère ou par la
création d’un nouveau terme. Ex. : bourqua ou burqua = intégration et
adaptation.
Le plus désolant dans cette histoire, c’est qu’une personne ou
une autorité a modifié une fiche diffusée dans le GDT depuis deux ans (+ ou -) et dont les graphies privilégiées étaient les formes les plus
adaptées au système du français (burqua ou bourqua, selon la prononciation)
pour privilégier une graphie faiblement adaptée (burka*1) et surtout pour
diffuser une graphie qui n'est pas conforme à l'orthographe française
(burqa*2). Cette modification est contraire au principe d’orientation de
l’usage de l’OQLF et se trouve en contradiction nette avec la Politique de l'emprunt linguistique de
l'Office dont un des grands principes directeurs est l'adaptation des emprunts
au système du français, notamment à l'orthographe (http://www.granddictionnaire.com/Politiques_guides.aspx).
Ce qui étonne également, c’est la note de la nouvelle fiche : « Ces deux graphies (burka et burqa) sont bien implantées dans
l'usage standard».
Or, toute personne qui a un minimum de connaissances en
linguistique sait qu’il n’existe pas encore de norme d’usage pour les nouvelles
graphies qui correspondent à un terme étranger récemment attesté dans une
langue. La prolifération des formes en témoigne, comme dans le cas de burqua.
On trouve: burqua, bourqua, burqa, bourqa, burka, bourka. Cette trop
grande prolifération crée une confusion et rend difficile l’enseignement,
l’apprentissage et la maîtrise du français, d’où l’obligation d’orienter
l’usage en privilégiant des formes qui peuvent s’intégrer à la langue française, une nécessité absolue dans un contexte de francisation et d’aménagement
linguistique. En diffusant dans le GDT une fiche qui invalide les résultats
d’une recherche soumise à cet impératif, l’OQLF n’a assurément pas compris
toute l’importance de son rôle d’orientation de l’usage.
La translittération a pour but de permettre la « lecture » (le décodage) des mots étrangers en leur donnant une forme écrite approximative dans la langue d’arrivée. Elle est parfois arbitraire (la lettre v = f en russe; le v = u en latin ; etc.). La graphie rendue ne peut qu’accidentellement donner une équivalence lexicale correspondant à l’orthographe et à la morphologie de la langue réceptrice. Ex : burqa = translittération.